Par Quentin Mauguit, Futura
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Les bioplastiques à base de PHA semblent promis à un bel avenir, mais leur production coûte actuellement trop cher. L'exploitation de bactéries, que l'on nourrirait avec des huiles de cuisson usagées plutôt qu'avec du sucre, pourrait apporter une solution élégante.
La question des déchets plastiques revient de plus en plus souvent sur le devant de la scène. Ce matériau a certes révolutionné notre quotidien de bien des manières mais il présente un inconvénient de taille : il n'est pas biodégradable et peut donc s'accumuler dans l'environnement. Pour preuve, un véritable continent de particules de plastique ou microplastiques de près de 3,43 millions de km² flotterait actuellement dans le Pacifique.
La solution à ce problème environnemental majeur pourrait provenir de la nature. Plusieurs organismes, à l'image de la bactérie Ralstonia eutropha, sont en effet capables de synthétiser des polyhydroxyalkanoates (PHA). Ces polyesters sont dégradables et présentent des caractéristiques proches de celles des pétroplastiques. Des bioplastiques de ce type sont déjà produits à partir de micro-organismes mais cette industrie est peu rentable, les coûts de fabrication étant trop élevés. Il faut en effet fournir de grandes quantités de glucose aux bactéries pour que la fermentation puisse se faire efficacement.
Des chercheurs de l'University of Wolverhampton (Royaume-Uni) pourraient avoir trouvé la solution. Ils sont en effet parvenus à produire du bioplastique en fournissant des huiles de cuisson usagées à des bactéries adaptées. Cette nouvelle technique basée sur le recyclage d'un produit aisément disponible devrait à terme faire chuter les coûts de production. Elle a été présentée par Iza Radecka et Victor Irorere à la conférence automnale de la Society for General Microbiology (SGM) à l'University of Warnick (Royaume-Uni).
Les chercheurs ont utilisé une souche génétiquement modifiée de la bactérie Ralstonia eutropha H16. Sa particularité réside dans le fait qu'elle utilise des lipides lors de la fermentation, donc pour la synthèse des plastiques. Le résultat est pour le moins efficace. Les nouvelles bactéries grandissent beaucoup plus vite en présence d'huiles que celles nourries avec du sucre. Durant la période test (48 heures), la production de poly-3-hydroxybutyrate (PHB), un polymère de la famille des PHA, a même triplé par rapport à celle du groupe témoin.
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Non toxique, ce plastique d'origine biologique serait de plus particulièrement bien adapté pour des applications médicales, comme la réalisation de nanocapsules utilisées dans le cadre de traitements contre le cancer ou pour la fabrication d'implants.
Cette méthode pourrait donc à la fois réduire la quantité de déchets plastiques non dégradables et celui des déversements illégaux d'huiles usagées. Les avantages sont donc doubles. Il reste encore une étape importante à franchir : sortir le concept du laboratoire et l'adapter au niveau industriel.