La présence et le fonctionnement du clitoris chez l'être humain ont longtemps été ignorés et les connaissances relatives à cet organe du plaisir demeurent parcellaires. Il est donc évident que rares sont les connaissances au sujet de l'anatomie du clitoris et de son rôle chez d'autres espèces animales, telles que les grands dauphins.


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    Chez certaines espèces telles que les humains et les bonobos, l'acte sexuel est connu pour être pratiqué non pas uniquement à des fins reproductives mais également afin de procurer du plaisir aux partenaires. Les dauphins pratiquent également des actes sexuels tout au long de l'année, par opposition à des espèces qui ne les pratiquent que pendant la saison de reproduction, et ce comportement a été interprété comme permettant de créer ainsi que de renforcer les liens sociaux. Or, l'établissement et le maintien de tels liens par le biais de l'acte sexuel nécessitent qu'il existe un organe du plaisir chez les dauphins.

    L'établissement et le maintien de tels liens par le biais de l'acte sexuel nécessitent qu'il existe un organe du plaisir chez les dauphins

    Chez les dauphins femelles, la présence d'un clitoris a déjà été mise en évidence à l'entrée du vaginvagin, une localisation où la stimulationstimulation par un pénispénis peut générer du plaisir. Chez le grand dauphin Tursiops truncatusTursiops truncatus, des observateurs ont également rapporté des comportements entre femelles susceptibles de procurer du plaisir à l'une d'elles et donc de renforcer les liens sociaux. Ces comportements impliquent par exemple la stimulation du clitoris d'un individu grâce au rostre ou à des nageoires. S'il est impossible de vérifier que la stimulation du clitorisclitoris procure du plaisir chez les dauphins femelles, l'anatomieanatomie de cet organe peut fournir des indices quant à sa fonction.

    Les stimulations sexuelles hétérosexuelles, homosexuelles ainsi que la masturbation permettent aux grands dauphins de créer et de renforcer les liens sociaux. © Dara Orbach
    Les stimulations sexuelles hétérosexuelles, homosexuelles ainsi que la masturbation permettent aux grands dauphins de créer et de renforcer les liens sociaux. © Dara Orbach

    Un organe du plaisir... chez plusieurs espèces

    Un article publié dans le journal Current Biology rapporte des résultats obtenus à la suite de l'analyse du clitoris de onze dauphins femelles, mortes de causes naturelles. Les organes ont été prélevés et examinés notamment grâce à de la microtomographie à rayons Xrayons X ainsi qu'à de l'histologiehistologie. Les images issues de la microtomographie à rayons X montrent la présence d'une large zone de tissu érectile dont la forme est semblable chez des individus jeunes et adultes. Une partie de la forme de ce tissu est similaire à celle observée chez l'être humain et sa courbure suggère qu'il peut être étiré.

    A) Visualisation externe du clitoris d'un grand dauphin (UC, urètre, CB et CH, clitoris); B) Reconstruction 3D des tissus érectiles du clitoris chez un grand dauphin sexuellement mature. Échelle : 1 cm. © Brennan et <em>al.</em>, 2010
    A) Visualisation externe du clitoris d'un grand dauphin (UC, urètre, CB et CH, clitoris); B) Reconstruction 3D des tissus érectiles du clitoris chez un grand dauphin sexuellement mature. Échelle : 1 cm. © Brennan et al., 2010

    Il existe par ailleurs plus d'espaces érectiles chez les individus sexuellement matures par rapport aux juvéniles, ce qui permet aux auteurs de supposer que le clitoris a bien un rôle chez les individus qui pratiquent un acte sexuel. Les coupes histologiques ont également mis en évidence la présence de nombreuses extrémités nerveuses et les auteurs pensent donc que la peau fine du clitoris est très sensible. Grâce à ces divers éléments d'analyse, les auteurs expliquent que cet organe est complexe et présente des similarités avec les clitoris d'autres espèces, y compris l'être humain et qu'il est probablement une source de plaisir lors d'accouplements entre mâles et femelles mais également lors de rapports homosexuels et de comportements masturbatoires. Grâce à l'étude d'organismes non-modèles, les chercheurs permettent de déterminer le fonctionnement du clitoris chez des groupes éloignés phylogénétiquement les uns des autres et de tenter de comprendre quel est le rôle de l'orgasme chez les femelles.