En 2015, une bactérie habituellement sans danger a tué plus de la moitié de la population des saïgas, une espèce d’antilopes eurasienne menacée. Ce serait lié aux conditions climatiques du printemps 2015, avec des températures et une humidité particulièrement élevées.

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    Au printemps, les antilopes de l'espèce Saiga tataricaSaiga tatarica tatarica se regroupent dans le centre du Kazakhstan et donnent naissance aux petits. Mais, en 2015, en trois semaines, 60 % de la population mondiale de ces antilopes a disparu. Les adultes sont morts de diarrhéesdiarrhées et de problèmes respiratoires ; les petits ont attrapé la maladie par le lait de leur mère, comme le rapporte le Washington Post.

    Richard Kock, professeur au Royal Veterinary College de Londres étudie certains évènements de mortalité de massemasse depuis une trentaine d'années. D'après lui, ce qui est arrivé aux saïgas est sans précédent. Le microbemicrobe responsable de cette hécatombe, Pasteurella multocida, est une bactériebactérie des voies respiratoires des saïgas qui est normalement sans danger. Pourquoi le micro-organisme est-il soudain devenu mortel au point de décimer 200.000 animaux par septicémiesepticémie hémorragique ?

    Le saviez-vous ?

    Pasteurella multocida est l’agent du « choléra des poules » étudié par Louis Pasteur en 1881.

    Dans un article paru dans Science Advances, les chercheurs ont étudié les facteurs ayant pu rendre les antilopes vulnérables à cette bactérie. Ils ont recherché des variables qui avaient une relation avec l'hécatombe de 2015 et des évènements similaires datant de 1988 et 1981. Ces évènements de mortalité de masse coïncidaient avec des températures et une humidité inhabituellement élevées pendant le printemps. 

    L’antilope saïga est en danger d’extinction. © Victor Tyakht, Fotolia

    L’antilope saïga est en danger d’extinction. © Victor Tyakht, Fotolia

    Une bactérie devenue virulente lors du changement de climat

    D'après le chercheur, les bactéries auraient « été réveillées par ce facteur environnemental ». Au cours des quinze dernières années, les scientifiques ont enregistré une augmentation de 10 °C des températures médianes du mois de mai dans le centre du Kazakhstan ! Le chercheur craint donc que d'autres évènements de ce type ne se produisent à l'avenir.

    En effet, le changement climatiquechangement climatique pourrait continuer à modifier l'environnement des saïgas et les rendre plus vulnérables, comme cela a été le cas en 2015. « Les animaux et leurs microbiomesmicrobiomes ont évolué dans certaines limites pendant des millions d'années, et maintenant soudainement... nous changeons rapidement les conditions environnementales. » Les bactéries réagissent rapidement, mais les systèmes immunitairessystèmes immunitaires n'ont pas forcément le temps de s'adapter aussi vite.

    Ce qui est arrivé aux saïgas pourrait bien concerner d'autres espèces à l'avenir : « Si cela commence à se produire à plus grande échelle, c'est potentiellement catastrophique pour le bétail, pour la conservation, et finalement pour tous les mammifères ».