Identifier les anciens impacts météoritiques de petite taille est essentiel pour mieux estimer le risque auquel nous sommes soumis. Des scientifiques viennent de montrer que l’analyse du charbon dans les sédiments pourraient aider à remonter la piste de ces anciens impacts.


au sommaire


    Même s'ils sont rarement visibles, des milliers de petites météoritesmétéorites entrent dans l'atmosphère terrestre chaque jour. La grande majorité se consumera cependant avant d'atteindre le sol : ce sont les étoiles filantesétoiles filantes que nous observons la nuit. Seuls les corps de taille plus importantes ont la capacité d'impacter le sol, à l'image de la météorite de Chelyabinsk qui a traversé le ciel russe en 2013. D'une taille de 20 mètres de diamètre, elle s'est fragmentée en une puissante explosion au-dessus de la ville de Chelyabinsk, l'onde de choc causant au passage de nombreux dégâts. Les fragments ont cependant disparu sans trop laisser de trace. Ainsi, le dernier cratère formé à la suite d'un impact météoritique date de 2007, lorsqu'un astéroïdeastéroïde de grande taille est tombé sur un petit village du Pérou.

    Les étoiles filantes ne sont qu'une manifestation de l'importante quantité de petits corps qui traversent chaque jour notre atmosphère. © trahko, Adobe Stock
    Les étoiles filantes ne sont qu'une manifestation de l'importante quantité de petits corps qui traversent chaque jour notre atmosphère. © trahko, Adobe Stock

    Si ce type d'événements est relativement rare en comparaison des dizaines de tonnes de matériel extraterrestre qui traverse chaque jour l'atmosphère, il peut cependant s'avérer particulièrement dommageable pour les infrastructures et les populations. En 1908, une météorite de grande taille avait ainsi explosé dans le ciel sibérien, abattantabattant plus de 2.000 km2 de forêt. Que se serait-il passé si elle était tombée au-dessus d'une zone densément peuplée ?

    Une menace persistante difficile à évaluer

    Ce genre de catastrophe rappelle que la chute d'astéroïde fait partie des risques naturels qui planent continuellement sur nous, sans que nous ne puissions les prévenir. Il est cependant nécessaire d'être prêt à subir ce type de catastrophe. Or, une bonne estimation du risque passe par la connaissance détaillée du phénomène. Nous n'avons cependant aucune idée de la fréquence à laquelle les petits et moyens impacts se produisent. Car si les grands astéroïdes laissent une marque durable dans le paysage terrestre, retrouver les traces de chutes de plus petits corps s'avère bien plus compliqué.

    La végétation et l'érosion ont en effet vite fait d'effacer des cratères d'une centaine de mètres de diamètre, nous empêchant d'estimer le nombre d'impacts potentiellement dangereux sur une période de temps donnée. Les scientifiques estiment ainsi que sur la période Holocène (11.000 dernières années), seuls 30 % des « petits » cratères de moins de 200 mètres de diamètre ont été identifiés. Comment retrouver la trace des 70 % restants, surtout lorsque aucun fragment de météorite n'a été préservé ?

    Série de petits cratères (moins de 100 mètres de diamètre) identifiés en Estonie. © Argo Jõeleht, CC by-nc
    Série de petits cratères (moins de 100 mètres de diamètre) identifiés en Estonie. © Argo Jõeleht, CC by-nc

    Une équipe de scientifiques s'est donc penchée sur cette question et a mis au point une approche de terrain permettant de retrouver plus facilement la trace des anciens impacts météoritiques mais également d'estimer l'ampleur des dégâts sur l'environnement. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Geology.

    Du charbon différent de celui produit par les incendies de forêts « classiques »

    En étudiant les abords de plusieurs petits cratères connus, les chercheurs ont ainsi découvert que le matériel éjecté par l'impact était à chaque fois associé à du charbon. Ils se sont cependant vite rendu compte qu'il ne s'agissait pas de traces de feux de forêt ayant précédé l'impact. Ces traces de charbon auraient comme origine un embrasement de la végétation causé par l’impact lui-même. Car ce charbon montre certaines particularités. Il a été formé à des températures inférieures au charbon produit par les classiques feux de forêt et les dépôts apparaissent comme bien plus homogènes, ce qui n'est pas habituel dans le cas d'incendies où l'on retrouve des fragments totalement carbonisés mélangés à des restes de bois partiellement brûlés.

    Le choc lors des petits impacts météoritiques produit un embrasement de l'environnement situé à proximité du cratère, menant à la production de charbon dont les caractéristiques sont légèrement différentes de celles des feux de forêt. © Peter Parks, AFP, Archives
    Le choc lors des petits impacts météoritiques produit un embrasement de l'environnement situé à proximité du cratère, menant à la production de charbon dont les caractéristiques sont légèrement différentes de celles des feux de forêt. © Peter Parks, AFP, Archives

    Cette caractéristique du charbon associé aux « petits » impacts météoritiques pourrait permettre d'identifier plus facilement les anciens cratères et de les étudier. Cela permet également de mieux comprendre la nature et l'importance des dégâts en fonction de la taille de l'astéroïde. Des données essentielles si l'on veut mettre en place des mesures de préventionprévention.