Par Christophe Olry, Futura
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Alors que la saison des ouragans doit s'achever fin novembre, l'ouragan Beta a touché hier la côte est du Nicaragua et a rétrogradé en catégorie 2 au contact des terres. Si, à la vue des clichés satellitaires et des mesures météorologiques fournies par les chasseurs de cyclones, son pouvoir dévastateur est sans comparaison avec celui des ouragans Wilma et Rita, l'annonce de son arrivée en Honduras a fait planer sur l'Amérique centrale le spectre de l'ouragan Mitch.
Ce matin, le dernier rapport du Centre national des ouragans (NHC) de Miami se voulait rassurant : il ne classait le cyclone Beta que parmi les tempêtes tropicales, et prévoyait qu'il perdre encore de l'intensité et se transforme en « dépression tropicale ». Néanmoins, parmi la population du Nicaragua et de l'Honduras, beaucoup avaient encore à l'esprit les 10 000 victimes de l'ouragan Mitch, ainsi que la vague d'ouragans qui a déferlé de l'océan Atlantique cette année. En effet, s'il n'est pas le plus puissant de cette saison, l'ouragan Beta établit à 13 le record d'ouragans en une saison.
L'importance de la contribution des chasseurs de cyclones à l'étude et au suivi des ouragans n'est plus à prouver. Mais il en est de même de l'imagerie satellitaire, qui s'est rapidement développée ces dernières années, avec la multiplication des satellites météorologiques mis en orbite et l'audacieux projet franco-américain A-Train.
Alors qu'il y a un demi-siècle on ne pouvait utiliser que des données radar pour suivre l'évolution d'un phénomène météorologique tel que le cyclone Beta, aujourd'hui les satellites d'observation délivrent leurs informations sous plusieurs formes. Les trois principaux types de clichés qu'ils fournissent sont les images visibles, les images vapeur d'eau et les images infrarouges.
Tandis que les images infrarouges et visibles sont masquées par les plus hautes masses nuageuses, le grand avantage des images micro-ondes fournies par les satellites en orbites polaires géostationnaires est qu'elles offrent la possibilité de voir à travers les nuages. Selon la technique utilisée, les images micro-ondes sont deux types :
Néanmoins, les satellites utilisés pour l'imagerie micro-ondes cumulent souvent les deux techniques. Ainsi, le Tropical Rainfall Mesuring Mission Satellite, fruit d'une collaboration entre la NASA et la Japan Aerospace Exploration Agency, comporte à la fois un récepteur passif, le TMI, et un capteur actif PR.
Les dernières décennies ont vu le déploiement de nombreux satellites à imagerie infrarouge, visible, vapeur d'eau et micro-onde. Cependant, l'initiative la plus audacieuse reste le A-Train.
Le A-Train a pour objectif de mettre une constellation de six satellites en formation à quelques minutes d'intervalle sur une orbite héliosynchrone.
Si le lancement des deux minis satellites d'observation Calipso (NASA/Cnes) et Cloudsat (NASA/ASC), initialement prévu mercredi 26 octobre, a été repoussé par la NASA au plus tôt au 7 novembre, les satellites Parasol (Cnes), Aqua et Aura (Nasa) sont déjà en orbite.
Ces satellites autonomes mais complémentaires (chacun à sa spécificité, comme le satellite Aqua, dédié à l'étude du cycle de l'eau) permettront d'observer un point du globe avec une acuité encore inégalée et de concentrer un nombre de données sans précédent.
A terme, l'objectif de l'A-Train est d'améliorer les modèles de prévision numérique du temps, de la pollution et du climat.