L’axe de rotation de la Terre n’est pas fixe. Cela se manifeste par un déplacement de la position des pôles. Un mouvement suivi depuis quelque temps déjà par les scientifiques. Aujourd’hui, ils soulignent que le réchauffement climatique anthropique et plus largement, les activités humaines, ont accéléré ce mouvement naturel de manière notable.


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    L'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre par rapport au plan de l'écliptiqueplan de l'écliptique n'est pas constante. Les scientifiques tentent encore de comprendre quels sont exactement les phénomènes à l'origine de cette variation. Mais la façon dont l'eau se distribue à la surface de notre planète semble être un facteur important. Et aujourd'hui, des chercheurs de l’Académie des sciences chinoise nous apprennent que la fontefonte des glaciers dû au réchauffement climatique anthropique en cours a suffisamment redistribué les eaux pour accélérer le déplacement du pôle nord, le faisant basculer du sud vers l'est au milieu des années 1990.

    Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont calculé la perte totale en eau stockée sur les terres dans les années 1990. Ils se sont appuyés sur des données de fonte des glaciers et des estimations du pompage des eaux souterraines. Et les pertes d'eau des régions polaires font figure de principal moteur de la dérive polaire. Une dérive dont la vitessevitesse moyenne entre 1995 et 2020 est environ 17 fois supérieure à celle de la période 1981-1995.

    La fonte des glaciers en Alaska, au Groenland, dans les Andes du Sud, en Antarctique, dans le Caucase et au Moyen-Orient s’est accélérée au milieu des années 1990, devenant le principal moteur poussant les pôles de la Terre dans une dérive soudaine et rapide à une vitesse de 3,28 millimètres par an. L’intensité des couleurs sur la carte montre où les changements dans l’eau stockée sur la terre — principalement sous forme de glace — ont eu l’effet le plus important sur le mouvement des pôles d’avril 2004 à juin 2020. Les graphiques en médaillon représentent le changement de la masse des glaciers (noir) et le changement calculé dans l’eau sur terre (bleu) dans les régions de plus grande influence. © Deng <em>et al</em> (2021) <em>Geophysical Research Letters</em>, AGU
    La fonte des glaciers en Alaska, au Groenland, dans les Andes du Sud, en Antarctique, dans le Caucase et au Moyen-Orient s’est accélérée au milieu des années 1990, devenant le principal moteur poussant les pôles de la Terre dans une dérive soudaine et rapide à une vitesse de 3,28 millimètres par an. L’intensité des couleurs sur la carte montre où les changements dans l’eau stockée sur la terre — principalement sous forme de glace — ont eu l’effet le plus important sur le mouvement des pôles d’avril 2004 à juin 2020. Les graphiques en médaillon représentent le changement de la masse des glaciers (noir) et le changement calculé dans l’eau sur terre (bleu) dans les régions de plus grande influence. © Deng et al (2021) Geophysical Research Letters, AGU

    L’impact étonnant des activités humaines sur la Terre

    La fonte de plus en plus rapide de la glace avec le réchauffement climatique ne peut toutefois pas expliquer la totalité de la dérive. Même si les chercheurs n'ont pas poussé leur analyse jusqu'à là, ils estiment que l'écart restant pourrait résulter de perturbations dans les régions non polaires. En raison, notamment, du pompage non durable des eaux souterraines pour l'agriculture.

    Des résultats qui montrent, selon les chercheurs, à quel point les activités humaines peuvent avoir un impact sur notre Terre. Allant jusqu'à déplacer son axe de rotation. Sans réel effet sur notre vie quotidienne malgré tout. Puisque l'opération ne pourrait, tout au plus, faire évoluer la duréedurée de nos journées que de seulement quelques millisecondes.


    L'axe de rotation de la Terre dérive : découvrez pourquoi

    Les globes terrestres que l'on nous vend dans le commerce sont bien sphériques et tournent de manière parfaitement stable autour de leur axe. Mais la réalité est tout autre et l'axe de rotation de la Terre dérive. Les scientifiques de la NasaNasa proposent aujourd'hui leurs explications.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 28/09/2018

    De manière générale, toute redistribution de masse en surface ou dans les profondeurs de la Terre affecte la rotation de notre planète. © Alexas_Fotos, Pixabay, CC0
    De manière générale, toute redistribution de masse en surface ou dans les profondeurs de la Terre affecte la rotation de notre planète. © Alexas_Fotos, Pixabay, CC0

    Notre planète n'est pas tout à fait sphérique. Et son axe de rotation -- qui relie le pôle nord au pôle sud en passant par le centre de la Terre -- a tendance à osciller et à dériver petit à petit. Il dérive de 10 centimètres par an, c'est-à-dire de quelque 10 mètres au cours du seul XXe siècle. Des chercheurs de la Nasa (États-Unis) ont souhaité étudier le phénomène. Forts de données d'observation et de modèles puissants, ils ont identifié trois processus qui pourraient l'expliquer.

    Le rebond glaciaire, déjà incriminé par des études antérieures, est le plus connu d'entre eux. Les glaciers ont tendance à enfoncer la surface de la Terre (un peu comme lorsqu'une personne s'installe sur un matelas). Au moment de la fonte des glaces, celle-ci remonte peu à peu. Mais, selon les chercheurs de la Nasa, ce phénomène ne pourrait pas expliquer plus d'un tiers des dérives de rotation observées.

    La ligne bleu clair représente la dérive observée de l’axe de rotation de la Terre. Elle est comparée ici à la somme (en rose) des effets du rebond glaciaire (en jaune), de la convection du manteau terrestre (en rouge) — qui reste incertaine — et de la perte de masse au niveau du Groenland (en bleu foncé). © Nasa, JPL-Caltech
    La ligne bleu clair représente la dérive observée de l’axe de rotation de la Terre. Elle est comparée ici à la somme (en rose) des effets du rebond glaciaire (en jaune), de la convection du manteau terrestre (en rouge) — qui reste incertaine — et de la perte de masse au niveau du Groenland (en bleu foncé). © Nasa, JPL-Caltech

    Des causes naturelles et une cause anthropique

    La convection du manteau terrestre interviendrait également pour un tiers. Ainsi, sous l'effet de la chaleurchaleur émise par le noyau de la Terrenoyau de la Terre, des roches subissent un schéma de circulation verticale. De quoi redistribuer les massesmasses et perturber la rotation de notre planète.

    Le dernier processus mis en cause est quant à lui imputable à l'Homme. Il s'agit en effet de la fonte des glaces du Groenland résultant du réchauffement climatique. Pas moins de 7.500 gigatonnes auraient en effet été transférées vers les océans, responsables d'une élévation du niveau de la mer... et d'une dérive de l'axe de rotation de notre planète.