Alors que tous les organismes météo prévoyaient une saison des ouragans soit « normale », soit « sous les moyennes » cette année dans l'Atlantique nord, à cause de l'effet d'El Niño, l'évolution actuelle oblige les spécialistes à revoir leurs copies. La saison s'annonce désormais beaucoup plus intense que prévu.


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    Le grand nombre de phénomènes cycloniques déjà formés depuis juin rend cette saison, non pas plus active que la normale, mais carrément « hyperactive » selon les météorologues américains ! En termes de duréedurée, nous sommes actuellement à un tiers de la saison cyclonique dans l'Atlantique nord, les mois généralement les plus actifs sont encore devant nous : août, septembre et octobre.

    Les météorologues revoient complètement leurs prévisions à cause de la chaleur de l'eau   

    En général, le phénomène climatique El Niño annihile le développement de nombreux cyclones, mais cette année, la chaleur record de l'océan atlantique a changé la donne en donnant le carburant nécessaire à trois tempêtes tropicales (Arlene, Bret et Cindy) et un ouragan (Don) pour se former entre juin et fin juillet.

    El NiñoEl Niño se renforce graduellement et il est encore trop faible pour avoir un réel impact sur la formation des cyclones. Et compte-tenu de la chaleurchaleur incroyable de l'Atlantique nord (25 °C de température moyenne en surface ces derniers jours), il est possible que l'effet atténuant d'El Niño ne puisse pas lutter contre l'énergieénergie disponible dans les océans. Accuweather (États-Unis) a donc reclasser cette saison comme « possiblement très active », avec une grosse inquiétude pour la période de fin août-début septembre : 13 à 17 phénomènes sont désormais prévus sur l'ensemble de la saison, dont quatre à huit ouragans, parmi lesquels un à trois majeurs. Met Office prévoit désormais environ 19 phénomènes, dont neuf ouragans, parmi lesquels six ouragans majeurs. Le renforcement d'El Niño entre fin octobre et novembre pourrait ensuite donner lieu à une fin de saison plus calme.   

    Des typhons aux précipitations extrêmes dans le Pacifique nord-ouest

    Si dans le bassin atlantique nord, aucun phénomène n'a encore donné lieu à une catastrophe, ce n'est pas le cas dans l'océan pacifique nord-ouest : la saison 2023 a déjà engendré six phénomènes, dont le cyclone Doksuri qui a eu un impact majeur sur les côtes chinoises, Taïwan et les Philippines. Les vents ont atteint 240 km/h, mais ce sont les précipitationsprécipitations qui ont causé le plus de dégâts (276 mm sur Pékin, et localement plus de 400 mm). Pékin a connu ses pires inondationsinondations depuis au moins 140 ans, et environ 70 personnes sont décédées dans le pays. Les années marquées par le phénomène El Niño produisent en général des typhons plus pluvieux dans cette partie du Pacifique. 

    Le typhon le plus puissant reste pour l'instant Mawar, le premier typhon classé « extrême » de l'année, avec des vents à 295 km/h fin mai dernier. L'organisme Tropical Storm Risk prévoit une saison 30 % plus active que la normale dans cette région : environ 29 phénomènes en tout, dont 19 typhons, parmi lesquels 12 extrêmes.  


    Faut-il craindre une saison des ouragans encore anormalement intense cette année ?

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 31 mai 2023

    La saison des ouragans débute officiellement ce jeudi 1er juin dans l'Atlantique Nord. Contre toute attente, les grands organismes météométéo s'accordent tous sur une saison cyclonique à priori moins intense que les précédentes.

    Chaque année, à l'approche de la saison des ouragans, c'est le même discours : les bulletins de prévisions cycloniques annoncent à chaque fois une saison plus active que la normale. Sauf, cette année. La NOAA et les différentes universités américaines, qui publient des bulletins concernant la saison cyclonique dans l'Atlantique Nord, annoncent toutes une saison "proche des normales", voire même "sous la normale" ! Dans le contexte actuel du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, ces déclarations peuvent surprendre : la hausse des températures des océans est le carburant principal des ouragans. Lorsque les eaux sont anormalement chaudes, les phénomènes cycloniques se forment plus facilement, et surtout, s'intensifient plus rapidement

    Un retour à la normale prévu en 2023

    La NOAANOAA, organisme américain de référence pour l'étude des océans et de l'atmosphèreatmosphère, estime qu'il est probable à 40 % que la saison cyclonique de l'Atlantique Nord soit normale, à 30 % qu'elle soit plus faible que la normale, et à 30 % au-dessus de la normale. Entre le 1er juin et le 30 novembre, la NOAA prévoit 12 à 17 phénomènes, dont 5 à 9 ouragans, parmi lesquels 1 à 4 ouragans majeurs. Cela ne veut bien-sûr pas forcément dire qu'ils toucheront les terresterres et feront des dégâts. L'indice de confiance pour toutes ces prévisions est de 70 %. 16 phénomènes cycloniques se sont formés dans l'Atlantique Nord en 2022, 21 en 2021 et 31 en 2020, un record. Quoi qu'il en soit, la saison des ouragans 2023 est prévue comme "moins active que celles des années précédentes" : il s'agira donc probablement d'un retour à la normale après une succession de saisons anormalement intenses. 

    Le retour d'El Niño va perturber la formation des ouragans

    Alors que se passe-t-il cette année ? Principal facteur qui influencera la saison 2023, le retour d'El Niño, un réchauffement d'une partie des eaux du Pacifique qui a une influence sur le climatclimat mondial (après 3 années de La NiñaLa Niña, son homologue froid). El Niño est bien connu pour diminuer l'activité cyclonique de l'Atlantique nord, tandis que La Niña a souvent pour conséquence de la rendre plus intense. El Niño impacte la météo du monde de différentes manières selon les régions : dans l'océan atlantique, il provoque une zone de hautes pressionspressions dans l'atmosphère, avec des vents forts à haute altitude. Ce fort cisaillement de vent empêche les ouragans de s'élever en altitude, et donc de devenir plus puissants : dans ces conditions, les ouragans ont donc plus de mal à se former, et sont donc moins intenses.

    L'ouragan Ian, en catégorie 4/5, à proximité de la Floride en septembre 2022 : il s'agit du phénomène cyclonique le plus dévastateur survenu dans l'Atlantique Nord l'année dernière. © Nasa
    L'ouragan Ian, en catégorie 4/5, à proximité de la Floride en septembre 2022 : il s'agit du phénomène cyclonique le plus dévastateur survenu dans l'Atlantique Nord l'année dernière. © Nasa

    Cependant, l'inquiétant réchauffement des eaux des océans pourrait changer la donne : le changement climatique complique la prévision cyclonique en perturbant les lois naturelles de l'atmosphère et des océans. La NOAA le rappelle, même si la saison cyclonique est réellement moins intense que les précédentes, il suffit d'un seul ouragan pour créer un désastre de grande ampleur. A l'instar de l'ouragan Ian, qui a marqué la saison cyclonique de 2022 : celui-ci avait dévasté la Floride en septembre, faisant au moins 161 morts et des dizaines de milliards de dollars de dégâts.