Les habitants des zones fréquemment sujettes aux incendies sont davantage touchés par les cancers du poumon et les tumeurs au cerveau.

L'étude de l'Université McGill, publiée dans The Lancet Planetary Health, est la première à mettre en évidence le lien entre une exposition aux feux de forêt et le risque de cancer. Les chercheurs ont étudié 2 millions de Canadiens sur une période de 20 ans, avec un panel de personnes âgées entre 25 et 90 ans. Partant du constat que les feux de forêt se produisent dans les mêmes zones chaque année, les auteurs de l'étude ont décidé d'analyser les effets sur le long terme de ces incendies sur la santé humaine.

Plus de risques de cancer jusqu'à 50 km autour des incendies

Les résultats de l'étude ont montré que les personnes vivant dans un rayon de 50 kilomètres autour des incendies pendant une période de 10 ans ont 10 % plus de risques d'avoir une tumeur du cerveaucerveau et 4,9 % plus de risques d'avoir un cancer du poumon, comparé aux personnes plus éloignées des incendies. Le risque d'être atteint par d'autres types de cancer est également apparu dans les résultats : la leucémieleucémie, le lymphomelymphome non hodgkinien et le myélomemyélome multiple. La plupart des polluants émis par les feux de forêt sont des particules cancérigènes dont les effets néfastes sur la santé humaine sont connus : hydrocarbureshydrocarbures, benzènebenzène, métauxmétaux lourds, phénol, formaldéhydeformaldéhyde. Les habitants des zones fréquemment touchées par les feux de forêt sont donc exposés à une pollution cancérigène de manière régulière.

Une pollution piégée dans les logements pendant des années

En plus de la pollution de l'airair extérieur, les particules néfastes s'infiltrent également dans les intérieurs (habitations, voituresvoitures, commerces, entreprises...) et restent piégées dans ces milieux fermés. Il s'agit d'un phénomène trop souvent négligé par les personnes résidant à proximité des incendies. Les métaux lourds et les hydrocarbures, connus pour déclencher des troubles du système nerveux et du système digestif, s'infiltrent facilement dans les logements et peuvent y rester jusqu'à deux ans après l'incendie ! C'est ce que montrent des analyses effectuées après le gigantesque incendie survenu en 2016 à Fort McMurray au Canada.

Des traces de pollution, issues de l'incendie de Fort McMurray en 2016 au Canada, ont été retrouvées dans les logements à proximité deux ans après. © DarrenRD, Wikipedia
Des traces de pollution, issues de l'incendie de Fort McMurray en 2016 au Canada, ont été retrouvées dans les logements à proximité deux ans après. © DarrenRD, Wikipedia

Des observations à prendre en compte

Les incendies génèrent aussi d'autres types de pollution que celle de l'atmosphère : ils polluent également le milieu aquatique et le sol, avec des conséquences sur les produits alimentaires et l'eau potable. Des concentrations nocives de benzène et d'autres polluants, issus de la fontefonte de pompes à eaupompes à eau en plastiqueplastique, ont été retrouvées dans l'eau potable après les incendies en Californie ces dernières années.

Le changement climatiquechangement climatique démultiplie le risque d'incendies, et conduit à une saison des incendies plus précoce et plus étalée au cours de l'année. L'ONU prévoit d'ailleurs une augmentation mondiale des incendies extrêmes de 14 % à l'horizon de 2030, 30 % d'ici 2050 et 50 % d'ici la fin du siècle. Les résultats de l'étude de l'Université McGill montrent la nécessité d'informer la population vivant dans des zones fréquemment brûlées : la plupart des habitants des zones touchées par les incendies à chaque année n'ont pas conscience de la pollution qui les entoure, y compris dans leur logement, et du risque pour leur santé. Les incendies sont la deuxième plus importante source de pollution atmosphérique, après l'ozoneozone, dommageable pour la santé.