Quelle est la différence entre un rat des villes et un rat des champs ? Le premier sort plus souvent son parapluie que le second. Pour expliquer ce phénomène à l'échelle planétaire, une étude a analysé les précipitations dans les métropoles et pourquoi elles se transforment en « îlots humides », à l'inverse des campagnes, estampillées d'« îlots secs ». En cause : l'aménagement urbain et la densité de population.
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Les citadins se plaignent souvent du mauvais temps qu'il fait en ville. Une étude américaine, parue dans la revue scientifique PNAS, leur donne raison. Ses auteurs affirment que de nombreuses villes dans le monde sont plus sujettes aux précipitations que la campagne alentour.
Des chercheurs des universités du Texas et de Géorgie sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé les données pluviométriques de 1 056 villes mondiales entre 2001 et 2020, ainsi que celles des zones rurales environnantes. Ils ont remarqué que 63 % de ces métropoles sont davantage exposées aux pluies que les territoires ruraux qui les entourent.
Dans certains cas, la différence est flagrante. Par exemple, il tombe en moyenne 127 millimètres de pluie de plus à Houston (États-Unis) que dans la campagne alentour. On constate le même phénomène à Hô Chi Minh-Ville (Vietnam) et à Sydney (Australie), où l'on enregistre, par an, plus de 100 millimètres de précipitations supplémentaires que leurs environs. Ce qui fait de ces deux villes des « îlots humides ».
Vapeur d'eau et formation des nuages au-dessus des villes
On observe le schéma inverse dans d'autres métropoles mondiales. Ainsi, il pleut beaucoup moins à Seattle (États-Unis) et à Rio de Janeiro (Brésil) que dans les environs, ce qui en fait des « îlots secs ». De manière générale, les scientifiques ont constaté que les « îlots secs » sont des villes situées dans des plaines ou des vallées. Les montagnes environnantes les exposeraient moins aux précipitations.
Mais à l'échelle de la Planète, la plupart des grandes villes sont des îlots humides. Zong-Liang Yang, professeur de géologie à l'université du Texas et coauteur de l'étude, affirme que l'aménagement de l'espace urbain a une incidenceincidence importante sur ce phénomène météorologique. « Les bâtiments renforcent [la convergence de l'airair vers les centres-villes] en ralentissant les vents, ce qui se traduit par un déplacement plus important de l'air vers le haut. Ce mouvementmouvement ascendant favorise la condensationcondensation de la vapeur d'eau et la formation de nuages, ce qui favorise la formation de pluies et de précipitations », explique Xinxin Sui, coauteure de l'étude et doctorante à la Cockrell School of Engineering, dans un communiqué.
La densité urbaine pèse lourd
La densité de population pèse aussi sur le volumevolume des précipitations enregistrées en ville. Cela tient au fait que les populations nombreuses créent généralement des zones urbaines plus denses et étendues, qui produisent davantage d'émissionsémissions de gaz à effet de serre. Et donc de chaleurchaleur, ce qui a pour conséquence de perturber le cycle de l'eau et d'augmenter le potentiel de fortes précipitations. « Si le climatclimat local est plus chaud et plus humide, l'anomalieanomalie pluviométrique peut être plus importante que dans les villes situées dans des régions plus fraîches et plus sèches », souligne Xinxin Sui dans le même communiqué.
Les climatologuesclimatologues savent depuis longtemps que les villes peuvent concentrer les précipitations. Mais cette étude est la première à montrer qu'il s'agit d'un phénomène mondial. À l'avenir, les urbanistes pourraient s'appuyer sur les conclusions de cette recherche pour concevoir différemment les villes, et mieux les préparer aux conséquences du changement climatiquechangement climatique.