Les points de basculement climatiques, comme les appellent les scientifiques. Les points de non-retour, comme ils sont souvent présentés. Vous en avez sûrement déjà entendu parler. Et aujourd’hui, des chercheurs leur donnent un peu plus de réalité en montrant qu’ils ont déjà été franchis par le passé.

Cela vous intéressera aussi

[EN VIDÉO] Changement climatique : à quand le point de non-retour ? Depuis le début de l’ère industrielle, la Terre se réchauffe. Lentement, mais sûrement. Et elle...

Un point de basculement – on parle parfois aussi de point de non-retour, ça fait plus dramatique encore –, c’est un seuil au-delà duquel un système – notre système climatique, en l’occurrence – est amené à se réorganiser de façon brusque et irréversible. Et depuis des décennies maintenant, les scientifiques débattent pour savoir si le réchauffement climatique anthropique est de ces changements qui pourraient faire franchir à notre climat, un point de non-retour. De ceux qui pourraient s’amplifier brutalement en déclenchant lui-même un dégagement massif de gaz à effet de serre.

Voir aussi

Le dernier rapport du Giec vient de sortir : le point de non-retour n'a jamais été aussi proche

En effet, le pergélisol, en restant constamment gelé, stocke d’énormes quantités de carbone dans le sol de Russie et du Canada, notamment. Le fond de l’océan, lui, stocke des millions de tonnes de méthane (CH4) sous forme d’hydrates de méthane. Mais avec l’augmentation des températures, ces réservoirs pourraient devenir instables, préviennent de nombreux climatologues. Une fois le point de basculement franchi, ils pourraient libérer, d’un seul coup, des volumes colossaux de gaz à effet de serre dans notre atmosphère.

Des changements irréversibles

Et aujourd’hui, des chercheurs des universités de Wageningue et d’Utrecht (Pays-Bas) présentent des preuves que les points de basculement sont bel et bien une réalité du système climatique terrestre. Selon eux, les trois phases de réchauffement climatique rapide enregistrées il y a entre 59 et 52 millions d’années ont en effet été causées par le franchissement de points de basculement climatiques. Les grands volumes de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane dégagés dans l’atmosphère à ces époques ont fait monter les températures. Ce qui a déstabilisé les réservoirs de carbone naturels. Libérant un surplus de gaz à effet de serre. Faisant à son tour grimper un peu plus les températures et entretenant la réaction en chaîne.

Les chercheurs expliquent qu’une fois le point de basculement franchi, le système climatique retrouve un nouvel état stable. Et irréversible. Du moins à l’échelle humaine. Sur ce point-là non plus, il ne sera plus donc désormais possible de prétendre que « personne n’aurait pu prédire »…