La Méditerranée est l’un des écosystèmes les plus riches de la planète, mais aussi l’un des plus menacés. Pour la protéger, la Communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) a lancé des actions exemplaires sur lesquelles Futura a voulu en apprendre plus. L’une de ces initiatives est l’évènement Planète Cavem, dédié cette année à la préservation de notre mer. Futura a suivi en direct sur Facebook la conférence de Jean-Michel Cousteau lors de la soirée de clôture.

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    Cet été, beaucoup d'entre nous ont pu profiter des plages de Méditerranée. Mais au-delà de son littoral avantageux, la Méditerranée abrite une richesse incroyable. Elle représente moins de 1 % de la surface des océans mais concentre 10 % de la biodiversité ! Cependant, derrière ce décor idyllique, la Méditerranée est menacée.

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    LIVE sur la mer Méditerranée avec Jean-Michel Cousteau

    Pour en savoir plus, Futura, qui a la chance de siéger à Saint-Raphaël non loin de la côte, s'est rendu dans les locaux de la Communauté d'agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem), auprès de ceux qui œuvrent pour la préservation de notre mer. La mer Méditerranée figure « parmi les plus polluées du monde », nous dit Frédéric Ferrero, directeur du Pôle environnement de la Cavem. « Toutes les problématiques des océans, on les retrouve en Méditerranée : l'acidification, les micro et macrodéchetsmacrodéchets... En matièrematière de microplastiques, la Méditerranée est quatre fois plus polluée que le 7e continent de plastiqueplastique dans le Pacifique nord ! »

    La Méditerranée est quatre fois plus polluée que le 7e continent de plastique.

    Ce constat alarmant, ainsi que les répercussions que cela peut avoir sur la population et le territoire, incite à agir. Ainsi, la communauté d'agglomération organise pour la troisième année consécutive l'évènement Planète Cavem, qui a eu lieu du 6 au 19 octobre 2018, avec pour thème « Notre mère... Méditerranée dans tous ses états ! ». « Cette année, nous nous sommes tournés vers la mer car nous avons 51 km de côtes », nous dit Frédéric Ferrero. « La vie, l'activité du territoire dépend de la mer. » L'évènement comprend deux grands axes : sensibiliser le public aux enjeux et aux menaces qui pèsent sur la Méditerranée ; et présenter les actions réalisées à l'échelle locale pour la protéger.

    Des actions concrètes par le biais des sites Natura 2000

    Que fait-on exactement pour protéger la Méditerranée ? La Cavem a déjà lancé plusieurs initiatives par le biais des sites Natura 2000, prévus pour protéger les habitats et les espèces phares de la biodiversité européenne. « Avec les sites Natura 2000, on peut faire appel à des fonds européens pour mettre en place ces initiatives », nous explique Fabien Rozec, responsable Cellule intercommunale de biodiversité. La Cavem en gère plusieurs, dont le site de l'Estérel qui comprend une partie terrestre et une partie marine, et qui protège notamment les deux plus importants écosystèmes de Méditerranée : l'herbier de posidonie et les récifs à coralligènes (algues calcairescalcaires, par analogieanalogie avec récifs coralliensrécifs coralliens).

    Le site Natura 2000 Estérel, géré par la Cavem, comprend une partie terrestre de 7.800 hectares et une partie marine de 7.200 hectares. © F. Rozec

    Le site Natura 2000 Estérel, géré par la Cavem, comprend une partie terrestre de 7.800 hectares et une partie marine de 7.200 hectares. © F. Rozec
    • Équiper les sites de plongée avec des ancrages écologiques

     La première mesure mise en place par la Cavem a été d'équiper les sites de plongée avec des ancrages écologiques. « L'activité de plongée sur le territoire est très importante : c'est 40 à 50.000 plongées par an sur le littoral du site Natura 2000 Estérel, pour 700.000 € de revenus », nous informe Fabien Rozec. « [Mais] à chaque plongée, c'est une ancre qui est jetée sur un habitat d'intérêt communautaire. Grâce aux ancrages écologiques, nous supprimons l'impact des ancres sans restreindre l'activité. » Il y en a aujourd'hui 13 répartis entre l'île d'Or et le Cap Roux.

    • La conversion du balisage des plages en balisage écologique

    Dans la même lignée, la Cavem est en train de faire remplacer le balisage des plages du site Natura 2000 par du balisage écologique. « Normalement, ce sont des blocs de bétonbéton immergés avec une chaîne et un flotteur, mais le problème c'est que la chaîne a un axe de rayonnement et avec le courant elle a tendance à détériorer tout le substratsubstrat autour », explique Fabien Rozec. Ce problème n'existe plus avec des ancrages écologiques. Cette refonte du balisage a commencé au niveau du récif-barrière à posidonie situé en baie d'Agay. Il en existe très peu en Méditerranée et c'est l'un des mieux conservés. « C'est un peu le bijou du site », précise Fabien Rozec. Cette initiative se poursuit actuellement et devrait être achevée en 2022.

    • Le cantonnement de pêchepêche du Cap Roux

    Enfin, une autre particularité du site Natura 2000 Estérel est le cantonnement de pêche du Cap Roux, une réserve marine couvrant 445 hectares où toute forme de pêche est interdite. Elle dispose d'ancrages écologiques pour la plongée, ainsi que de bouées de signalisation écologiques. Elle a été instaurée à l'initiative des pêcheurs de Saint-Raphaël afin d'entretenir une pêche durable en préservant les espèces halieutiques.

    « C'est une frayèrefrayère à chapons. On y trouve pas mal d'espèces emblématiques de Méditerranée », décrit Fabien Rozec. « On n'a plus de prélèvement, donc on a un rayonnement des espèces et les pêcheurs vont pouvoir pêcher tout autour. Le professeur Francour de l'université de Nice en assure le suivi scientifique » Suite à une demande de la prud'homie de pêche de Saint-Raphaël, le cantonnement a été reconduit par le ministère jusqu'en 2024.

    Un plongeur aperçoit un chapon dans la réserve du Cap Roux. © N. Barraque
     
    Un plongeur aperçoit un chapon dans la réserve du Cap Roux. © N. Barraque

    Aujourd'hui, la Cavem envisage la création d'un observatoire marin, dont le but sera de faciliter la coordination des initiatives de ce genre avec tous les acteurs concernés sur le territoire, mais aussi d'anticiper les problématiques futures. Les objectifs de l'observatoire seront de conjuguer la connaissance, la sensibilisation et la gestion des milieux marins.

    La pollution plastique en Méditerranée

    L'un des plus importants problèmes en Méditerranée reste la pollution plastique. « Notre objectif est de tarir la source des microplastiques jetés dans la Méditerranée. C'est d'essayer d'éviter qu'en 2050, il y ait plus de plastiques que de poissonspoissons dans la mer », déclare le directeur du pôle environnement de la Cavem Frédéric Ferrero. Pour cela, il préconise avec bon sens de bannir les plastiques jetables et d'arrêter suremballagesuremballage des produits. Mais que faire pour les déchetsdéchets plastiques qui sont déjà présents en Méditerranée ?

    Pour solutionner ce problème, les entreprises ont un rôle fondamental. Au niveau du territoire de la Cavem, nous explique Frédéric Ferrero, « on récupère les déchets plastiques et des sociétés viennent les prendre pour les transformer, en faire des fibres textiles. » À une échelle plus large, « il y a des entreprises, des start-upstart-up qui lancent des projets et programmes pour récupérer les plastiques, [...] les reconditionner et par exemple les transformer en carburant. »

    Les tortues marines sont le triste symbole de la pollution plastique des océans. Ici, une tortue caouanne, la plus commune des espèces en Méditerranée. Elle est considérée comme menacée. © N. Barraque

    Les tortues marines sont le triste symbole de la pollution plastique des océans. Ici, une tortue caouanne, la plus commune des espèces en Méditerranée. Elle est considérée comme menacée. © N. Barraque

    Sensibiliser le public à la préservation de la Méditerranée

    Certes, les actions de la Cavem présentées précédemment sont des initiatives locales, mais qui peuvent tout changer si elles sont mises en place sur toute la façade méditerranéenne. « On est trop petit pour être un leader, mais on peut être une étincelle qui va mettre le feufeu aux poudres », déclare Frédéric Ferrero, qui attend l'émergenceémergence d'un leader d'envergure régionale, voire internationale.

    Un seul mégot pollue jusqu’à 500 L d’eau.

    De même les petits gestes du grand public, à force de s'accumuler, ont toute leur importance. D'où la nécessité de sensibiliser. Par exemple, « le premier déchet récupéré dans les océans aujourd'hui, ce sont les mégots de cigarette », déplore Fabien Rozec. Or, un seul mégot peut polluer jusqu'à 500 L d'eau ! « Ce qu'on peut faire [à notre petite échelle], c'est y croire, surtout. Nos actions chez nous ont un impact sur la Méditerranée. »

    Le cantonnement de pêche du Cap Roux a été créé en 2003 à l'initiative des pêcheurs de Saint-Raphaël pour protéger les espèces halieutiques. © R. Palomba

    Le cantonnement de pêche du Cap Roux a été créé en 2003 à l'initiative des pêcheurs de Saint-Raphaël pour protéger les espèces halieutiques. © R. Palomba

    Cette sensibilisation du public par la Cavem prend de nombreuses formes : enseigner des écogestes aux plaisanciers pendant la période estivale, éduquer les générations futures à travers des actions pédagogiques et participatives, ou encore organiser des évènements comme Planète Cavem. Mais le public semble faire preuve d'engagement, ce qui est plutôt encourageant. C'est d'ailleurs pourquoi Planète Cavem, initialement prévu tous les trois ans, a été reconduit en 2017 et 2018. « On a eu une réelle demande après la première édition (2016) », déclare Frédéric Ferrero. « Les citoyens s'intéressent vraiment au devenir de leur territoire. »

    Cette année, l'évènement Planète Cavem s'est achevé le vendredi 19 octobre avec la projection en avant-première de Wonders of the sea (« Les merveilles de la mer »), un film de Jean-Michel CousteauJean-Michel Cousteau, qui invite les spectateurs à s'extasier devant la beauté de la biodiversité marine. « Quand on connaît ces merveilles, on a envie de les protéger », confie Frédéric Ferrero. Avant la projection, Futura a pris rendez-vous avec vous sur FacebookFacebook pour suivre le Live de la conférence « La préservation de la mer Méditerranée » en présence de Jean-Michel Cousteau.

    Les fonds sous-marins de la baie de Saint-Raphaël

    La posidonie, le jardin de la MéditerranéeLe mérou, tantôt mâle, tantôt femelleLe spirographe, un ver à panacheLe jardin du DramontDes gorgones rouges étincelantesLa langouste aux longues antennesLa girelle-paon multicoloreL’oursin, le hérisson des mersLa baudroie, spécialiste du camouflageLe poulpe joueurUn bouquet d’anémones jaunesLa grande rascasse rouge, un poisson nocturneLa murène, un serpent-poissonLes clochettes des clavelinesLe Lion de merLa mystérieuse île d’OrLe cantonnement de pêche du cap Roux
    La posidonie, le jardin de la Méditerranée

    La posidonie, ou Posidonia oceanica, tire son nom de Poséidon, dieu grec de la mer. Elle pousse sur les fonds entre la surface et 40 m de profondeur, et forme de vastes herbiers qui constituent l'écosystèmeécosystème majeur de la Méditerranée. Ces herbiers sont un lieu de frai et de « nurserie » pour de nombreuses espècesespèces animales, et représentent une source de nourriture pour d'autres. La posidonie permet aussi de fixer les fonds marins grâce à l'entrelacement de ses rhizomesrhizomes. Ceux-ci s'empilent d'une année sur l'autre, et contribuent à augmenter progressivement le niveau du fond (environ un mètre par siècle). Malheureusement, cette plante est aujourd'hui menacée par la pollution des rivages.

    © Nicolas Barraqué