Au début du XXe siècle, les graves inondations qui touchaient le plus long fleuve du monde avaient lieu tous les 20 ans. Maintenant, c'est tous les quatre ans, d’après une étude qui a analysé plus d'un siècle d’enregistrements.

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    Le bassin amazonien est le plus grand bassin versant au monde. Depuis le début du XXe siècle, le niveau de l'eau sur le fleuve est enregistré tous les jours au port de Manaus, au Brésil, ce qui a permis aux chercheurs d'étudier 113 années d'enregistrements dans un article paru dans la revue Science Advances.

    Les scientifiques ont observé que les inondations et les sécheresses sont devenues plus fréquentes au cours des deux ou trois dernières décennies, depuis la fin des années 1990. Le centre et le sud de l'Amazonie ont subi de graves sécheresses en 2005, 2010 et 2015, tandis que le nord-ouest est touché par de graves inondations récurrentes depuis 2009.

    À quelques exceptions près, il y a eu des inondations extrêmes dans le bassin amazonien chaque année de 2009 à 2015

    Au début du XXe siècle, les inondations qui dépassaient les 29 mètres, la limite qui déclenche l'état d'urgence à Manaus, avaient lieu en moyenne tous les 20 ans. Maintenant, ces inondations extrêmes ont lieu tous les quatre ans. De plus, les chercheurs notent au cours des dernières décennies une augmentation des inondations très sévères. Jonathan Barichivich, de l'université australe du Chili, un des auteurs de l'étude, précise même que « à quelques exceptions près, il y a eu des inondations extrêmes dans le bassin amazonien chaque année de 2009 à 2015 ».

    Pour les auteurs, l'accélération des inondations est liée au renforcement de la circulation de Walker, une circulation de l'airair emmenée par les courants océaniques. Ce système influence le climat et les précipitationsprécipitations au niveau des tropiquestropiques et au-delà. Or, des modifications de températures dans les océans sont à l'origine du renforcement de cette circulation.

    Des inondations à l'origine de catastrophes naturelles

    Manuel Gloor, professeur à l'école de géographie de Leeds, a expliqué ce phénomène dans un communiqué« En raison du fort réchauffement de l'océan Atlantique et du refroidissement du Pacifique au cours de la même période, nous observons des changements dans la circulation dite de Walker, qui affecte les précipitations en Amazonie. » Il ajoute : « L'effet est plus ou moins le contraire de ce qui se passe lors d'un évènement El NiñoEl Niño. Au lieu de provoquer une sécheresse, il en résulte une plus grande convectionconvection et de fortes précipitations dans le centre et le nord du bassin amazonien ».

    Puerto Nariño, en Colombie, se trouve sur le fleuve Amazone. © Alfredo, Fotolia

    Puerto Nariño, en Colombie, se trouve sur le fleuve Amazone. © Alfredo, Fotolia

    Ainsi, à cause du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, des ventsvents qui soufflent dans l'hémisphère sudhémisphère sud se sont déplacés plus au sud. Ce déplacement des vents a ouvert une fenêtrefenêtre pour le transport d'eaux chaudes provenant de l'océan Indien vers la pointe de l'Afrique, par le courant Agulhas, qui se dirige en direction de l'océan Atlantique tropical.

    Les inondations dans le bassin amazonien sont une catastrophe pour la population. Quand elles durent pendant des semaines, les conséquences sont dramatiques : contaminationcontamination de l'eau de boisson, expansion de maladies, destruction des habitations et d'autres infrastructures... Les activités économiques comme l'agricultureagriculture et l'élevage sont durement impactées.

    L'étude n'a pas tenu compte de l'année 2017 qui a elle aussi enregistré une inondation au-delà des 29 mètres. Les scientifiques craignent que la situation ne s'arrange pas si les températures de l'océan Atlantique tropical augmentent plus vite que celles de l'océan Pacifique tropical dans les décennies à venir.