De nombreuses espèces végétales dépendent d'espèces animales pour disperser leurs graines. La disparition d'espèces d'oiseaux et de mammifères met ainsi en péril la survie d'espèces de plantes à travers le monde entier.


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    Les végétaux terrestres ne se déplacent pas comme peuvent le faire les animaux mobilesmobiles. Ils sont donc contraints de se développer en fonction des conditions environnementales dans lesquelles ils se sont implantés et dont les caractéristiques peuvent changer rapidement et drastiquement. Au sein d'une population végétale, c'est-à-dire d'un ensemble de spécimens d'une même espèce vivant dans une zone spécifique, les individus ne partagent pas tous le même génotypegénotype.

    Au sein d'une population végétale, les individus ne partagent pas tous le même génotype

    Cette caractéristique constitue l'une des composantes de la diversité biologique et est l'un des aspects permettant la survie des populations et des espèces. En effet, dans le cas des végétaux terrestres, si l'environnement est modifié, certains individus pourront s'acclimater au nouveau milieu grâce à des allèlesallèles qui leur permettent de tolérer ces nouvelles conditions.

    Les individus qui présentent cette plasticitéplasticité phénotypique avantageuse pourront ainsi se reproduire et la génération suivante sera enrichie par des individus présentant ces allèles, tandis que les individus désavantagés disparaîtront de la population.

    Les plantes qui se déplacent avec les animaux

    Outre la plasticité phénotypique, la survie d'une population et d'une espèce de végétaux dépend de sa capacité à se disperser grâce à des graines et à coloniser de nouveaux milieux, éventuellement plus favorables à leur développement que le milieu des individus parentaux. Or, plus de la moitié des espèces de plantes sont tributaires d'espèces animales afin de disperser leurs graines.

    Un jaseur boréal se nourrit de baies et en déplace les graines. © Christine Johnson
    Un jaseur boréal se nourrit de baies et en déplace les graines. © Christine Johnson

    Dans un contexte de changement climatiquechangement climatique de plus en plus médiatisé, les études estimant les conséquences de la perte de diversité animale sur la survie des espèces végétales demeurent rares et sont généralement, pour des raisons pratiques, réalisées à petite échelle. Une méta-analyseméta-analyse rassemblant les résultats de plus de 400 études sur le terrain a été publiée à ce sujet dans le journal Science.

    Voir aussi

    Dossier - La pollinisation : un service écologique gratuit

    Elle montre que la disparition des oiseaux et des mammifères qui dispersent des graines a engendré une diminution de 60 % de la capacité des plantes à s'adapter aux changements environnementaux. La dispersion de ces graines est en effet effectuée par la consommation de fruits et le dépôt de déjections dans d'autres zones ainsi que par le transport de noix dans de nouveaux lieux.

    Un ours noir ou baribal se nourrit de baies d'aubépine, les graines contenues dans ses excréments germeront peut-être dans un nouvel environnement. © Paul Vitucci
    Un ours noir ou baribal se nourrit de baies d'aubépine, les graines contenues dans ses excréments germeront peut-être dans un nouvel environnement. © Paul Vitucci

    Dans cette étude d'envergure mondiale, les auteurs indiquent que la perte de capacité de dispersion des graines était déjà très importante notamment dans les régions tempérées d'Australie, d'Amérique du Nord et du Sud et d'Europe. Ils indiquent également que la disparition de quelques pour cents seulement des espèces d'oiseaux et de mammifères a engendré une diminution de 95 % de la capacité de dispersion des plantes dans un contexte de changement climatique.