Les scientifiques ont compris depuis longtemps que les abeilles indiquent la direction et la distance de nourriture par de subtiles danses. Mais une étude a poussé l'exploration un peu plus loin et s'est s'aperçue que les abeilles, en faisant vibrer leur abdomen, savaient classer bien d'autres informations, une sorte de Guide Michelin des bonnes prairies et des meilleurs moments pour s'y rendre.


au sommaire


    Les scientifiques savent depuis longtemps que les abeilles secouent leur derrière pour communiquer avec leurs congénères sur les champs de fleurs, une danse étudiée de près par une équipe de biologistes américains qui vient de décoder plus de 1.500 de ces danses pour mieux comprendre leurs préférences alimentaires ; l'objectif étant d'aider à la protection des abeilles, dont les populations déclinent.

    Voir aussi

    Le déclin des pollinisateurs menace l’agriculture mondiale

    « Chez les abeilles, la chose la plus intéressante est leur mode de communication, dit à l'AFP Morgan Carr-Markell, doctorante à l'université du Minnesota et auteure principale de l'étude parue dans la revue scientifique PLOS One mercredi. Je voulais exploiter cela pour aider les gestionnaires de terres qui voudraient planter au profit des abeilles ».

    Les deux questions principales des chercheurs étaient : quels types de fleurs sont les plus prisées pour leur pollen et leur nectar, les deux sources principales de nourriture des abeilles ? Et quand partent-elles à la recherche de nourriture ?

    Pour indiquer aux autres abeilles la distance d'une source abondante de nourriture, une abeille fait varier le temps de vibration de son corps. © Frederic J. Brown, AFP
    Pour indiquer aux autres abeilles la distance d'une source abondante de nourriture, une abeille fait varier le temps de vibration de son corps. © Frederic J. Brown, AFP

    Le twerk des abeilles étudié sur un dancefloor

    Les biologistes ont mis des colonies d'abeilles dans des ruches d'observation vitrées sur deux sites dans le Minnesota. Avant la colonisation par les Européens, le Minnesota, dans la partie centrale du nord des États-Unis, était couvert de prairies, mais celles-ci n'occupent plus que 2 % de la superficie de l'État. C'est l'une des raisons du déclin des abeilles là-bas, un déclin dangereux pour tout l'écosystème puisque les insectes ont un rôle crucial de pollinisation. Pendant deux ans (2015-2017), l'équipe a enregistré les danses des abeilles femelles sur le « dance floor », une surface à l'entrée des ruches, les mâles n'ont qu'un rôle chez les abeilles : procréer.

    Les abeilles effectuent une danse dans laquelle elles font vibrer leur abdomenabdomen de façon à décrire l'angle, par rapport au SoleilSoleil, qui indique la direction de la nourriture, par exemple, 270° par rapport au Soleil (0° est la direction du Soleil, 180° est la direction opposée, 270° est à gauche). Pour la distance, l'abeille fait varier la duréedurée de la vibrationvibration de son corps : une seconde équivaut à environ 750 mètres. Enfin, plus la source de nourriture est abondante, plus l'abeille va répéter la danse, et effectuer des rotations rapides. 

    La danse est expliquée ici par une coauteure de l'étude. © Margaret Couvillon

    À la recherche du meilleur nectar

    Le résultat des observations de 1.528 danses : « Les abeilles communiquaient plus fréquemment avec leurs sœurs à propos de sources de nectar dans des prairies vers la fin de la saison de recherche de nourriture », dit Morgan Carr-Markell, c'est-à-dire en août et septembre. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les colonies se préparent à l'hiverhiver.

    Les chercheurs ont aussi découvert quels types de fleurs étaient considérés comme très intéressants par les abeilles. Ils ont isolé certaines abeilles (en les plaçant dans une cage glacée pour les assommer) et ont prélevé, analysé et séquencé le pollen chargé sous leurs pattes. « Nous pouvons dire avec certitude que les abeilles classaient sept types de prairies comme de très bonnes sources de pollen », dit Morgan Carr-Markell.

    Les abeilles sont utiles à la reproduction des trois quarts des plantes dans le monde, en transférant le pollen des fleurs mâles vers les femelles. Savoir quels sont leurs mets de choix peut bénéficier in fine à toutes ces plantes. « Si les colonies sont bien nourries, elles peuvent mieux résister aux pesticidespesticides et aux pathogènespathogènes, et à tout ce qui fait pressionpression sur elles », conclut la chercheuse.