Voilà plus de 40.000 ans que le chien est devenu le meilleur ami de l’Homme. L’un et l’autre ont appris à vivre ensemble. Mais la communication reste parfois difficile entre ces deux espèces aux capacités différentes. Des chercheurs nous apportent aujourd’hui un éclairage nouveau à ce sujet, avançant que notre capacité à comprendre les expressions de nos chiens tient plus de l’expérience que de l’inné. 


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    Il y a quelques jours, une orthophonisteorthophoniste faisait le buzz grâce à sa chienne, Stella. À force de patience, elle est parvenue à lui apprendre... à parler comme un humain ! À force de patience et à l'aide d'un dispositif -- traditionnellement destiné à de jeunes enfants -- composé de boutons qui, lorsqu'ils sont pressés, énoncent un mot particulier à voix haute. Stella aurait ainsi appris à utiliser -- à la manière d'un enfant de deux ans -- pas moins de 29 mots pour se faire comprendre de son humaine.

    Des chercheurs du Max Planck Institute (Allemagne), quant à eux, nous en apprennent aujourd'hui un peu plus sur nos capacités à communiquer avec nos chiens de compagnie. Et plus précisément, à décrypter leurs expressions faciales et leurs manifestations émotionnelles. Loin de correspondre à un trait évolutif, celle-ci serait acquise par expérience.

    Les scientifiques ont travaillé avec des volontaires, adultes et enfants, classés en fonction de leur âge, de leur attirance pour les chiens et de leurs antécédents de vie. Ils leur ont présenté des photos de chiens, de chimpanzés et d'êtres humains affichant des expressions faciales caractéristiques de différentes émotions telles que la joie, la tristesse, la colère ou la peur. Des photos que les volontaires ont dû évaluer.

    Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé des photos de chiens présentant des visages semblables à ceux de loups et des oreilles plutôt droites. © Juliane Bräuer, <em>Max Planck Institute</em>
    Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé des photos de chiens présentant des visages semblables à ceux de loups et des oreilles plutôt droites. © Juliane Bräuer, Max Planck Institute

    Appréciés, les chiens sont mieux compris

    Résultat : certaines émotions canines, la colère et la joie, ont été facilement identifiées par les participants. Y compris les enfants. Peut-être la preuve que les humains peuvent rapidement apprendre à reconnaître ce type d'émotions. Mais globalement, la capacité à comprendre les émotions d'un chien était plus importante chez les adultes ayant grandi dans un contexte culturel faisant la part belle au meilleur ami de l'Homme, qu'ils aient ou non possédé un chien.

    Ainsi, ce ne serait pas l'expérience directe qui nous permettrait de décrypter les expressions de nos chiens. Mais plutôt le milieu dans lequel nous grandissons. « Un résultat remarquable », pour Federica Amici, anthropologue au Max PlanckMax Planck Institute.

    Pour réduire le nombre d’accidents

    « Il serait utile de mener de futures études cherchant à déterminer exactement quels aspects culturels affectent la capacité à lire les émotions d'un chien et à inclure des stimuli réels et des expressions corporelles en plus des stimuli et des expressions faciales explicites », poursuit Juliane Bräuer, également chercheur. En espérant que ces travaux puissent être utilisés pour réduire le nombre d'incidents entre humains et chiens causés, notamment, par l'incapacité des humains à lire les signaux envoyés par les chiens.