Êtes-vous prêts à déguster une viande cultivée dans un réacteur ? C’est en tout cas ce que propose, depuis quelques semaines, un restaurant de Singapour. Des nuggets de poulet produits à partir de cellules souches.


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    Selon les estimations, l'élevage serait responsable de plus de 15 % de nos émissions de CO2. Il pose également d'autres questions comme celle de sa part dans l'augmentation des maladies résistantes aux antibiotiquesantibiotiques. Alors certains se sont lancé le défi de produire en laboratoire, à partir de cellules souchescellules souches et sans plus tuer d'animaux, celles que l'on appelle aujourd'hui, des viandes cultivées. Le premier steak du genre est arrivé dans une assiette en 2013, à Londres.

    En décembre 2020, un nouveau pas a été franchi. La Singapore Food Agency a autorisé la vente de viande cultivée sur son territoire. Une première mondiale ! Et il n'a pas fallu attendre bien longtemps avant qu'un restaurant, le 1880, ne la mette à son menu. Une viande de poulet -- vendue sous forme de nuggets -- fabriquée dans un bioréacteur par la start-upstart-up américaine Eat Just.

    La start-up Eat Just produit depuis quelques semaines du poulet cultivé servi dans un restaurant de Singapour. © Eat Just
    La start-up Eat Just produit depuis quelques semaines du poulet cultivé servi dans un restaurant de Singapour. © Eat Just

    Pour le bien de la Planète ?

    Eat Just n'est pas la seule start-up à produire des viandes cultivées à partir de cellules souches récoltées sur du tissu musculaire. D'autres proposent désormais de la viande de porc ou encore de bœuf in vitroin vitro. Et même des fruits mer. Avec l'espoir de réduire l'empreinte carbonecarbone de notre consommation de viande, sans nous en priver.

    Mais le calcul pourrait ne pas être aussi simple. Les chercheurs semblent certes s'accorder sur le fait que la culture de viande est plus durable au départ. Elle émet ainsi presque deux fois moins de carbone. Malheureusement, elle pourrait perdre son avantage avec le temps, tenant compte du fait notamment que tous les gaz à effet de serre (CO2, CH4, etc.) ne se valent pas.


    Nous mangerons bientôt de la viande issue de cellules cultivées

    Depuis quelques mois, les images d'actes de cruauté commis dans les abattoirs se multiplient sur nos écrans. Quelque 10 % des Français envisageraient désormais de devenir végétariensvégétariens, selon une étude Opinion Way menée en 2016. Sans oublier les dégâts écologiques qu'impliquent les élevages massifs. Une start-up américaine propose de balayer d'un revers de main ces questions épineuses en produisant de la viande à partir de cellules cultivées.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 21/03/2017

    « Pourquoi nourrir puis abattre des animaux alors que nous pouvons produire de la viande de façon bien plus propre ? » C'est la question que posait il y a quelques mois, une start-up américaine basée près de San Francisco sur son site internetinternet. Aujourd'hui, les responsables de Memphis Meat annoncent sur leur blogblog, avoir produit la première viande de poulet et de canard au monde à partir de cellules cultivées. Photo d'un morceau de poulet frit à l'appui !

    La méthode de production de viande développée par Memphis Meat mobiliserait 90 % moins d'espace et d'eau que l'élevage traditionnel. Elle serait également beaucoup moins émettrice de gaz à effet de serre. L'ennui, c'est que pour l'instant, elle est également largement plus coûteuse : près de 20.000 euros le kilo, tout de même !

    Avec le poulet frit, le canard à l’orange est l’un des premiers plats cuisinés issus de cellules cultivées. © Alpha, Wikipedia, CC by-SA 2,0
    Avec le poulet frit, le canard à l’orange est l’un des premiers plats cuisinés issus de cellules cultivées. © Alpha, Wikipedia, CC by-SA 2,0

    Une viande sans animal dans nos supermarchés en 2021

    Pour arriver à leurs fins, les ingénieurs de la start-up américaine ont d'abord dû identifier, parmi des échantillons de cellules animales, celles qui seraient les plus susceptibles de se multiplier. Celles-ci ont ensuite été placées dans des bioréacteurs et nourries d'oxygène et de tous les nutrimentsnutriments nécessaires à leur développement. Ne restait alors plus qu'à faire preuve d'un peu de patience et ils ont pu en extraire une viande propre à la consommation humaine.

    C'est en tout cas ce qu'ils avancent. Car avant de pouvoir commercialiser cette viande nouvelle génération, il faudra que le process soit validé par le législateur. Il faudra aussi que Memphis Meat passe du stade de la production de laboratoire à celui de la production de massemasse. Les responsables de la start-up américaine assurent être en mesure de franchir toutes ces étapes d'ici 2021 !


    De la viande bovine à partir de cellules souches

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, paru le 21/02/2012

    « Il vaudrait mieux élever des cellules que des vaches » : c'est en substance ce qu'affirment des biologistes réunis au Canada. Dans quelques décennies, il faudra selon eux avoir trouvé une alternative aux élevages d'animaux, trop gros consommateurs de surface, d'eau et d'énergieénergie.

    Au dernier congrès de l'AAAS qui s'est tenu à Vancouver ce weekend, on a beaucoup parlé d'alimentation. Certains ont accusé les élevages de crevettes de détruire les mangroves. Mark Post est plus radical, lui voudrait à terme remplacer la viande par des tissus cellulaires cultivés au laboratoire.

    Son laboratoire de l'université de Maastricht (Pays-Bas) l'a fait en partant de cellules souches extraites de bovins et les transformant en cellules musculairescellules musculaires. Le résultat n'est pas un tissu musculaire, mais une sorte de gelée. Mark Post promet tout de même un vrai steak au mois d'octobre, avec un coût de production... de 250.000 euros.

    L'objectif de cette équipe n'est pas de faire progresser la science des cellules souches mais bel et bien d'explorer la piste d'une viande artificielle qui remplacerait un jour celle des animaux.

    Le tissu musculaire laborieusement cultivé à l'université de Maastricht reste encore bien moins appétissant qu'une entrecôte de bœuf charolais. Mais les biologistes promettent de pouvoir faire mieux. © Mark Post
    Le tissu musculaire laborieusement cultivé à l'université de Maastricht reste encore bien moins appétissant qu'une entrecôte de bœuf charolais. Mais les biologistes promettent de pouvoir faire mieux. © Mark Post

    La viande artificielle, avenir de l'agriculture ?

    L'idée n'est pas neuve et l'argumentaire est juste. Les élevages de bovins consomment de vastes surfaces agricoles et réclament beaucoup d'énergie. En comparaison, les cultures sont bien moins gourmandes. À l'échelle de l'humanité, une alimentation végétarienne serait bien plus économe en surfaces nécessaires, en consommation énergétiqueconsommation énergétique, en pollution et en émissionémission de carbone. Avec 1 milliard de personnes sur la planète, l'alimentation carnée a peu d'effet sur l'environnement. Avec 7 milliards, c'est une autre affaire.

    En Suède, à l'université de Chalmers, un colloque avait réuni en 2011 des spécialistes du sujet sur ce thème de la viande de culture. Dans un document publié pour l'occasion (Background information, cultured meat), quelques chiffres étaient proposés, impressionnants. Par rapport à l'élevage animal, la production de viande artificielle réduirait :

    • les besoins en énergie de 45 % ;
    • les émissions de gaz à effet de serre de 96 % ;
    • les superficies nécessaires de 99 % ;
    • la consommation d'eau de 96 %.

    D'après les biologistes réunis à Vancouver, la production de viande devrait doubler d'ici à 2050 et il serait impératif de réduire l'impact des élevages sur l'environnement. De plus, la viande artificielle serait plus facile à contrôler et sa qualité serait constante. Les chercheurs affirment pouvoir à terme imiter les muscles de n'importe quel animal et on pourra peut-être un jour hésiter entre une cuisse de vautour et une entrecôte de koala.