Certains sont sceptiques et veulent croire à un évènement exceptionnel. Mais une nouvelle revue d’études scientifiques le confirme aujourd’hui. Le réchauffement climatique accroît le risque que surviennent des feux de forêt.


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    Alors que de monstrueux incendies ravagent l'Australie depuis plusieurs mois déjà, la question est sur toutes les lèvres. Doit-on s'attendre à ce type d'épisodes dramatiques plus souvent du fait du réchauffement climatique ? Pour y répondre, des chercheurs de l'Imperial College London (Royaume-Uni) ont analysé 57 études scientifiques publiées depuis le cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat paru en 2013.

    La conclusion ne laisse pas de place au doute. Toutes ces études montrent un lien entre le réchauffement climatique et le risque de voir survenir des feux de forêt plus fréquents ou plus intenses. Le résultat d'une combinaison de phénomènes défavorables : températures élevées, faible humidité, faibles précipitations et souvent, vents violents.

    Des analyses de charbon de bois sédimentaire et d’autres indicateurs d’une activité incendie montrent que durant tout l’Holocène – soit les 10.000 dernières années de l’histoire de notre Terre –, les périodes les plus chaudes ont coïncidé avec des incendies plus nombreux et plus importants. © Vladimir Ya, Adobe Stock
    Des analyses de charbon de bois sédimentaire et d’autres indicateurs d’une activité incendie montrent que durant tout l’Holocène – soit les 10.000 dernières années de l’histoire de notre Terre –, les périodes les plus chaudes ont coïncidé avec des incendies plus nombreux et plus importants. © Vladimir Ya, Adobe Stock

    Des solutions pour limiter les incendies

    Entre 1979 et 2013, les saisons des incendies se sont globalement allongées à l'échelle mondiale. Des situations extrêmes comme celles que connaît aujourd'hui l'Australie se reproduiront désormais à chaque fois que des fluctuations naturelles à grande échelle - comme un fort dipôle de l'océan Indien - combineront leurs effets avec ceux du réchauffement climatique.

    Selon les chercheurs, deux possibilités s'offrent désormais à nous. La première : mettre en œuvre des politiques de gestion des terres et des territoires cohérentes avec ce nouveau risque. La seconde, bien sûr : limiter le réchauffement à moins de 2 °C. Ce qui semble désormais de plus en plus difficile à envisager.


    Réchauffement : de plus en plus de risques d'incendies dans l'Europe méditerranéenne

    La région méditerranéenne, si appréciée des touristes, est aussi une zone particulièrement propice aux incendies, des catastrophes naturelles intimement liées aux conditions climatiques. Si les températures augmentent de 1,5 °C, les surfaces qui partiront en flammes pourraient augmenter de 40 % dans cette région.

    Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray paru 08/10/2018

    Herbes sèches, chaleur… Des conditions propices aux feux. © meepoohyaphoto, Fotolia
    Herbes sèches, chaleur… Des conditions propices aux feux. © meepoohyaphoto, Fotolia

    Grèce, Espagne, Italie, sud de la France... Vous rêvez déjà de partir l'été prochain sur une plage de la Méditerranée ? Si ces destinations sont plébiscitées par les touristes, elles réunissent aussi des conditions climatiques favorables aux feux de forêts. Cet été, les incendies ont frappé durement la Grèce, faisant près d'une centaine de morts dans la station balnéaire de Mati.

    Les incendies, en plus de menacer des vies humaines, créent des dommages importants pour l'environnement et la vie économique d'une région. Or un nouvel article paru dans Nature Communications suggère que les incendies de l'Europe méditerranéenne seront de plus en plus fréquents à l'avenir à cause du réchauffement climatique.

    Dans cet article, les chercheurs de l'université de Barcelone ont modélisé les surfaces susceptibles d'être touchées par des incendies dans les années à venir, en fonction de différents scénarios de réchauffement climatique : + 1,5 °C, + 2 °C et  + 3 °C. Plus le climat est chaud, plus la végétation s'assèche et risque de flamber facilement.

    Des paysages idylliques, mais avec un risque d’incendies bien réel. © kstipek, Fotolia
    Des paysages idylliques, mais avec un risque d’incendies bien réel. © kstipek, Fotolia

    Des terres abandonnées par l’agriculture plus sujettes aux feux

    Les chercheurs ont trouvé que, dans ces trois hypothèses, les surfaces brûlées seront plus étendues ; et plus les températures montent, plus la surface qui part en fumée est importante. Pour 3 °C de température supplémentaires, les surfaces touchées par le feufeu devraient quasiment doubler. Même en respectant les accords de Paris de 2015 et en limitant la hausse des températures à 1,5 °C, la surface qui serait détruite augmenterait de 40 %...

    Dans The Conversation, deux géographes de l'université de Swansea au Pays de GallesGalles ont commenté ces résultats. Ils font remarquer que l'étude ne tient pas compte de l'impact des comportements humains. En effet, l'homme est souvent l'incendiaire et son comportement influence la couverture végétale des sols.

    Les terres intensément pâturées ou cultivées autrefois sont envahies d'arbustes ou remplacées par des peuplements forestiers sujets au feu

    L'urbanisation et le développement de l'agriculture réduisent la quantité de surfaces susceptibles de brûler. Mais la modification des pratiques agricoles peut aussi expliquer, en plus du changement climatique, que les incendies soient plus nombreux : « En Europe méditerranéenne, la situation est particulièrement complexe car, actuellement, l'abandon de l'utilisation traditionnelle des sols modifie la végétation de manière plus spectaculaire que le changement climatique. Les terresterres autrefois intensément pâturées ou cultivées sont envahies d'arbustes ou remplacées par des peuplements forestiers sujets au feu, une tendance qui rend le paysage plus inflammable ».

    Cet été, les surfaces parties en fumée en Grèce sont deux fois moins étendues que la moyenne des années 2008 à 2017, mais « une végétation sèche abondante pour le carburant, des vents violents et une densité de population élevée ont provoqué l'incendie le plus meurtrier jamais enregistré en Grèce ».

    Pour limiter le risque incendie, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi avoir une politique d'agriculture et d'aménagement du territoire qui tienne compte de ce paramètre. Le problème ne se confine pas à l'Europe méditerranéenne. En Amérique du nord, les surfaces touchées par les incendies augmentent également.