Miser sur nos chats domestiques pour se débarrasser des meutes de rats qui prolifèrent en ville : une bonne idée sur le papier. Mais selon une nouvelle étude, cette méthode est non seulement inefficace mais dangereuse pour la vie sauvage.

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    Les rats envahissent les villes. En janvier 2018, une vidéo montrant une meute de rats dans un conteneur parisien a fait le tour des réseaux sociauxréseaux sociaux et les agents de la ville alertent sur leur prolifération. Selon Pierre Falgayrac, consultant spécialiste de la lutte contre les rats, 2,9 millions de rats peupleraient les égouts de la capitale, et en cœur de ville, il y en aurait 1,5 à 2 par habitant. À New York, la ville est confrontée au même problème, avec de gros rats bruns rôdant près des poubelles et dans les jardins publics.

    Les rats urbains sont pourtant confrontés à un redoutable prédateur : les chats domestiques. Du moins, c'est ce que l'on pourrait penser. Mais une étude publiée dans Frontiers in Ecology and Evolution vient mettre à mal cette réputation : le chat serait en fait un piètre chasseur pour les rats urbains. Durant cinq mois, les chercheurs ont pisté à Brooklyn (New York) les chats et les rats partageant le même territoire grâce à des caméras de surveillance. Et le butin est bien maigre pour les chats : à peine 20 tentatives de chasse en 79 jours et... deux rats tués. La majorité du temps, le chat ne montre aucun intérêt pour le rat qui se faufile sous ses yeuxyeux. Le problème, estiment les chercheurs, c'est que les rats de Brooklyn sont trop gros pour les chats, qui préfèrent des proies plus petites. Un oiseau ou une souris pèsent 30 grammes contre plus de 340 grammes en moyenne pour un rat. Rat qui, avec ses dents et ses griffes, risque de blesser le chat, lequel n'aime pas prendre de risques.

    Image du site Futura Sciences
    Les chercheurs ont observé les chats et les rats vivant sur un même territoire grâce à des caméras de surveillance. © Michael H. Parsons et al., Front. Ecol. Evol.

    Des milliards d’oiseaux et de mammifères décimés par les chats

    Si les chats sont nuls pour éradiquer les rats, ils font en revanche peser un grave danger sur la vie sauvage. En 2013, une étude publiée dans Nature Communications estimait que les chats domestiques tuent chaque année quatre milliards d'oiseaux et 22 milliards de petits mammifères aux États-Unis, ce qui en fait « la première cause de mortalité d'origine anthropique », devant les voituresvoitures ou les pesticides. En Australie, le chat aurait déjà causé la disparition de 20 espèces natives et tue chaque minute plus de 2.000 animaux endémiquesendémiques. En France, la présence du félin a été multipliée par deux en 25 ans dans les foyers : elle est estimée à 13,5 millions d'individus par la Fédération des fabricants d'aliments pour animaux familiers (Facco). Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), 75 millions d'oiseaux sont tués par des chats en France.

    En attendant, les municipalités sont plutôt démunies dans leur lutte contre les rats, d'autant plus que plusieurs produits chimiques ont été récemment interdits. À New York, le service antiparasitaire teste depuis cette année la neige carboniqueneige carbonique déposée dans les trous, qui asphyxieasphyxie les rongeursrongeurs lorsqu'elle se transforme en gazgaz.