La chaîne des Cascades s’étend du Canada jusqu’au nord de la Californie. Et des chercheurs viennent d’y découvrir un trésor caché. Une immense réserve d’eau. Suffira-t-elle à sauver l’ouest des États-Unis des pénuries ?


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    Dans l'ouest des États-Unis, la question du manque d’eau se pose de plus en plus. De manière brûlante, avec les incendies qui ont ravagé Los Angeles.

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    Le réchauffement climatique, en effet, réduit le manteaumanteau neigeux sur la chaîne des Cascades. Il intensifie aussi les sécheresses. Le tout mettant à rude épreuve des ressources déjà limitées dans la région. Mais des chercheurs de l'université de l'Oregon (États-Unis) viennent de faire une découverte qui pourrait détendre la situation.

    Une immense réserve d'eau - d'au moins 81 kilomètres cubes -cachée sous les roches volcaniques du sommet des Cascades centrales de l'État. Une réserve de presque trois fois la capacité maximale du lac Mead, le réservoir actuellement en grande difficulté le long du fleuve Colorado, censé alimenter en eau la Californie, l'Arizona et le Nevada.

    De l’eau en quantité inattendue sous les montagnes volcaniques

    Si les chercheurs se sont intéressés à la région, c'est parce qu'ils espéraient comprendre, justement, comment l'eau se déplace dans ce paysage façonné sur des millions d'années par l'activité volcanique. Dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, ils racontent qu'ils se sont appuyés sur des travaux menés dans les années 1980 et 1990. Des collègues avaient alors foré le sol à la recherche de ressources géothermiques. Mais ils avaient découvert que les roches situées à un kilomètre de profondeur - qui aurait dû être plus chaude - gardaient la même température que les roches de surface. Un effet de l'infiltration de l'eau.

    Le saviez-vous ?

    La découverte de cet immense aquifère sous l'Oregon pourrait aussi avoir de l’importance pour la compréhension que les scientifiques ont des paysages de cette région volcanique. Car les géologues notent que, lorsque le magma jaillit dans des conditions sèches, il se transforme généralement en lave de surface. Mais lorsque de l’eau souterraine entre en jeu, il peut se produire des explosions de gaz et de cendres.

    En analysant où la température commence à remonter dans ces trous de forage profonds, les chercheurs de l'université de l'Oregon ont pu déduire à quelle profondeur les eaux souterraines s'infiltraient à travers les fissures des roches volcaniques. De quoi finalement cartographier le volumevolume de l'aquifère - comprenez, le réservoir d'eau souterrain. Ou du moins, son volume minimal. Parce que les forages - n'étant pas destinés à l'évaluation de la ressource en eau à l'origine - ne couvrent pas l'ensemble de la zone.

    Des doutes quant à la longévité du réservoir d’eau

    Mais les chercheurs restent prudents. « C'est un grand réservoir d'eau souterraine actif à l'heure actuelle, mais sa longévité et sa résiliencerésilience au changement sont déterminées par la disponibilité des eaux de recharge », souligne Leif Karlstrom, géologuegéologue, dans un communiqué de l’université de l’Oregon. L'exemple du Grand bassin Artésien d'Australie est frappant. Il contient presque 1 000 fois plus d'eau, mais ne se recharge pas à l'échelle humaine.

    Et l'aquifère sous les Cascades est surtout rechargé par la neige. Une neige qui devrait se faire de plus en plus rare avec le réchauffement climatique. Les précipitations sous forme de pluie pourraient aider à le maintenir. Mais « une série de mauvais hivershivers, sans pluie » pourrait aussi le mettre en difficulté. Des études supplémentaires seront nécessaires pour en savoir plus sur cette dynamique.