183 mètres de long, résistant aux icebergs, à la fois écologique et luxueux, le nouveau bateau d’exploration et de recherche océanique REV devrait prendre la mer en 2021. Il offrira des possibilités uniques aux scientifiques pour étudier l’écosystème marin.


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    Vous n'avez probablement jamais entendu parler de Kjell Inge Røkke. Ce milliardaire norvégien de 60 ans a fait fortune dans la pêche, le pétrolepétrole offshore et l'industrie marine. Une fortune dont il a décidé de faire profiter la recherche scientifique, en finançant le plus grand et le plus luxueux navire de recherche scientifique jamais construit. Présenté le 12 novembre lors d'une réunion de la Royal Society sur l'exploration en haute mer, le Research Expedition Vessel (REV) devrait mesurer 182,9 mètres de long, plus du double de ses rivaux, et être lancé début 2021. De quoi donner un coup de jeune à la recherche océanique, dont la flotte vieillissante peine à se renouveler. Le Nautilus, un bateau de 64 mètres appartenant au célèbre explorateur Robert Ballard, date ainsi de 1967.

    Le <em>Research Expedition Vessel</em> (REV) mesurera 183 mètres de long, deux fois plus que les bateaux scientifiques actuels. © REV Ocean
    Le Research Expedition Vessel (REV) mesurera 183 mètres de long, deux fois plus que les bateaux scientifiques actuels. © REV Ocean

    Des équipements scientifiques dernier cri

    « Le REV sera un think tank flottant », décrit Nina Jensen, la directrice du projet REV, qui englobe aussi un hubhub de recherche environnementale, le World Ocean Headquarters, ainsi qu'une plateforme open dataopen data sur les océans et ses ressources. D'un coût total de 307 millions d'euros, il pourra embarquer plus de 60 scientifiques et 30 membres d'équipage. Conçu pour naviguer dans les eaux polaires truffées d'icebergs et d'une autonomieautonomie de 114 jours, le navire disposera de tout l'équipement d'exploration dernier cri : sonarssonars haute précision pour localiser et écouter les mammifères marins, un étonnant « aspirateuraspirateur géant » pour capturer les poissons sans les blesser et un laboratoire intégré. Les chercheurs auront en outre la possibilité d'embarquer leur propre matériel, grâce à une grue supportant jusqu'à 15 tonnes. Mais son véritable bijou, c'est le petit sous-marin télécommandé (ROV) se nichant dans un hangar latéral de 24 mètres, capable de descendre à 6.000 mètres de profondeur. Il sera épaulé d'autres robots sous-marins autonomes non rattachés au bateau et déployés par hélicoptèrehélicoptère.

    Un yacht de luxe pour accueillir des VIP

    Au-delà de son équipement scientifique, le REV sera aussi un véritable yacht de luxe, avec des suites design en stylestyle « épuré et contemporain à la scandinave » et un spectaculaire atrium ouvrant sur les sept ponts du navire. De quoi se transformer à l'occasion en navire de croisière ou accueillir des invités de marque.

    Les chercheurs auront la possibilité d'embarquer leur propre matériel pour leurs expériences. © REV Ocean
    Les chercheurs auront la possibilité d'embarquer leur propre matériel pour leurs expériences. © REV Ocean

    L’écologie au cœur de la conception

    Seul point noir : le navire fonctionnera au diesel hybride. « Nous avons cherché des alternatives », assure Nina Jensen, « mais ni l'hydrogène ni le GNLGNL n'offraient la même autonomie » (39.000 km). Pour limiter son empreinte carbonecarbone, le REV naviguera à une vitessevitesse maximale de 17 nœudsnœuds. Ses trois batteries au lithiumlithium permettront en outre d'économiser 20 % à 30 % de carburant. Une de ses premières missions sera d'ailleurs de s'attaquer au plastique polluant les océans, explique Nina Jensen. Le bateau collectera ainsi les déchetsdéchets à la surface, qui seront incinérés à très haute température pour produire de l'énergieénergie utilisable à bord par les scientifiques et l'équipage.

    L'open data des océans

    Kjell Inge Røkke a lancé sa Fondation l'an dernier pour lutter contre le changement climatiquechangement climatique, la surpêchesurpêche et la pollution marine. Il est aussi signataire de Giving PledgeGiving Pledge, l'initiative de Bill et Melinda Gates invitant les milliardaires à léguer une partie de leur fortune à des œuvres philanthropiques. Outre les 307 millions de la constructionconstruction du REV, le milliardaire a dégagé 132 millions supplémentaires pour le faire fonctionner durant trois ans. À long terme, le navire sera réservé quatre mois de l'année comme yacht de luxe et quatre mois comme navire de croisière pour éco-touristes. Un nouveau modèle de financement qui pourrait donner des idées à d'autres pour élargir les ressources disponibles en matièrematière de recherche scientifique.