Avec une température diurne dépassant les 32 °C, les forêts tropicales pourraient relâcher du carbone et perdre leur rôle de réservoir majeur de CO2, d'après une récente étude, ce qui contribuerait à accélérer le réchauffement climatique.


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    Les forêts tropicales pourraient perdre leur rôle de réservoir majeur de carbonecarbone si la température diurnediurne dépasse les 32 °C, une situation qui toucherait près des trois quarts de ces forêts si le réchauffement climatique atteint 2 °C, selon une étude publiée dans Science. « Les forêts tropicales stockent actuellement l'équivalent d'un quart de siècle d'émissionémission de dioxyde de carbone. Or, le réchauffement climatique risque de réduire ce stock si la croissance des arbres diminue ou si le taux de mortalité des arbres augmente, accélérant par la même occasion le changement climatique », selon un communiqué de presse du Cirad, qui a participé à cette étude ayant mobilisé 225 chercheurs.

    Avec le réchauffement climatique, les forêts tropicales pourraient relâcher du carbone plutôt que de le stocker. © AFP archives
    Avec le réchauffement climatique, les forêts tropicales pourraient relâcher du carbone plutôt que de le stocker. © AFP archives

    Les forêts tropicales vont-elles devenir émettrices de carbone ?

    Les chercheurs ont mesuré plus d'un demi-million d'arbres dans 813 forêts tropicales du monde entier afin d'évaluer la quantité de carbone stockée. Actuellement, les forêts tropicales jouent leur rôle de puits de carbone, « malgré l'élévation des températures », selon le communiqué. Mais « le stock de carbone contenu dans ces forêts reste stable jusqu'à une température diurne seuil de 32 °C. Au-delà de ce seuil, ce stock diminue très fortement », selon Bruno Hérault, coauteur de l'étude, et spécialiste des forêts tropicales dans l'unité Forêts et Sociétés au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). L'objectif actuel fixé par l'Accord de Paris de contenir le réchauffement climatique global en dessous de 2 °C « reviendrait à dépasser ces 32 degrés pour un grand nombre de forêts tropicales ».

    Le danger serait alors que les forêts deviennent, à leur tour, émettrices de carbone

    « Si nous limitons les températures moyennes mondiales à une augmentation de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, cela pousse près des trois quarts des forêts tropicales au-dessus du seuil de température que nous avons identifié », avertit Martin Sullivan, l'auteur principal de la publication, chercheur à l'Université de Leeds et à l'Université métropolitaine de Manchester, cité dans le communiqué. Le danger serait alors « que les forêts deviennent, à leur tour, émettrices de carbone ». « Chaque degré d'augmentation de la température libérerait 51 milliards de tonnes de CO2 des forêts tropicales dans l'atmosphère », indique Martin Sullivan.

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    Les forêts tropicales perdent leur capacité à absorber le CO2

    Article de Futura avec AFP-Relaxnews, publié le 6 mars 2020mars 2020

    Il est loin le temps des bonnes nouvelles, celui où les scientifiques annonçaient que les forêts tropicales stockent plus de carbone qu'elles n'en libèrent. Mais, ces puits de carbone naturels sont à bout de souffle et la situation risque de s'inverser : les forêts tropicales, africaines et amazoniennes, pourraient générer plus de CO2 qu'elles n'en capturent. Un constat toujours plus inquiétant qui forcent les scientifiques à revoir leurs modèles climatiquesmodèles climatiques.

    Les forêts tropicales s'essoufflent et sont de moins en moins capables d'éponger le carbone. La forêt amazonienne risque même dans les quinze prochaines années d'en produire plus qu'elles n'en capte, avertissent des chercheurs, dans une étude publiée mercredi par la revue scientifique Nature. Ces conclusions devraient entraîner une révision à la baisse de la quantité de carbone que l'humanité peut produire pour respecter l'objectif de l'Accord de Paris de limiter à moins de 2 degrés la hausse de la température mondiale moyenne, selon les auteurs de l'étude.

    Actuellement, les forêts tropicales représentent 50 % des capacités mondiales de l'absorptionabsorption de carbone (par des techniques de séquestration), mais elles approchent de la saturation, face notamment à l'augmentation des émissions d'origine humaine. La capacité des forêts à capter le CO2 dans l'atmosphère par la photosynthèsephotosynthèse est aussi entamée par la disparition d'arbres, pour cause d'incendie, de sécheressesécheresse ou de déforestation. Cette capacité chute bien plus vite en Amazonie que dans les forêts d'Afrique subsaharienne.

    Cette baisse est en avance de dizaines d'années sur les prédictions les plus pessimistes

    Une équipe de dizaines de chercheurs, en Europe et en Afrique, a suivi la croissance des arbres et leur mortalité sur 50 ans dans des forêts tropicales africaines et comparé ces données à des informations similaires sur la forêt amazonienne. Conclusion : si certaines forêts ont grandi plus vite, dopées par le carbone dans l'atmosphère, ces maigres gains sont effacés par les sécheresses et les pics de température.

    Déboisement de 850 hectares pour planter des palmiers à huile près de Kisangani, le 25 septembre 2019 en République démocratique du Congo. © Samir Tounsi, AFP, Archives
    Déboisement de 850 hectares pour planter des palmiers à huile près de Kisangani, le 25 septembre 2019 en République démocratique du Congo. © Samir Tounsi, AFP, Archives

    Réagir et revoir les modèles climatiques

    En extrapolant ces données sur les 20 prochaines années, selon cette étude, la capacité des forêts africaines à absorber le carbone va décliner de 14 % d'ici à 2030, et celle de l'Amazonie tomber à zéro avant 2035. « Cette baisse est en avance de dizaines d'années sur les prédictions les plus pessimistes, souligne Wannes Hubau, un expert des écosystèmes forestiers au Musée royal de l'Afrique centrale, à Bruxelles. La mortalité est une étape naturelle du cycle de la vie des arbres de forêt. Mais en pompant autant de CO2 dans l'airair, nous avons accéléré ce cycle », a-t-il déclaré à l'AFP.

    Plusieurs des scénarios envisagés par l'Accord de Paris sur le climatclimat partent du principe que les forêts vont continuer d'absorber le CO2 sur le long terme. Plusieurs pays ont annoncé des projets pour planter plus d'arbres, tout comme de grands groupes industriels qui comptent ainsi compenser leurs émissions. « Nous allons devoir revoir nos modèles climatiques, mais également les stratégies de compensation fondées sur ces modèles », a affirmé M. Hubau.

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    Un avis partagé par Anha Rammig, de l'Université technique de l'École des Sciences de la vie, à Munich (Allemagne) : « En même temps qu'une protection accrue de la forêt tropicale, une réduction encore plus rapide que prévu des émissions humaines de gaz à effet de serregaz à effet de serre sera nécessaire pour éviter un changement climatique catastrophique », a-t-elle écrit dans une présentation de la recherche.


    Les forêts tropicales absorbent davantage de CO2 qu'on ne le croyait

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, publié le 24 février 2009

    Au chapitre des bonnes nouvelles, une étude internationale vient de démontrer que les forêts humides stockent plus de carbone qu'elles n'en libèrent. Elles absorberaient actuellement près d'un cinquième des émissions humaines de gaz carbonique.

    Chaque année, les êtres humains et leurs activités rejettent 32 milliards de tonnes de gaz carbonique (ou dioxyde de carbonedioxyde de carbone), d'après les données du GiecGiec. Pourtant, on n'en trouve que 15 milliards dans l'atmosphère, qui contribuent au réchauffement du climat. Que devient le reste ? Les scientifiques discutent toujours de la mécanique générale du cycle de carbone et certains de ses rouages sont encore bien mal connus. Après les océans, les forêts tropicales d'Afrique et d'Amérique (dans ce dernier cas, on parle de forêt néotropicale) jouent bien sûr un grand rôle, par leur étendue et leur activité biologique intense. Mais, quantitativement, la question de leur influence est toujours posée.

    Quand un arbre pousse, il fabrique son boisbois en utilisant le gaz carbonique de l'air et stocke ainsi du carbone. Il respire et perd des feuilles ou des branches, donc renvoie rapidement une partie de ce carbone. Que se passe-t-il quand il est vieux ? Il pousse moins vite voire plus du tout. Et quand il meurt ? Il tombe et des milliards de bactériesbactéries, de champignonschampignons et d'insectesinsectes se chargent de croquer le bois mort, réexpédiant le carbone dans l'atmosphère. L'augmentation de la teneur atmosphérique en gaz carbonique due à l'activité humaine, qui favorise la croissance des végétaux, augmente-t-elle la capacité de stockage des arbres ?  Finalement, la forêt est-elle un puits de carbone ? Et si oui, de quelle taille ?

    Manifestement, le problème se pose différemment selon la latitudelatitude.  Pour les régions au climat tempéré, une étude récente montrait même qu'un reboisement pourrait réchauffer l'atmosphère.

    La réduction de la déforestation devient un enjeu déterminant

    En 1998, une équipe avait montré que la forêt amazonienne amassait davantage de carbone qu'elle en relâchait à la mort des arbres. Cette fonction de puits à carbone avait été démontrée sur 38 des 50 sites étudiés. Résultat chiffré annoncé par l'équipe : durant les quelques décennies précédentes, chaque hectare de forêt néotropicale aurait absorbé 0,71 +/- 0,34 tonne de carbone chaque année.

    La question restait posée pour les forêts tropicales d'Afrique. Une équipe internationale menée par Simon Lewis, de l'université de Leeds, vient d'y apporter une réponse. Oui, les forêts africaines absorbent une partie du surplus de carbone largué dans l'atmosphère par les activités humaines.

    L'affirmation repose sur un suivi effectué durant 40 ans, entre 1968 et 2007, sur 250.000 arbres de 79 sites, répartis dans dix pays africains. Cette étude montre que les troncs des vieux arbres continuent de croître en diamètre et le font davantage aujourd'hui qu'il y a quarante ans. Cette augmentation de massemasse représente un captage de 0,6 tonne de gaz carbonique par hectare et par an. La réponse - compensatrice - de la croissance des arbres en Afrique à l'augmentation de la teneur en CO2 est donc du même ordre que celle des forêts d'Amérique centrale et du sud.

    Les forêts africaines stockeraient chaque année 1,2 milliard de tonnes de CO2 par hectare, ce qui conduit au chiffre de  4,8 milliards de tonnes pour les forêts d'Afrique et d'Amérique. Selon les auteurs, l'ensemble des forêts tropicales du monde absorberaient environ 18% des émissions de gaz carbonique d'origine humaine.

    L'un des co-auteurs, Lee White, a pragmatiquement calculé la valeur financière de ces 4,8 millards de tonnes, compte tenu d'un « prix réaliste de la tonne » : 13 milliards de livres par an, soit environ 15 milliards d'euros. La lutte contre la déforestationdéforestation paraît donc, encore plus qu'on ne le pensait, un moyen efficace de réduire l'impact des activités humaines sur le climat planétaire. Simon Lewis en conclut que les pays les plus riches, qui émettent les plus grandes quantités de gaz carbonique, devraient consacrer « des ressources importantes à aider les pays tropicaux à éviter les déforestations ».

     

    15 arbres remarquables à protéger

    Le chêne d’Henri IV dans le Tar-et-GaronneL'Érable de Montpellier dans les Deux-SèvresLes platanes du Musée Pétrarque dans le VaucluseLe hêtre monumental du TarnLe platane du château de la Bûcherie dans l’OiseLe cèdre pleureur des Hauts-de-SeineLes cormiers du Bas-RhinLes vieux ifs de la MancheLes tilleuls de l'abbaye de Noirlac dans le CherLe cade tourmenté de l’AudeLe châtaignier millénaire du FinistèreLe chêne sur son rocher corseLes châtaigniers millénaires de la Corse-du-SudLe pistachier lentisque de la CorseLes oliviers du Musée Renoir dans les Alpes-Maritimes
    Le chêne d’Henri IV dans le Tar-et-Garonne

    Dans les traditions populaires, on retrouve souvent nos vieux arbresarbres comme compagnons provisoires d'un héros de l'histoire de France. Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Jeanne d'Arc priait près d'un tilleultilleul et Napoléon observait les champs de bataille depuis des points de vue ornés d'un grand arbre servant de repère. Près de la commune de Merles, dans le Tarn-et-Garonne, une fontaine abreuva en 1579 le bon roi Henri IVHenri IV, de passage sur ces terresterres. Le gros chêne, qui domine le site, accueillit-il le Vert-Galant pour un repos réparateur, on peut l'imaginer. Toujours est-il que le chêne est depuis longtemps appelé au pays le chêne d'Henri IV.

    Cet arbre est un chêne pédonculé, appartenant à la famille des Fagacées, présent dans tout l'hémisphère Nordhémisphère Nord mais préférant les altitudes inférieures à 1.300 mètres. Ce Quercus robur, chêne robuste, peut dépasser les 40 mètres de hauteur et son envergure est tout aussi impressionnante. Il vit gaillardement jusqu'à 500 ans et peut atteindre le millénaire. Le boisbois de chêne est un matériaumatériau majeur dont les qualités sont remarquables en charpenterie, en menuiserie, en tonnellerie ; évidemment, il est incontournable en ébénisterie. C'est un bois de cheminéecheminée qui chauffe bien et se consume lentement. Ses fruits, les glands, nourrissent les cochons et les sanglierssangliers. Autrefois, les tanneries récupéraient les écorces pour le tannage du cuir. Enfin, la sciure de chêne a fait les beaux jours de l'industrie papetière.

    © Georges FetermanGeorges Feterman, Futura