Le risque volcanique est bien réel et la menace d’une explosion de grande ampleur, affectant Terre entière, est toujours présente. Mais sommes-nous prêts à endurer une telle catastrophe ? Des chercheurs avertissent sur notre vulnérabilité face à un tel événement.


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    Chaque jour, un ou plusieurs volcans sont en éruption quelque part sur le globe. Les éruptions volcaniques font en effet partie de la dynamique terrestre et représentent un phénomène naturel normal qui domine les manifestations géodynamiques depuis 4,5 milliards d'années.

    Pourtant, chaque éruption est différente. Effusives, avec coulées de laves, ou explosives, de duréesdurées extrêmement variables, les éruptions volcaniques peuvent être de stylesstyles très différents. Leur puissance et leur impact sur les populations et l'environnement peuvent ainsi varier significativement. Si les volcans effusifs, comme le Cumbre Vieja aux Canaries, sont impressionnants par les torrentstorrents de lave qu'ils produisent, ils ne représentent cependant pas les volcans les plus dangereux.

    Le mont Rinjani en Indonesie, responsable de la plus importante éruption du dernier millénaire, en 1257 (magnitude 7) © Dr Mike Cassidy
    Le mont Rinjani en Indonesie, responsable de la plus importante éruption du dernier millénaire, en 1257 (magnitude 7) © Dr Mike Cassidy

    Ce sont les volcans explosifs qui inquiètent le plus. Leur rayon d'action peut être beaucoup plus vaste, notamment par la libération de grandes quantités de gazgaz et de cendres dans la haute atmosphère et par la génération de nuées ardentes ou de tsunamistsunamis dans le cas de volcans situés en milieu océanique.

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    L’éruption du Hunga Tonga a envoyé des quantités d’eau colossales dans l’atmosphère : « Nous n’avons jamais rien vu de tel ! »

    Ainsi, la dernière éruption de ce genre remonte seulement à quelques mois avec l'explosion du Hunga Tonga, dans le Pacifique Sud. Avec la génération d'un important panache de cendres et d'un puissant tsunami, cette éruption a été catégorisée parmi les plus puissantes de la période moderne. Son indice d'explosivité se situerait entre 5 et 6, sur une échelle de 8.

    L'impressionnante éruption effusive du Cumbre Vieja, aux Canaries, en 2021. © Sander Meertins, Adobe Stock
    L'impressionnante éruption effusive du Cumbre Vieja, aux Canaries, en 2021. © Sander Meertins, Adobe Stock

    Nos sociétés pourraient-elles supporter une éruption de cette ampleur ?

    Malgré sa puissance, l'explosion du Hunga Tonga est donc loin d'être l'éruption la plus violente que l'humanité ait connue. Les archives géologiques et archéologiques nous renseignent en effet sur les éruptions ayant eu lieu par le passé.

    Parmi les plus violentes, d'indice d'explosivité 8, citons l'explosion du Yellowstone il y a 640.000 ans, ou celle du Taupo il y a 26.500 ans. La dernière éruption de magnitudemagnitude 7 date, quant à elle, de 1815 et a eu lieu en Indonésie. L'éruption du Tambora aurait causé la mort de 100.000 personnes et aurait influencé le climat terrestre de manière globale, impactant l'agricultureagriculture et causant une série de famines.

    La caldéra du Mont Tambora, en Indonésie, en 2017. © Tisquesusa, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    La caldéra du Mont Tambora, en Indonésie, en 2017. © Tisquesusa, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    En considérant le fait que la population planétaire a depuis été multipliée par 8 et que nos économies sont complexes et fortement interdépendantes, des chercheurs de l'Université de Cambridge estiment que, si une telle éruption avait lieu aujourd'hui, les répercussions sur l'humanité seraient réellement catastrophiques.

    Dans un article publié dans la revue Nature, ils alertent sur le fait que nous nous sentons faussement protégés contre ce type de catastrophe naturellecatastrophe naturelle de grande ampleur et que nous n'avons que peu d'idée du risque que représente une éruption de magnitude 7, voire 8. Le manque d'investissement dans la surveillance des volcans et de moyens mis en place pour répondre à une potentielle éruption volcanique est dramatique. Et pourtant, le risque est bien réel et la menace plane.

    Un risque sur six d’avoir une éruption majeure d’ici 100 ans

    Les archives glaciaires permettent en effet d'estimer la fréquence des éruptions volcaniques majeures. D'après les auteurs de l'étude, il y aurait ainsi une chance sur six qu'une explosion de magnitude 7 se produise dans les 100 prochaines années.

    Il faut se rendre à l’évidence, notre connaissance des volcans reste encore très parcellaire

    Le risque d'une catastrophe volcanique majeure est ainsi plusieurs centaines de fois plus important que le risque d'une collision avec un astéroïdeastéroïde de 1 km de diamètre. Et pourtant, il semble que nous soyons mieux préparés à ce deuxième type de catastrophe.

    Seulement 27 % des éruptions ayant eu lieu depuis 1950 ont été monitorées et seulement un tiers des données acquises ont été implémentées dans des bases de donnéesbases de données mondiales. Il faut se rendre à l'évidence, notre connaissance des volcans reste encore très parcellaire. Leur étude est pourtant essentielle pour mieux appréhender le risque volcanique et estimer les chances qu'un volcan produise une éruption dévastatrice.

    Quels sont les différents types de volcan ?

    Éruptions de type hawaïenÉruptions péléennesÉruptions phréatiquesÉruptions pliniennesÉruptions sous-glaciairesÉruptions sous-marinesÉruptions surtseyennesÉruptions  strombolienneséruptions vulcaniennes
    Éruptions de type hawaïen

    Une éruption effusive (ou lavique), aussi appelée « éruptions de type hawaïenéruptions de type hawaïen » se caractérise par l'émissionémission d'une lavelave particulièrement liquideliquide (température de 1.200 °C) qui s'écoule en majeure partie à la surface du volcanvolcan en activité. Elle forme donc des coulées de lave dont la vitessevitesse et la distance d'écoulement dépendent de la viscositéviscosité du magmamagma, de la pente de l'édifice volcanique et du taux d'effusivité (donc de la quantité de roche en fusionfusion émise par unité de temps).

    Des éruptions effusives sur des volcans rouges

    Les éruptions effusives ont principalement lieu sur des volcans dits « rouges », comme ceux observés au niveau des points chaudspoints chauds, par exemple à Hawaï. La lave émise dans ces conditions est principalement de nature basaltiquebasaltique, mais elle peut aussi être andésitiqueandésitique ou dacitique. Elle est par ailleurs pauvre en silicesilice, ce qui explique également sa faible viscosité.

    Les éruptions effusives se distinguent des éruptions explosiveséruptions explosives, qui se caractérisent par l'émission de lave fragmentée dans l'atmosphère.

    Volcans d'Hawaï : des éruptions de type hawaïen

    Les éruptions effusives sont aussi appelées « éruptions de type hawaïen » car elles ont été définies à partir du dynamisme éruptiféruptif que l'on peut voir à l'œuvre à Hawaï, notamment sur le KilaueaKilauea, mais aussi en Islande par exemple.

    Les éruptions produisent très peu de cendres car on est en présence d'un dynamisme éruptif effusif et pas explosif. Par contre, elles prennent la forme de fontaines de lave qui peuvent parfois atteindre plusieurs centaines de mètres de hauteur. La lave s'écoule ensuite sur de grandes distances et elle peut s'étendre sur de vastes surfaces, contribuant à l'édification de larges volcans boucliers aux pentes douces.

    Ces pentes peuvent se déchirer sur plusieurs kilomètres en donnant des éruptions fissurales avec les fontaines de lave qui créent de véritables rideaux de feufeu. En atteignant la mer à Hawaï, les coulées permettent d'observer une manifestation caractéristique du volcanismevolcanisme sous-marinsous-marin, les laves en coussinslaves en coussins, encore appelées en anglais pillows lavas.

    Des lacs de lave

    Les éruptions hawaïennes peuvent aussi conduire à la formation de lacs de lave. Il en existe d'ailleurs un qui est quasi permanent au sommet du Halemaumau, à Hawaï. Les laves qui alimentent ces éruptions sont associées à des points chauds et elles doivent donc prendre naissance en profondeur dans le noyau de la Terrenoyau de la Terre.

    © Sémhur, CC-by-sa-3.0, Futura ; © Josh Schwartzman, CC by-nc 2.0