L’été 2019 avait battu des records absolu de chaleur avec deux épisodes de canicule sans précédent en juin et juillet. Alors que l’on vient de connaître un printemps quasi estival, faut-il s’attendre à un scénario semblable à celui de l’an dernier ? Les analyses de deux prévisionistes.


au sommaire


    Le mois de mai 2020 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète, selon le service européen Copernicus. La France a ainsi connu le deuxième printemps le plus chaud de son histoire, avec une température moyenne de près de 1,8°C au-dessus des normales de saison sur la période mars-avril-mai. A Paris par exemple, la moyenne des maximales a dépassé les 21°C degrés sur le mois d'avril, avec un temps quasi estival. Alors ce printemps doux préfigure-t-il un été encore plus chaud ? Va-t-on vers de nouveaux records de chaleur en juillet-aoùt ?

    Ce que disent les prévisions saisonnières

    «Une grande partie de la France devrait connaître cet été un temps anticyclonique, plus chaud que la normale, prévoit MétéoMétéo France. D'après les prévisions saisonnières pour juin-juillet-août 2020, le temps devrait être plus chaud et plus sec sur le sud de l'Europe. L'influence océanique devrait en revanche limiter la hausse des température sur la façade Atlantique et le nord de l'Europe. La Chaîne Météo, qui a analysé les modèles européens (ECMWF) et américains (GFS), prévoit pour sa part des températures «proches des moyennes saisonnières», voir légèrement supérieures. «Ce contexte global serait donc propice à un été assez standard, parfois assez chaud, donc avec des journées de fortes chaleurschaleurs inévitables», indique Régis Crépet, météorologuemétéorologue à La Chaîne Météo, qui note cependant que les deux modèles ont tendance à réviser leurs prévisions de température à la baisse par rapport à leurs calculs initiaux.

    Prévisions saisonnières pour l’été 2020 : un été plus chaud que la moyenne en France, sud sur la façade Atlantique. © Météo France
    Prévisions saisonnières pour l’été 2020 : un été plus chaud que la moyenne en France, sud sur la façade Atlantique. © Météo France

    À printemps chaud été caniculaire ?

    «Ce qui est certain, c'est qu'on a globalement des printemps et des étés plus chauds que la moyenne depuis ces dernières années», indique Christian Viel, prévisioniste à Météo France. De là à établir un lien de cause à effet entre les deux saisons, impossible de le dire. «En 2011 on a par exemple eu un printemps très chaud suivi d'un été frais. A l'inverse l'an dernier (2019), la canicule a fait suite à un printemps normal». La Chaîne Météo s'est penchée sur les statistiques pour étudier la typologie des étés suivant les printemps comme celui que nous venons de connaître. «Dans trois quarts des cas, ils ont été plutôt maussades, au mieux «standards», c'est à-dire sans anomalieanomalie particulière», décrit Régis Crépet. «Les exemples les plus marquants sont les années 2007 et 2011, dont les printemps figurent parmi les plus chauds. Les étés suivants ont été maussades, pluvieux et peu ensoleillés, avec des températures dépassant rarement les moyennes». D'autres phénomènes climatiques, tels que El Nińo ou l'inversion des vents de haute altitude dans la zone intertropicale (appelée index QBO) pourraient contribuer à atténuer l'ensoleillement et donc limiter la hausse des températures et été, ajoute-t-il.
     

    Au total, le météorologue anticipe plutôt un été 2020 «moins beau et chaud que les 5 précédents avec un risque de canicule nul pour ce mois de juin, assez faible pour juillet et peut-être plus modéré, à ce jour, pour le mois d'août». Chez Météo France, on est plus prudent. «Un été plus chaud [comme anticipé par Météo France] signifie forcement une probabilité plus élevée de canicule», soutient Christian Viel.

    Été 2020 : les records de chaleur de 2019 seront-ils battus ?

    L'an dernier, la France avait enregistré au mois de juin un épisode de chaleur sans précédent par son intensité et sa précocité, avec un record absolu de chaleur à 46°C à Vérargues (Hérault) le 28 juin. Une canicule liée à une dépression entre les Açores et le Portugal jouant le rôle de «pompe à chaleurpompe à chaleur» avec des remontées d'airair chaud du Sahara. Or, ce genre de phénomène est difficile à anticiper. «Globalement, un épisode caniculaire ne peut pas se prévoir plus d'une semaine à l'avance», souligne Christian Viel. La canicule de juin avait été suivie un mois plus tard d’une deuxième vague, avec un record de chaleur à Paris de 42,6°C le 25 juillet. Des canicules favorisées en grande partie par le réchauffement climatique. Selon une analyse du projet World Weather Attribution, les épisodes caniculaires seraient environ 1,5 à 3°C moins chauds sans le changement climatique causé par l'Homme.


    Météo-France prévoit un été plus chaud et sec que la normale

    Article de AFP-Relaxnews publié le 30/05/2020

    Après un printemps anormalement chaud, à quoi doit-on s'attendre pour cet été ? Selon Météo-France, les prévisions saisonnières pour ce prochain trimestre se révèlent être conformes aux tendances liées au réchauffement climatique. La hausse des températures se confirme. L'été sera globalement plus chaud et plus sec que la normale sur une grande partie de la France.

    Les températures devraient être « globalement supérieures aux normales » sur tout le sud de l'Europe, dont la partie sud et est de la France, notamment en raison d'une présence plus forte de l'anticyclone des Açores. « En revanche sur la façade Atlantique et sur le nord de l'Europe, les conditions semblent réunies pour que l'influence océanique limite la montée des températures », estime Météo-France.

    Météo-France prévoit un été chaud et sec avec un risque augmenté de canicule. Plage de Palavas-les-Flots (Hérault). © Pascal Guyot, AFP, Archives
    Météo-France prévoit un été chaud et sec avec un risque augmenté de canicule. Plage de Palavas-les-Flots (Hérault). © Pascal Guyot, AFP, Archives

    Une carte de probabilités d'événements

    La carte des prévisions montre ainsi pour la France des températures probablement « normales » sur le quart nord-ouest (Bretagne, côte de la Manche). Mais il ne s'agit pas de cartes de prévisions de températures, insiste Météo-France. « Ce n'est pas une carte météo où l'on voit s'afficher des températures. Ça ressemble, avec des couleurscouleurs qui font penser au chaud et au froid, mais il faut garder à l'esprit que ça reste une carte de probabilités d'événements », a expliqué à l'AFP le climatologueclimatologue Christian Viel.

    Ce sont des statistiques à l'échelle d'une saison entière et pas pour un jour précis. Malgré tout, les modèles utilisés relèvent pour cet été un risque de vaguevague de chaleur « a priori un peu plus fort que le risque moyen », même s'il est impossible d'aller plus loin en terme de localisation ou de timing, a précisé Christian Viel.

    Une cinquantaine de départements seront exposés à un risque de sécheresse cet été, principalement dans la moitié Est et le Centre. © Philippe Huguen, AFP, Archives 
    Une cinquantaine de départements seront exposés à un risque de sécheresse cet été, principalement dans la moitié Est et le Centre. © Philippe Huguen, AFP, Archives 

    Des facteurs favorables au risque de canicule

    Côté précipitation, l'organisme prévoit des « conditions globalement plus sèches que la normale » sur le sud de l'Europe, y compris la moitié sud de la France. Le ministère de la Transition écologique a d'ailleurs prévenu il y a quelques jours que 53 départements étaient exposés à des degrés divers à un risque de sécheressesécheresse cet été, principalement dans la moitié Est et le Centre. Cet été, probablement chaud et sec, fera suite à un printemps qui sera probablement le deuxième plus chaud enregistré en France, et à l'hiver le plus doux depuis le début des mesures.

    Il n'y a pas de cause à effet entre printemps chaud et été chaud

    « Il n'y a pas de cause à effet entre printemps chaud et été chaud », a noté Christian Viel. En revanche, la présence de conditions de sécheresse (qui réduit le phénomène d'évaporation de l'eau du sol limitant la montée des températures) « augmente le risque de canicule », a-t-il ajouté.

    2019 a été la troisième année la plus chaude en France métropolitaine - après 2018 et 2014 -, marquée par deux épisodes exceptionnels de canicule et un record absolu de 46 °C. Au niveau mondial, 2019 a été la deuxième année la plus chaude, concluant une décennie record. La hausse de la température, accompagnée d'une multiplication des événements météorologiques extrêmes liés au réchauffement de la planète, est en ligne avec les prévisions des climatologues.

    Voir aussi

    Découvrez nos comparatifs des meilleures rafraîchisseurs d'air