Au début de l'ère des dinosaures, des prédateurs de la taille d'un renard jusqu'à de gigantesques carnassiers peuplaient les écosystèmes. À la fin du Crétacé, la présence des Tyrannosauridés dans certains environnements est pourtant liée à une chute de la diversité des prédateurs moyens... Le règne des lézards tyrans était né.


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    Dans la plupart des écosystèmes, il n'y a de place que pour un seul grand prédateur, il n'est donc pas surprenant que les Tyrannosauridés (des genres Albertosaurus, Gorgosaurus et Tyrannosaurus, par exemple) n'aient pas partagé leur territoire avec d'autres grands carnivores (> 1.000 kgkg). Pourtant, leur occupation d'un environnement est aussi associée à une réduction importante de la diversité des prédateurs de taille moyenne (entre 50 et 1.000 kg).

    Dans une étude publiée dans Canadian Journal of Earth Sciences, le Dr Thomas Holtz de l'université du Maryland a analysé la composition de 60 communautés de dinosaures entre le Jurassique et le CrétacéCrétacé (201 à 66 millions d'années) en Asie et en Amérique du Nord. Il a constaté que lorsque des Tyrannosauridés étaient absents, soit entre 201 et 80 millions d'années, les prédateurs de taille moyenne étaient diversifiés dans l'écosystème. En revanche, lorsque des Tyrannosauridés deviennent des prédateurs apexapex dans ces communautés entre 80 et 66 millions d'années, le Dr Holtz a constaté la raréfaction ou la disparition des prédateurs de taille moyenne.

    Image du site Futura Sciences

    Diversité des prédateurs de moins de 1.000 kg dans des communautés avec (en haut) et sans (en bas) Tyrannosauridés. © Thomas Holtz

    Les tyrannosaures, responsables de la chute de leurs concurrents ?

    L'auteur de cette étude s'interroge donc quant aux causes de ce changement dans la composition spécifique des prédateurs de taille moyenne. Il observe que la diversité des proies demeure inchangée lorsque les tyrannosaurestyrannosaures occupent la place de top prédateurs. Ceci indiquerait donc que ce n'est pas à cause d'une diminution de la quantité des proies que les prédateurs de taille moyenne se sont raréfiés. D'un autre côté, le Dr Holtz indique qu'il est très peu probable que les proies de ces carnivores de moyenne taille aient prospéré dans un environnement sans prédateurs.

    Il propose alors l'hypothèse selon laquelle les jeunes Tyrannosauridés auraient pris la place vacante des prédateurs de taille moyenne. Ils étaient plus petits mais aussi vraisemblablement plus agiles et rapides que les adultes de leurs espècesespèces et devaient donc occuper des niches écologiques différentes de leurs aînés. Cette hypothèse est également soutenue par le fait que les jeunes ne vivaient pas parmi les adultes et que leur régime alimentaire ne provenait donc pas des mêmes événements de chasse.

    Une question demeure en suspens après cette découverte, qui concerne la cause de ce changement de composition dans les communautés de prédateurs. L'une des hypothèses serait que les jeunes Tyrannosauridés étaient des compétiteurs si efficaces qu'ils ont contribué à l'extinction des autres carnivores de taille moyenne dans les environnements qu'ils occupaient. Une hypothèse alternative propose en revanche que ces derniers prédateurs aient disparu suite à un événement externe qui aurait par la suite permis aux jeunes Tyrannosauridés de prendre leur place. Le Dr Holtz espère à présent que l'examen de nouveaux sites datant d'il y a 95 à 80 millions d'années pourra aider à comprendre comment les Tyrannosauridés ont évincé la plupart de leurs espèces concurrentes.

     

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