En 2011, le tsunami du Japon a charrié plus de cinq millions de tonnes de débris dans l'océan. Il y a quelques jours, des organes de presse expliquaient qu'une plaque de débris de plus de 70.000 km2 dérivait en direction de la côte ouest des États-Unis. L'information est fausse, et voici les explications.
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Une île de déchets de la taille de l'État du Texas se déplace dans l'océan Pacifique et pourrait percuter la côte ouest des États-Unis prochainement. C'est ce que révélait il y a peu le journal Daily Mail, en se basant sur un communiqué de la NOAA. L'information-choc a été relayée par certains journaux français. Pourtant, la notion d'île macroscopique de déchets est tout à fait erronée : il n'existe pas dans l'océan Pacifique d'amas de débris du tsunami de cette taille.
Le 11 mars 2011, le Japon était dévasté par un tsunami, dont la vague a atteint par endroits presque 38 m de haut. Cette catastrophe naturelle a provoqué la mort de plus de 18.000 personnes, causé une catastrophe nucléaire et déversé plus de cinq millions de tonnes de débris dans l'océan Pacifique. Des maisons, des bateaux, des infrastructures routières, du plastique... quantité de débris ont été charriés dans le plus grand océan du monde, et on estime que 70 % d'entre eux auraient rapidement coulé à proximité des côtes japonaises.
Dans les 30 % restants, certains macrodéchets surprenants ont dérivé jusqu'au bord est du bassin. Un bateau japonais de 50 m de long a par exemple été retrouvé dans les eaux états-uniennes, un an après le tsunami. Qu'est-il advenu du reste des débris ? Pour répondre à cette question, la NOAA a développé un modèle numérique qui utilise les données passées des courants océaniques du Pacifique pour prévoir les trajectoires possibles pour ces déchets. Le modèle montre que la majeure partie des débris du tsunami s'est dispersée dans le Pacifique, au nord-est d'Hawaï et des îles Midway.
Pas de plaques de déchets dans le Pacifique Nord
Les déchets seraient effectivement en train de dériver vers la côte ouest de l'Amérique du Nord, mais ils ne constituent en aucun cas une plaque de déchets. Les débris sont immergés dans l'océan depuis presque trois ans, ils ont été dégradés et sont répartis sur une immense zone géographique. L'infographie réalisée par la NOAA, source probable de ce malentendu, montre la propagation globale de tous les débris simulés et la zone où il peut y avoir une plus forte concentration de débris flottants (comme le bois).
« Cela ne signifie pas qu'il y a un amas de masse, le modèle ne nous dit pas combien il y a de déchets. Cela montre simplement qu'il peut exister plus de débris dans cette zone que dans le reste de l'océan. Par ailleurs, les observations de cette région avec les satellites n'ont pas montré de débris », expliquait pourtant le communiqué. S'il n'y a donc pas d'île de débris, certains macrodéchets pourraient encore s'échouer sur les plages, et il est tout à fait probable que de gros débris soient encore en train de dériver. Toutefois, il y a peu de chances de trouver des débris radioactifs.
Cette fausse interprétation des résultats des simulations du modèle de la NOAA rappelle celle qu'ont souvent le grand public et les médias de la pollution des océans. Près de 10 % de la production annuelle de plastique finit dans les océans. Les courants océaniques engendrent une accumulation de ce plastique au centre des gyres, souvent appelée île de plastique, ou 7e continent pour celle du Pacifique Nord. La notion d'île est erronée puisqu'elle évoque une plaque de plastique macroscopique. Ce matériau est rapidement dégradé dans l'océan, et les scientifiques parlent plutôt de soupe de plastique. Il n'existe donc pas à proprement parler de plaques de débris du tsunami ou de plastique, mais la pollution des océans est subtile. Même si elle est dispersée dans tout l'océan, l'impact sur la vie aquatique est bien réelle.
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