De façon récurrente, les oliveraies sont attaquées, parfois ravagées, par un insecte, la mouche des olives. Pesticides, argile, pièges…, les moyens de lutte sont variés mais pas toujours efficaces. Une étudiante de SupBiotech, qui connaît bien le problème, explore une nouvelle voie, biomimétique, consistant à imiter les signaux chimiques pour, d’une part, éloigner les parasites des oliviers et, d’autre part, les attirer dans des pièges. Voici Athénolive, présenté par Marion Canale, sa conceptrice.

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    En 2014, une saison printanière et estivale humide a beaucoup plu à un diptère amateur d'olive, Bactrocera oleae, qui a pullulé. Les oliveraies du sud de l'Europe, dont celle du grand-père de Marion Canale, ont été dévastées. « En dehors de ces années où l'insecte prolifère, il touche entre 5 et 30 % de la récolte », rapporte-t-elle. Devenue étudiante à l'école SupBiotech, elle tenait là le sujet de son travail de fin d'étude et même de son parcours professionnel.

    Ce cauchemar de l'oléiculteur méditerranéen est connu depuis des siècles. C'est la mouche de l'olive. La femelle, attirée par le fruit (et par aucun autre), en découpe la peau et dépose soigneusement ses œufs à l'intérieur, procurant aux futures larves le gîte et le couvert. L'olive ainsi dévorée de l'intérieur ne peut plus donner de l'huile convenable. Pour combattre cet insecte, de nombreux moyens ont été imaginés, depuis le piégeage, massif ou pas, jusqu'aux pesticides. « Les pièges ne fonctionnent pas très bien, constate Marion Canale, et les pesticides posent des problèmes environnementaux, quand ils ne sont pas tout simplement interdits. De plus, des résistancesrésistances apparaissent chez l'insecte. » Reste la pulvérisation d'argileargile sur les arbresarbres, qui empêche la mouche de découper la peau de l'olive, « mais la méthode est assez coûteuse et nécessite de nombreux passages en tracteur dans l'exploitation ».


    Marion Canale explique la piste explorée par son équipe lors du concours organisé par Reporters d’espoirs, La France des solutions, où le projet sera récompensé . © Reporters d’espoirs, YouTube

    La piste de l'écologie chimique

    L'équipe de son projet, baptisé Athénolive, en l'honneur de la déesse bien sûr, travaille sur une piste encore inexplorée pour cet insecte, l'écologie chimique. L'idée est d'utiliser un répulsif et un attractif. « L'attractif sera une moléculemolécule présente à la surface du fruit et qui attire la mouche - ce que l'on appelle une kairomone. Elle sera piégée sur des plaques engluées. Le répulsif sera un composé présent dans le fruit et qui repousse la mouche. Il faut savoir qu'après la ponte, elle laisse une trace chimique de son passage qui évite que d'autres femelles viennent pondre au même endroit. Répandue autour de l'oliveraie, elle éloignera les insectes. » Athénolive a été récompensé en octobre 2017 par l'association Reporters d'Espoirs lors du concours La France des Solutions.

    En soi, l'approche n'est pas nouvelle. « L'Inra l'a étudiée pour la bruche de la fèvefève ». Mais il faut en passer par une analyse fine des molécules présentes dans un broyat d'olives avec des instruments comme un chromatographe en phase gazeuse et un spectromètrespectromètre de massemasse, et c'est ce que cherche aujourd'hui la jeune femme, qui a devant elle plusieurs solutions. Le résultat serait un moyen simple, efficace et propre vis-à-vis de l'environnement pour épargner les oliveraies d'un mal séculaire.