Le poisson est une source de mercure, élément nocif pour l’Homme. Consommés de façon chronique, les produits de la mer peuvent entraîner des troubles neurologiques. C’est vrai, mais ce n’est peut-être pas alarmant. Une étude rapporte que les femmes enceintes n’ont pas à craindre le poisson pour ses effets sur leur progéniture, bien au contraire…

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    Le dépôt océanique de mercure a plus que doublé le siècle dernier. Les poissons, tels que les thons, les espadons, mais aussi les fruits de mer sont largement contaminés. Une consommation régulière de produits de la mer peut entraîner des troubles du développement neurologique. Mémoire, attention, langage et motricité fine en sont affectés, notamment chez les enfants. Ce n'est que dans les années 1950 que le lien entre le poisson et les maladies neurologiquesmaladies neurologiques a été clairement identifié. Depuis, l'OMSOMS recommande en particulier aux femmes de ne pas consommer du poisson durant leur grossessegrossesse.

    Une nouvelle étude, tout juste publiée dans les Environmental Health Perspectives, remet quelque peu en cause cette recommandation. Une équipe britannique, menée par le chercheur Jean Golding de l'université de Bristol, suggère en effet que seul 6,98 % de la variation du taux de mercuremercure dans le sang des femmes enceintes est imputable à la consommation de produits de la mer.

    La distribution de l'ensemble de mercure total dans le sang mesuré chez 4.134 femmes pendant leur grossesse. © Golding <em>et al.</em>, <em>Environmental Health Perspectives</em>

    La distribution de l'ensemble de mercure total dans le sang mesuré chez 4.134 femmes pendant leur grossesse. © Golding et al.Environmental Health Perspectives

    L'équipe a étudié l'effet de 103 aliments et boissons consommés par 4.484 femmes durant leur grossesse. Tous ces produits confondus ont semble-t-il compté pour 17 % du niveau de mercure total dans leur sang. Plus surprenant encore, après les poissons blancs et gras, ce sont les tisanes qui apportent le plus de mercure aux femmes. Ce résultat était plutôt inattendu, l'équipe postule que cela peut résulter d'une contaminationcontamination des plantes par les toxinestoxines.

    Les familles Alspac n’ont pas d’excès de mercure

    Ces travaux s'inscrivent dans le projet Avon Longitudinal Study of Parents and Children (Alspac), aussi connu sous le nom « Enfants des années 1990 ». Il s'agit d'une immense étude sur le long terme, où près de 14.000 femmes enceintes durant les années 1991-1992 ont été suivies. Leurs enfants le sont toujours actuellement. Les familles dites Alspac fournissent un vaste champ d'informations génétiquesgénétiques et environnementales au fil des ans, ce qui aide les scientifiques du monde entier à mener leurs recherches dans le domaine de la santé.

    Plusieurs études basées sur les familles Alspac ont montré que se nourrir de poisson durant la grossesse favorisait le développement du QI et la vue de l'enfant. La raison pour laquelle cette consommation de poisson favorise directement ces deux développements reste inconnue. Mais ce qui est certain, c'est que les poissons blancs et gras apportent de l'iodeiode et des acides grasacides gras oméga-3, composés éminemment bénéfiques à la santé des futurs bébés.

    Moins de 1 % des femmes étudiées avaient un taux de mercure plus élevé que le niveau maximal recommandé par l'US National Research Council. Par ailleurs, les femmes enceintes qui avaient le plus fort taux de mercure étaient les plus âgées, occupaient des emplois qualifiés à responsabilité et attendaient leur premier enfant. Ainsi, cette étude pointe du doigt que le poisson constitue évidemment un apport de mercure, mais n'est ni le seul facteur, ni le dominant. D'ailleurs, l'étude conclut sur une question : d'où provient le reste du mercure décelé dans le sang de ces femmes ?