Tout le monde porte un jean. Et tout le monde participe donc au désastre écologique que représente la fabrication d'un blue-jean : elle nécessite, pour une seule pièce, près de 10.000 litres d'eau et doit ensuite parcourir des dizaines de milliers de kilomètres avant que celle-ci ne soit vendue en magasin. L'industrie textile peine à trouver une solution miracle mais, pour les consommateurs, il est tout de même possible de sélectionner les quelques rares marques qui se sont engagées à réduire leur impact environnemental ou de se tourner vers des modes de consommation alternatifs.


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    La Cité des sciences et de l'industrie, à Paris, consacre toute une exposition au blue-jean jusqu'en janvier 2022, revenant sur l'histoire de cette pièce mythique et de ses secrets de fabrication, invitant à s'interroger sur les conditions de production de l'un des vêtements les plus polluants et gourmands en eau. Une belle occasion de mettre en lumièrelumière les alternatives et initiatives qui permettent aujourd'hui de porter un jean sans (trop) impacter l'environnement.

    Quelque 2 milliards de jeans sont vendus dans le monde chaque année, soit une bonne soixantaine par seconde, ce qui en fait l'un des vêtements les plus portés. Seul hic, c'est également l'une des pièces les plus néfastes pour l'environnement sachant que près de 10.000 litres d'eau sont nécessaires pour la fabrication d'un seul et unique jean, et que celui-ci parcourt généralement des dizaines de milliers de kilomètres avant d'atterrir dans votre dressing. Une problématique que l'industrie s'efforce de résoudre depuis plusieurs années déjà, mais qui persiste malgré les efforts de nombreuses marques. 

    Il est aujourd'hui possible de porter des jeans peu gourmands en eau ainsi qu'en produits chimiques, fabriqués à partir de matières responsables et durables. © iprogressman, Getty Images
    Il est aujourd'hui possible de porter des jeans peu gourmands en eau ainsi qu'en produits chimiques, fabriqués à partir de matières responsables et durables. © iprogressman, Getty Images

    L'éco-responsabilité balbutiante de l'industrie textile 

    Il suffit de jeter un œilœil aux nouvelles collections des marques de prêt-à-porter, ou des spécialistes du denim, pour s'apercevoir qu'elles ont récemment pris un virage à 180 degrés pour proposer de nouvelles collections de jeans éco-responsables. Des matièresmatières naturelles, ou plus propres, une fabrication moins gourmande en eau, et même des teintures et des délavages nouvelle génération, sans ou avec moins de produits chimiques : les marques s'engagent progressivement à réduire l'impact environnemental induit par la production d'un jean. Cela ne concerne actuellement qu'une ou plusieurs gammes dans un océan de jeans bien plus polluants, mais il faut bien commencer quelque part, non ? Des marques comme Kaporal, Balzac Paris, Maje, ou même Levi's, pour ne citer qu'elles, proposent toutes désormais des collections éco-responsables pour répondre aux attentes des consommateurs et enjeux environnementaux.

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    Les enjeux des textiles du futur

    Certaines marques sont allées jusqu'à faire le choix d'inscrire le jean éco-responsable au cœur de leur ADNADN. C'est le cas de 1083, qui propose des jeans fabriqués à moins de 1.083 km de chez vous, à partir de matières plus propres et durables comme le coton biologique certifié GOTS ou le coton recyclé. La marque est allée encore plus loin avec l'installation de sa première unité de délavage laserlaser en France, « permettant de délaver des jeans sans aucun impact sur l'environnement ». Que ce soit en France ou à l'international, nombreux sont les labels auprès desquels vous pouvez acheter des jeans responsables (et plutôt accessibles) les yeux fermés : Nudie Jeans, Kings of Indigo, Atelier Tuffery, ou encore MUD Jeans.

     Si l'industrie textile peine à réduire l'impact environnemental de la fabrication de la toile denim, de plus en plus de marques inscrivent le jean éco-responsable au cœur de leur ADN. © Moreno Soppelsa, Adobe Stock
     Si l'industrie textile peine à réduire l'impact environnemental de la fabrication de la toile denim, de plus en plus de marques inscrivent le jean éco-responsable au cœur de leur ADN. © Moreno Soppelsa, Adobe Stock

    Le marché de la location et de la seconde main fait bouger les lignes

    Les plateformes d'occasion -- ou de seconde main -- se multiplient à vitessevitesse grand V depuis le premier confinement. Si on ne présente plus Vinted, il en existe aujourd'hui une multitude, des plus généralistes aux plus pointues. Vestiaire Collective, Patatam, Videdressing, The RealReal, ou encore Label Emmaüs comptent parmi les plus connues, mais aujourd'hui les enseignes traditionnelles se lancent elles aussi dans la seconde main. Dans ce cas, le concept est simple, il s'agit de donner des bons d'achat à leurs clients en échange de pièces en fin de vie ou inutilisées qui se verront offrir une seconde vie. Une alternative pour porter des jeans à moindre impact environnemental (et à moindre coût) puisque ce sont autant de modèles qui ne nécessiteront pas l'eau et les produits chimiques nécessaires à leur production.

    Il existe des alternatives aux modes de consommation traditionnels qui permettent d'éviter la surconsommation, comme le marché de la seconde main ou de la location. © pixarno, Adobe Stock
    Il existe des alternatives aux modes de consommation traditionnels qui permettent d'éviter la surconsommation, comme le marché de la seconde main ou de la location. © pixarno, Adobe Stock

    Dans la même veine, la location peut être une alternative idéale. Initialement réservés aux tenues de soirée ou événements ponctuels, les services de location s'étendent progressivement aux vêtements du quotidien. C'est le cas de Selfridges Rental, lancé récemment, mais également de Le Closet, ou encore Les Apprêtés, qui proposent des vêtements à louer de façon ponctuelle, ou sur abonnement, c'est selon, pour éviter de surconsommer. Fait non négligeable, en cas de réel coup de coeur, il est possible d'acheter les pièces à un tarif préférentiel. Le procédé permet de profiter du confort du jean, et de tester une multitude de coupes, sans nuire à la Planète.

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    Et si vos meubles étaient fabriqués en vêtements recyclés ?

    Des jeans recyclables à l'infini

    Le futur de la mode passera -- forcément -- par les vêtements consignés. Nombreuses sont les marques qui investissent dans cette nouvelle alternative, qui permet de recyclerrecycler des vêtements, collants, baskets, et jeans à l'infini. Le concept est assez simple. Lorsque vous achetez votre jean, vous payez un peu plus cher (la consigne), que vous récupérerez lorsque vous retournerez la pièce en fin de vie. La marque prend ensuite en charge toute la logistique qui permet de transformer votre vieux jean en un nouveau modèle flambant neuf. Chose que propose déjà certaines marques de prêt-à-porter pour certains de leurs modèles. Plus circulaire, c'est difficile.

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    Voici le premier pantalon indestructible qui dure 100 ans

    Le saviez-vous ?

    Pas encore convaincus ? Voici quelques chiffres éloquents :

    • 2,3 milliards : c'est à quelques unités près le nombre de jeans vendus chaque année dans le monde pour près de 7,8 milliards d'habitants. Cela représente 73 jeans vendus par seconde, d'après les statistiques de Planetoscope. Concernant la France, ce sont 63 millions de jeans qui y sont vendus chaque année, soit quasiment un jean par habitant.
    • 65.000 : c'est le nombre de kilomètres que peut parcourir un jean, de la ferme cotonnière à votre dressing, selon l'Ademe. À titre de comparaison, la circonférence de la Terre est estimée à environ 40.000 km. Cela donne un ordre d'idée du chemin parcouru par votre pantalon à cinq poches, et davantage encore de l'éclatement à différents endroits de la Planète de ses diverses étapes de fabrication (et donc des transports nécessaires pour réaliser tous ces kilomètres). C'est cher payé pour un jean troué, éclaté aux genoux ! 
    • 3.781 : c'est le nombre de litres d'eau nécessaires pour fabriquer un jean en prenant en compte les modes de production, de fabrication, de transport et de lavage du coton, d'après le Programme des Nations unies pour l'environnement (Unep). D'autres sources évoquent même jusqu'à 10.000 litres d'eau utilisés pour la conception d'un jean. « Le processus équivaut à environ 33,4 kilogrammes d'équivalent carbone émis, ce qui revient à parcourir 111 kilomètres ou à regarder 246 heures de télévision sur un grand écran », précise l'Unep.
    • 4 : cela correspond à la durée de vie moyenne d'un jean en année, ce qui est peu au regard de son impact sur la Planète. Plus en détail, selon l'Ademe, le pantalon le plus porté au monde s'invite dans les tenues des hommes et des femmes en moyenne un jour par semaine pendant ces quatre années.