Depuis quelques années, les rivières atmosphériques font régulièrement l’actualité : ces couloirs nuageux remplis de pluie qui circulent dans l’atmosphère sont capables de provoquer de violentes intempéries et, bien souvent, des inondations. Ce n'est pas qu'une impression, les rivières atmosphériques ont de plus en plus tendance à remonter vers le nord.
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La France a plusieurs fois été concernée ces derniers mois, avec une rivière atmosphérique en provenance des Antilles surnommée le « Rhum Express ». Le continent américain aussi, avec des bandeaux pluvieux très courants le long de la côte ouest, entre la Californie et l'Alaska. Les conséquences sont toujours les mêmes : des précipitations intenses et durables, avec des villes qui se retrouvent submergées par les eaux. Les rivières atmosphériques sont-elles réellement plus nombreuses ou en parle-t-on simplement plus ?
Un décalage constaté depuis 40 ans
Ce phénomène est naturel et même indispensable pour le bon équilibre de la Planète : les rivières atmosphériques sont responsables de la moitié de la pluie qui tombe sur les terres. Sans elles, nous aurions beaucoup moins d'eau et les sols seraient moins fertiles. En 2023, ce sont d'ailleurs les rivières atmosphériques qui ont permis à la Californie de sortir d'une méga sécheresse qui durait depuis plus de 20 ans.
Mais la quantité de rivières atmosphériques qui touche l'Europe et l'Amérique du Nord semble augmenter. Une nouvelle étude publiée dans Science Advances confirme le fait que les rivières atmosphériques se décalent de plus en plus vers le nord, à des latitudes plus hautes qu'auparavant. Au cours des 40 dernières années, elles se sont décalées de 6 à 10° vers les deux pôles. Et à chaque fois que ces couloirs nuageux chargés de pluie atteignent l'ArctiqueArctique, cela accélère la fontefonte des glaces.
La chaleur des eaux influence la trajectoire des rivières, en plus de leur intensité
Les scientifiques ont spécifiquement étudié les rivières atmosphériques qui se déplacent au-dessus de l'océan Pacifique et qui touchent ensuite l'ouest des États-Unis et du Canada. La première raison qui pousse le phénomène à se décaler de plus en plus est la température de l'eau, bien trop élevée. Les rivières atmosphériques peuvent désormais se former plus au nord des tropiquestropiques et donc s'étendre également davantage vers le nord, jusqu'en Colombie-Britannique et en Alaska. La phase en cours du cycle Enso a aussi un effet : El NiñoEl Niño et La NiñaLa Niña ont des conséquences différentes sur la trajectoire des rivières atmosphériques. La Niña a été majoritaire depuis 40 ans et ce refroidissement d'une petite partie du Pacifique a aussi tendance à pousser les rivières atmosphériques vers les pôles. Une fois arrivées vers le nord, l'eau est bien plus chaude qu'avant : elle s'évapore davantage et la quantité de pluie dans les rivières atmosphériques est donc plus grande.
Même si les chercheurs n'ont pas étudié le cas de l'Atlantique nord, il est probable que le très fort réchauffement de cet océan ait pu jouer le même rôle en ce qui concerne le nombre de rivières atmosphériques que nous avons connu ces dernières années en France et en Europe.