Chaque année, des quantités importantes d’huiles alimentaires usagées sont rejetées dans les égouts. Des élèves ingénieurs de Sup’Biotech ont décidé de s’attaquer au problème. Ils développent un procédé écologique et économique de revalorisation de ces huiles en bioplastique.


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    Vidées dans les canalisationscanalisations, elles peuvent les obstruer en se figeant. Elles nuisent également aux capacités de traitement des stations d'épuration. Mélangées à d'autres déchets ménagers, elles perturbent leur recyclagerecyclage et sont sources de pollution. Déversées dans la nature, elles ont des conséquences néfastes sur l'environnement. Elles, ce sont les huiles alimentaires usagées.

    Nous nous inscrivons dans la perspective d’une société zéro déchet

    Et c'est précisément pour trouver une solution au problème du traitement de ces huiles alimentaires que des étudiants de Sup'Biotech, une école d'ingénieurs en biotechnologiesbiotechnologies (Paris), ont imaginé le projet Bioplast'Oil. Objectif : produire à partir d'huiles alimentaires usagées, un bioplastique à usage industriel. « En plus de répondre à une demande forte d'alternatives aux plastiquesplastiques issus de la pétrochimie, nous nous inscrivons dans la perspective d'une société zéro déchetdéchet telle que souhaitée par l'Europe », explique Pierre-Antoine Bar, le chef de projet.

    « Aujourd'hui, la production de bioplastique se heurte à trois difficultés : la compétition avec la production alimentaire -- car les bioplastiques sont généralement issus de matières végétales telles que le bléblé, le maïsmaïs ou la pomme de terrepomme de terre --, le recours à des réactifs chimiques et une phase d'extraction énergivore et fortement consommatrice de solvants nocifs, précise le chef de projet. Nous avons décidé de nous attaquer à l'ensemble de ces problèmes pour concevoir une solution entièrement verte et économique. »

    Le projet a vu le jour en 2017, dans le cadre du programme Sup'Biotech Innovation Project et le petit groupe de six étudiants a rapidement arrêté son choix sur un procédé de production de bioplastique. Il consiste à dégrader les huiles alimentaires usagées pour les transformer en bioplastique grâce à des bactériesbactéries. Aujourd'hui, Pierre-Antoine Bar et son responsable scientifique, Maxime Laheurte, portent leur projet en stage de fin d'études en vue d'une création d'entreprise.

    On pourrait penser que les huiles alimentaires ne représentent aucun danger de pollution. Mais ce n’est pas le cas. Le projet de revalorisation de ces huiles usagées – comme les huiles de fritures – en bioplastique développé par des élèves ingénieurs de Sup’Biotech semble donc intéressant. © JackStock, Adobe Stock
    On pourrait penser que les huiles alimentaires ne représentent aucun danger de pollution. Mais ce n’est pas le cas. Le projet de revalorisation de ces huiles usagées – comme les huiles de fritures – en bioplastique développé par des élèves ingénieurs de Sup’Biotech semble donc intéressant. © JackStock, Adobe Stock

    Un bioplastique pour de nombreuses applications

    « Le soutien de Sup'Biotech nous a été précieux. Il nous a notamment permis de considérer tous les aspects du développement de notre projet, des aspects très techniques aux aspects plus économiques ou sociétaux, raconte le chef du projet Bioplast'Oil. Aujourd'hui, nous jouissons du statut national d'étudiant-entrepreneurstatut national d'étudiant-entrepreneur qui nous permet de continuer à mener à bien notre projet en étant toujours conseillés et accompagnés par des enseignants et des professionnels. »

    Récemment, le duo a passé la vitesse supérieure. Grâce au programme Shaker, proposé par le biocluster Genopole. « Il nous donne accès à des laboratoires et à des moyens que nous n'avions pas à l'école. Notre objectif est de développer une preuve de concept dans les trois mois », poursuit Pierre-Antoine Bar.

    Les deux étudiants entrepreneurs commencent tout juste leur travail à plein temps au sein de leur structure pour évoluer au niveau technique afin que le projet Bioplast'Oil gagne en maturité. Aujourd'hui, le duo cherche d'ailleurs à s'allier le savoir-faire d'un chimiste des polymèrespolymères.

    « Le polymère que nous cherchons à obtenir est très intéressant, car il promet d'être biosourcé, biodégradablebiodégradable et biocompatible. De quoi le rendre intéressant pour de nombreux secteurs industriels, assure le chef de projet. Il pourrait par exemple remplacer avantageusement les plastiques utilisés pour la pêchepêche et qui constituent aujourd'hui 40 % des déchets plastiques en mer. »