Au-dessus de l’Antarctique, il se forme chaque printemps, un trou dans la couche d’ozone qui protège notre Planète de certains rayonnements nocifs. Des mesures ont été prises pour le résorber. Mais un chercheur estime aujourd’hui que ce trou ne serait pas le seul à mettre en danger la vie sur Terre. Il ne fait pas l’unanimité.


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    En 1985, des chercheurs révélaient qu'un immense « trou » apparaissait chaque printemps dans la couche d’ozone au-dessus de l'Antarctique. En cause, des produits chimiques que nous utilisions dans nos réfrigérateurs, dans nos bombes aérosol ou encore dans des nettoyants industriels. Les fameux chlorofluorocarbures, notamment. Les CFCCFC. Dès 1987, le protocole de Montréal a permis de limiter l'usage de ces composés. Et leur production s'est arrêtée en 1994. Le trou a commencé à se résorber.

    Le saviez-vous ?

    L’ozone se compose de trois atomes d’oxygène (O3). Il est très instable et réactif. On le trouve principalement dans la fameuse couche d’ozone située dans la stratosphère — soit à une distance comprise entre 10 et 40 kilomètres de la surface de notre Terre. Une couche qui nous protège des rayonnements du soleil. Il ne faut pas confondre le problème lié à cet ozone-là avec celui de l’ozone troposphérique, situé plus bas dans l’atmosphère, et qui s’apparente à une pollution.

    Mais Qing-Bin Lu, un chercheur de l’université de Waterloo (Canada), annonce aujourd'hui avoir observé un autre trou dans la couche d'ozone. Au-dessus des régions tropicales, cette fois. Il aurait commencé à se former dans les années 1980. Et il serait aujourd'hui présent tout au long de l'année. Pire, il s'étendrait sur une superficie 7 fois supérieure à celle du trou observé au-dessus de l'Antarctique au printemps.

    Rappelons que la couche d'ozone est celle qui absorbe une part des rayonnements ultraviolets nocifs -- les UVUV B, notamment -- émis par le SoleilSoleil. Ainsi un trou dans la couche d'ozone -- comprenez une réduction de la concentration en ozone stratosphérique -- peut mener à une accélération du vieillissement de la peau, à une augmentation des brûlures et des cancerscancers et même à une élévation du nombre de maladies du système immunitairesystème immunitaire. Une couche d'ozone affaiblie, ce sont aussi des rendements de moindre qualité pour nos cultures et une menace pour le plancton, le premier maillon de la chaîne alimentairechaîne alimentaire dans les mers. On comprend l'inquiétude.

    Des <a title="Impact of Rocket Launch and Space Debris Air Pollutant Emissions on Stratospheric Ozone and Global Climate" href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2021EF002612" target="_blank">chercheurs</a> de l’<em>University College London</em> et de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) ainsi que du <em>Massachusetts Institute of Technology</em> (MIT, États-Unis) ont récemment découvert que l’essor de l’industrie du tourisme spatial pourrait bientôt creuser un trou dans la couche d’ozone située au-dessus de l’Arctique. En cause cette fois, les combustibles utilisés pour propulser les fusées, la chaleur de rentrée des engins spatiaux qui reviennent à la surface et les débris qu’ils génèrent. © alonesdj, Adobe Stock
    Des chercheurs de l’University College London et de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) ainsi que du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) ont récemment découvert que l’essor de l’industrie du tourisme spatial pourrait bientôt creuser un trou dans la couche d’ozone située au-dessus de l’Arctique. En cause cette fois, les combustibles utilisés pour propulser les fusées, la chaleur de rentrée des engins spatiaux qui reviennent à la surface et les débris qu’ils génèrent. © alonesdj, Adobe Stock

    Une conclusion pas si évidente

    Selon le chercheur, comme c'est le cas au cœur du trou observé au-dessus de l'Antarctique, ce ne sont pas moins de 80 % de l'ozone -- et au moins 25 % sur l'ensemble du trou -- qui aurait disparu au-dessus des tropiquestropiques. Des données qui coïncident avec un modèle qu'il a lui-même développé de destruction de la couche d'ozone par les rayons cosmiques. Et qui pourraient, toujours selon lui, jouer un rôle majeur sur le changement climatiquechangement climatique actuel.

    Mais déjà, quelques autres chercheurs s'étonnent de ces résultats. Sur TwitterTwitter, Paul Young, un expert de la question de l'ozone, n'hésite pas à qualifier l'analyse de « mauvaise ». Selon lui, un trou dans la couche d'ozone au-dessus des tropiques peut sembler apparaître lorsque l'on tient compte « des pourcentages plutôt que des valeurs absolues ». Or ce sont pourtant bien ces dernières qui importent pour évaluer la quantité de rayonnements UV qui atteignent le sol.

    Par ailleurs, Paul Young précise que les changements observés dans la couche d'ozone au-dessus des tropiques seraient le résultat « à la fois de processus anthropiques et naturels ». Il explique qu'avant les années 2000, la disparition de l'ozone, y compris dans cette région, était due à des concentrations toujours croissantes de CFC. Après, les niveaux ont continué à diminuer sous l'effet d'une modification des mouvementsmouvements atmosphériques liée au changement climatique. D'autres chercheurs le confirment, soulignant le « manque de rigueur scientifique » des raisonnements de Qing-Bin Lu qui contiendraient « de graves erreurs ». Une manière d'appeler les scientifiques qui étudient le sujet à creuser plus avant la question.