Les spéléologues de l'expédition Anba Macaya ont quitté Haïti et le massif karstique qu'ils ont parcouru dans les trois dimensions pour en découvrir le réseau de grottes et de cours d'eau souterrain. Bilan : 95 gouffres explorés, trois rivières souterraines et des résurgences inconnues. Un regret : les spéléologues n'ont pas découvert la grande rivière espérée. En contact avec Futura-Sciences, les membres de l'équipe vous ont fait vivre leur aventure. Nous y reviendrons prochainement avec Olivier Testa, responsable de la partie spéléo.

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    En un mois, le massif de Macaya, en Haïti, à l'ouest de l'île d'Hispaniola, dans l'une des dernières forêts primaires de la région, a livré une grande partie de ses secrets à l'expédition spéléologique. Une grande partie du réseau hydrographique souterrain a pu être compris, en compagnie des habitants de ce massif, qui se sont intéressés à ces gouffres connus depuis longtemps. Le massif, expliquent les géologuesgéologues, « est un karst ancien décapité par des précipitations importantes ». Sa surface, couverte par une végétation dense, est creusée de trous verticaux parfois vertigineux, le plus profond descendant à 120 m. « L'expédition mérite bien son nom : Anba Macaya, verticales souterraines », souligne Stéphanie Jagou, membre de l'expédition.

    Au fond du canyon, dans la ravine Casse-Cou. © Jean-François Fabriol

    Au fond du canyon, dans la ravine Casse-Cou. © Jean-François Fabriol

    Cependant, les cartes laissaient présager un réseau de conduits horizontaux reliant ces puits. Les spéléologues espéraient en parcourir quelques-uns pour découvrir la grande rivière souterraine qui étaient suspectée, et dont la résurgence a bien été repérée. L'équipe de spéléologue, dirigée par Olivier Testa,  l'a même instrumentée pour en mesurer le débitdébit. Mais de grande rivière souterraine, point. Les gouffres verticaux butent tous sur un plancherplancher perméable, dans lequel l'eau s'écoule. Cette couche « agit comme une éponge et ne permet pas le développement de réseaux exondés ».

    Cartographie du massif karstique précisée

    « Nous n'avons pu trouver la rivière souterraine que nous recherchions, rapporte Marie-Pierre Lalaude-Labayle, la chef d'expédition. Mais c'est le propre de toute expédition spéléologique : notre seule certitude, c'est l'inconnu. Nous nous étions préparés à des surprises, des bonnes comme des moins bonnes. » Les bonnes surprises ont été au rendez-vous, avec une cartographie du réseau souterrain du massif Macaya, qui est aussi un parc national, et ce dans une région où les ressources en eau sont rares et précieuses.

    Dans le gouffre perdu. La majorité des grottes découvertes sont des puits verticaux et plongent pour certains à plus de 100 m. © Olivier Testa

    Dans le gouffre perdu. La majorité des grottes découvertes sont des puits verticaux et plongent pour certains à plus de 100 m. © Olivier Testa

    L'équipe a exploré 92 gouffres, suivi trois rivières souterraines et découvert un « majestueux canyon » dans la ravine Casse-Cou. Découvert, oui, car les cartes à leur disposition étaient souvent prises en défaut, ce qui n'a pas facilité le travail sur place. Cette exploration en surface et en profondeur sera utile aux gestionnaires du parc national et à ses habitants, lesquels ont collaboré avec l'équipe pour indiquer les gouffres connus depuis longtemps, et dans lesquels les animaux des troupeaux tombent parfois.

    L'inventaire du patrimoine souterrain et hydraulique du parc national n'est pas encore terminé, et l'équipe espère bien organiser une nouvelle expédition en 2014.