Records de chaleur, faible étendue de banquise… L’année 2011 montre les signes d’un réchauffement climatique indiscutable, alors même que le phénomène La Niña aurait dû les estomper. C’est ce qui ressort de la déclaration annuelle de l’Organisation météorologique mondiale, dont la version provisoire a été dévoilée lors du sommet sur le climat à Durban.

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    L'organisation météorologique mondiale a présenté la version provisoire de sa déclaration annuelle, faisant le bilan climatique de l'année 2011. © Specmode, Flickr, cc by sa 2.0

    L'organisation météorologique mondiale a présenté la version provisoire de sa déclaration annuelle, faisant le bilan climatique de l'année 2011. © Specmode, Flickr, cc by sa 2.0

    L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a fourni les analyses climatiques préliminaires de l'année 2011 avec un peu d'avance dans le but de pouvoir les annoncer au cours du sommet de Durban. Hier, Michel Jarraud, le secrétaire général de l'OMM a donc dévoilé à Durban le bilan météorologique de 2011.

    Dans le classement des années les plus chaudes (à partir des premières années de mesure), 2011 pointe ainsi à la dixième position. Par rapport à la moyenne de 14 °C calculée sur la période 1961-1990, 2011 (de janvier à octobre uniquement, puisqu'il s'agit de chiffres provisoires) présente une anomalieanomalie positive de 0,41 °C environ. Si elle occupe la dernière place de ce Top 10, c'est uniquement grâce au phénomène météorologique La Niña qui a tendance à refroidir légèrement le climat.

    La banquise rétrécit

    Mais 2011 n'est pas une exception en ce début de XXIe siècle. Les données de l'OMM montrent que les 13 années les plus chaudes se situent parmi les 15 dernières années, donc depuis 1997, l'année du protocole de Kyoto. Joli clin d'œilœil.

    L'anomalie de température (différence par rapport à une valeur moyenne calculée sur la période 1961-1990) depuis 1950. En bleu, les années ayant subi La Niña. © OMM 2011

    L'anomalie de température (différence par rapport à une valeur moyenne calculée sur la période 1961-1990) depuis 1950. En bleu, les années ayant subi La Niña. © OMM 2011

    En outre, la banquise a considérablement fondu, se réduisant à une superficie de 4,33 millions de km² selon l'OMM (contre 4,54 millions de km² selon la Jaxa), soit la surface la plus faible après celle enregistrée en 2007 (4,27 millions de km²). C'est d'ailleurs en 2011 que la fontefonte de la banquise a permis le passage de baleines de l'Atlantique au Pacifique.

    Fortes températures malgré La Niña

    Pourtant, 2011 a fortement été frappée par La NiñaLa Niña : l'épisode le plus fort depuis soixante ans au moins. Ce phénomène climatique induit un refroidissement des eaux. Ainsi, les années durant lesquelles La Niña sévit sont en général plus froides que les années précédentes. Ce fut aussi le cas pour 2011 au cours de laquelle la température globale fut moins importante qu’en 2010.

    Moins importante mais nettement plus chaude que d'autres années frappées par La Niña. Ainsi, 2011 fut plus chaude que 2008 (+ 0,36 °C), 2000 (+ 0,27 °C) et 1989 (+ 0,12 °C). Certes l'année n'est pas tout à fait finie et il se pourrait que les caractéristiques propres à ce phénomène climatique soient plus visibles en toute fin d'année, mais de là à inverser la tendance, c'est très improbable.

    Événements extrêmes en abondance

    Enfin, les événements extrêmes se sont multipliés cette année : sécheresse en Afrique, inondations dans de nombreuses régions du monde et notamment en Asie, abondance de cyclones en Amérique... Ce qui concordeconcorde avec un récent rapport du Giec indiquant que l'intensité des événements climatiques extrêmes allait augmenter avec le réchauffement climatique.

    Avec un tel bilan, on comprend mieux pourquoi le secrétaire général de l'OMM a tenu à présenter ces résultats en avance, pendant le sommet sur le climat. Espérons que cette annonce incitera les décideurs politiques présents à Durban à trouver un terrain d'entente. Car jusque-là, les négociations paraissent très mal engagées...