Les protéines exprimées par les gènes insérés dans les plants de maïs OGM sont retrouvées dans les cours d’eau autour des champs cultivés, même 6 mois après la récolte. L'impact sur la faune et la flore n'a pas été analysé.

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    Les champs de maïs américains contiennent à 85 % des OGM. © Google Maps

    Les champs de maïs américains contiennent à 85 % des OGM. © Google Maps

    Aux États-Unis, les OGM sont loin d'être exceptionnels : 85 % du maïsmaïs produit est génétiquement modifié. Il contient des gènesgènes de résistancerésistance aux herbicides ou aux insectes qui pourraient endommager les cultures. L'une des modifications génétiquesgénétiques apportées les plus courantes est celle du gène de la bactérie Bacillus thuringiensis, donnant le maïs Bt. Ce micro-organisme sécrète naturellement une protéineprotéine aux propriétés pesticides, une endotoxineendotoxine delta du nom de Cry1Ab. Exprimée dans la plante, elle confère une résistance face à la pyrale du maïs, un des principaux insectes dévastateurs. En 2009, 63 % du maïs cultivé dans le Middle West américain possédait cette modification génétique.

    Quelles conséquences pour l'environnement ?

    L'une des préoccupations des écologistes est de comprendre l'impact de telles cultures sur l'environnement. Le gène et son produit, la protéine Cry1Ab, sont-ils restreints à la plante vivante, ou au contraire peuvent-ils être retrouvés au voisinage des champs ?

    Des chercheurs du Cary Institute of Ecosystem Studies basé à Millbrook ont alors tenté d'analyser la possible présence des produits des gènes de résistance dans la nature. Six mois après la saisonsaison de la récolte du maïs, les scientifiques ont prélevé des échantillons dans 217 ruisseaux de l'État de l'Indiana, aux alentours des champs. Les résultats sont publiés dans le journal Pnas.

    Ils ont tout d'abord constaté la présence de déchetsdéchets de plants de maïs (feuilles, épis, tiges...) dans 86 % des ruisseaux. Cette découverte n'est pas surprenante puisque certains modes de culture actuels préconisent de laisser les pieds de maïs sur place après récolte pour éviter l'érosion.

    La pyrale du maïs est le principal dévastateur du maïs. La protéine Cry1Ab issue de la bactérie <em>Bacillus thuringiensis</em> aide les cultures de maïs Bt à résister face à l'insecte. © DR

    La pyrale du maïs est le principal dévastateur du maïs. La protéine Cry1Ab issue de la bactérie Bacillus thuringiensis aide les cultures de maïs Bt à résister face à l'insecte. © DR

    Cry1Ab est retrouvée dans l’eau

    Si les résidus de plantes ne sont plus vivants, des quantités détectables de protéine Cry1Ab ont néanmoins été retrouvées dans les déchets de maïs Bt sur 13 % des sites analysés. De plus, la recherche de la protéine directement dans l'eau a montré que près d'un quart des sites analysés (23 %) contient des traces de la protéine Cry1Ab dissoute. La protéine est donc capable de persister plusieurs mois dans la nature.

    Tous les sites possédant des quantités détectables de la protéine dans l'eau sont situés à moins de 500 mètres des champs. Or, d'après l'estimation des chercheurs, réalisée grâce aux données du Département de l'AgricultureAgriculture américain, dans la Corn Belt (la région principale de culture du maïs aux États-Unis, composée essentiellement de l'Illinois, l'Indiana et de l'Iowa), 91 % des 256.446 kilomètres de cours d'eau sont situés à moins de 500 mètres des champs. Un grand nombre de ruisseaux supplémentaires risquent donc d'être contaminés par la protéine Cry1Ab.

    Si la présence de la protéine aux propriétés insecticidesinsecticides est avérée dans certains cours d'eau, l'étude en question ne va pas jusqu'à l'analyse des conséquences pour l'environnement. Les concentrations retrouvées semblent être bien faibles pour avoir un impact sur les insectes ou les populations des cours d'eau. De plus, la protéine peut être partiellement dégradée et perdre ses propriétés. Cependant, il semble nécessaire de poursuivre l'étude pour obtenir des réponses concrètes à ces questions, d'autant que des études préliminaires avaient déjà suspecté les débris du maïs Bt d'affecter la faune aquatique.