L’association Générations futures, qui milite contre l'utilisation excessive des pesticides, a annoncé en avoir trouvé à l’intérieur de maisons situées tout près d’activités agricoles, en particulier à proximité de vignobles. En soi, il n’y a rien de surprenant mais certains sont des perturbateurs endocriniens notoires, dont trois sont interdits. La méthode n’est pas scientifique et ne quantifie pas le risque. Elle constitue surtout un appel à mieux légiférer.

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    Armés d'aspirateursaspirateurs munis d'un filtre, 22 volontaires ont fait le ménage chez eux pour prélever des échantillons de poussières. Tous habitent très près (moins de 200 m) de cultures, céréales, vignes ou vergers. L'expérience est à l'initiative de l'association Générations Futures, qui combat l'utilisation intensive des pesticides. Les mesures ont été effectuées l'été, durant la haute saison d'utilisation des produits phytosanitaires, et, pour 5 foyers, répétées en hiver.

    Ces résultats, qui n'oublient pas de prendre en compte d'autres sources possibles, sont exposés dans un communiqué et dans un tableau. Chez tous les foyers étudiés, des pesticides, classiquement utilisés en agricultureagriculture, ont été retrouvés, ce qui n'est pas surprenant - avec une exposition plus grande pour la viticulture (en variété) et les vergers (en quantités) et plus faible pour les céréales.

    En revanche, de façon plus étonnante, chaque habitation contenait entre 8 et 30 pesticides différents. La présence de trois pesticides interdits, la perméthrine, le Diuron et le métolachlore, dans la plupart des foyers étudiés, est aussi plus curieuse. Ils ont été repérés dans, respectivement, 100 %, 91 % et 55 % d'entre eux. L'association souligne l'importance, en quantité, des pesticides considérés comme des perturbateurs endocriniens potentiels. En effet, ils représentent en moyenne 17,3 mg pour 17,6 mg de pesticides quantifiés par kilogrammekilogramme de poussières. Logiquement, les mesures effectuées en hiver montrent une chute drastique des quantités retrouvées mais pas une disparition complète.

    C'est à proximité de vignobles qu'a été trouvée la plus grande variété de pesticides. © J.-L. Goudet, tous droits réservés

    C'est à proximité de vignobles qu'a été trouvée la plus grande variété de pesticides. © J.-L. Goudet, tous droits réservés

    Une étude plus symbolique que scientifique

    Si ces résultats sont spectaculaires, ils sont cependant à prendre avec recul. Comme le souligne l'étude elle-même, l'échantillon est faible. Il faudrait une enquête plus vaste pour préciser les valeurs, d'autant qu'elles varient énormément d'une habitation à l'autre. Le tableau montre souvent un rapport de l'ordre de 500 entre les maximums et les minimums de concentrations mesurées. Il manque également des mesures réalisées dans des habitations situées plus loin de zones agricoles qui permettraient une comparaison. Les produits cosmétiques, par exemple, sont aussi une bonne source de perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens potentiels. Enfin, la présence d'un pesticide n'implique pas un danger certain et on ne peut en conclure quoi que ce soit sur ce le risque encouru.

    Cette étude montre toutefois que la législation européenne sur les perturbateurs endocriniens se fait attendre. Promise pour décembre 2013 mais repoussée à 2017, une définition exploitable du perturbateur endocrinien manque encore. Seule est utilisée celle de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) - expliquée sur le site de l’Anses - mais elle n'indique pas ce qui est dangereux et ce qui ne l'est pas dans les utilisations agricoles ou industrielles. Une moléculemolécule peut en effet présenter des effets mimant, inhibant ou modifiant ceux d'une hormonehormone (c'est la définition d'un perturbateur endocrinien) mais à des doses très fortes, qu'il est impossible de rencontrer la vie quotidienne. En revanche, l'exposition longue à un produit, aux doses rencontrées, ou à plusieurs d'entre eux avec un « effet cocktail » est difficile à évaluer.