Les deux explorateurs de l’océan glacial Arctique, Julien Cabon et Alan Le Tressoler, sont partis ce 22 mars pour le Sptizberg où commencera l’expédition Pôle Nord 2012, qui conduira les deux hommes au pôle Nord géographique, où ils se maintiendront en marchant pour contrer la dérive de la banquise. Sur leurs traîneaux : de puissants instruments de mesures océanographiques. Futura-Sciences suivra leur aventure scientifique.

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    Pour eux, après deux ans de préparation et de recherche de financements, l'aventure, la vraie, commence. L'expédition Pôle Nord 2012 est presque à pied d'œuvre. Julien Cabon et Alan Le Tressoler, partis aujourd'hui de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, arriveront en effet cette nuit sur l'île polaire du Spitzberg, par environ 80° de latitude nord. Ils y resteront plusieurs jours pour se préparer et s'acclimater (les températures prévues pour demain vendredi 23 mars sont comprises entre -7 et -14 °C, avec un refroidissement attendu pour samedi).

    Un hélicoptèrehélicoptère les emmènera ensuite exactement sur le pôle Nord géographiquepôle Nord géographique, où ils y resteront... ce qui les obligera à se déplacer continuellement, à cause de la dérive de la banquise, qui peut dépasser 20 km en une journée. « Nous serons les premiers habitants du pôle Nord » aiment-ils à dire.

    Julien Cabon au Groenland en avril 2011, pour la préparation de l'expédition. Derrière lui, la banquise, souvent très accidentée. « <em>Il faut parfois plusieurs heures pour franchir quelques centaines de mètres.</em> » © Pôle Nord 2012

    Julien Cabon au Groenland en avril 2011, pour la préparation de l'expédition. Derrière lui, la banquise, souvent très accidentée. « Il faut parfois plusieurs heures pour franchir quelques centaines de mètres. » © Pôle Nord 2012

    Comment rester au pôle Nord ?

    En effet, personne n'est jamais resté au pôle Nord. Si on y plante une tente, elle aura changé de position dans les heures suivantes... Jean-Louis ÉtienneJean-Louis Étienne, par exemple, en 2002, avait traversé toute la banquise dans sa capsule Polar Observer posée sur la glace.

    Durant ces marches quotidiennes (dans un jour permanent), les deux hommes tireront des traîneaux de plus de 100 kgkg. Capables de flotter, ils leur serviront aussi à franchir les chenaux d'eau libre, formés par les mouvementsmouvements perpétuels des plaques de glace. En d'autres endroits, il leur faudra gravir des barrières de glacebarrières de glace là où les plaques cherchent à se chevaucher. « Nous serons sur un océan » rappelle Julien Cabon.

    Alan Le Tressoler, sur la banquise groenlandaise, enfile une combinaison étanche avant de traverser un chenal d'eau libre. © Pôle Nord 2012

    Alan Le Tressoler, sur la banquise groenlandaise, enfile une combinaison étanche avant de traverser un chenal d'eau libre. © Pôle Nord 2012

    Des océanographes sur la banquise

    Là, sur l'axe de rotation de la Terre, les deux explorateurs joueront les océanographes, pour le compte de l'Ifremer (laboratoire Los/Cersat) et du laboratoire Ampère, découpant la glace pour plonger dans l'eau plusieurs instruments. La sonde CTD (pour ConductivitéConductivité-Température-Densité) mesurera température et salinitésalinité. Un filet à plancton leur servira à collecter des échantillons. De même, ils ramasseront de la glace pour des études de microbiologie. Il leur faudra donc alourdir leurs traîneaux après chaque opération de mesures. « Mais nous consommerons aussi eau et nourriture, ce qui nous allégera », corrigeaient les deux hommes lors de l'entretien qu'ils nous ont accordé.

    Personne n'a jamais réalisé une telle série de mesures à 90° de latitude nord, à cause de la dérive. L'aventure durera trois semaines et pas davantage car la banquise, en cette époque de réchauffement climatique, s'amincit très vite après la fin de la nuit polaire et il faut qu'elle soit suffisamment épaisse pour que l'hélicoptère puisse s'y poser. « Il y a vingt ans, nous serions restés six semaines... »