Le sapin de Cilicie, un arbre emblématique du Liban, est aujourd’hui menacé. Dans une étude récente, des chercheurs français ont étudié la répartition et la diversité génétique de ce conifère. Leurs conclusions sont sans appel : si rien n’est fait, cet arbre disparaîtra…

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    Le sapin de Cilicie, Abies cilicica, est en train de disparaître au Liban. Sur cette image, on observe une population de sapins de très faible densité ravagée par une carrière. © Lara Awad

    Le sapin de Cilicie, Abies cilicica, est en train de disparaître au Liban. Sur cette image, on observe une population de sapins de très faible densité ravagée par une carrière. © Lara Awad

    Le sapinsapin de Cilicie, Abies cilicica, fait partie intégrante de l'histoire du Liban. À l'époque des pharaons, il y a plus de 4.000 ans, ces arbres étaient largement exploités et utilisés pour la constructionconstruction de temples et de navires. Mais aujourd'hui, les sapinières ne représentent plus que 1,2 % de la surface des forêts libanaises. « Les forêts sont extrêmement fragmentées, soumises à des pressionspressions anthropiques élevées comme la déforestation ou le pâturage intensif », explique Lara Awad, doctorante au CNRS.

    Afin de mieux comprendre les menaces qui pèsent sur le sapin de Cilicie et mettre en œuvre des mesures de recolonisation et de conservation efficaces, des chercheurs du CNRS ont procédé à des analyses génétiquesgénétiques des populations. Leurs résultats, publiés dans la revue Plos One, montrent que la diversité génétique des sapins de Cilicie est très faible, bien plus que celle des autres sapins européens, comme le sapin pectiné en France, le sapin de Céphalonie en Grèce et le sapin de Bornmüller en Turquie. « Cette faible diversité génétique met le sapin libanais en danger face aux changements de son environnement », affirme Lara Awad.

    Néanmoins, cet arbre ne manque pas de ressources. Il a en effet la capacité de migrer en altitude lors de changements climatiques, ce qui lui aurait permis de survivre à la dernière période glaciaire voilà plus de 10.000 ans. Cette faculté d'adaptation peut aussi aider les populations marginales menacées, réduites à quelques dizaines d'arbres. « Les sapins usent alors de moyens naturels et rares comme la dispersion de graines ou de pollens sur des distances de 15 à 20 km pour empêcher une trop forte dérive génétiquedérive génétique », précise la chercheuse. Malheureusement, cependant, si rien n'est fait pour préserver sa diversité génétique, le sapin de Cilicie va disparaître. Avec cette étude, les chercheurs donnent des pistes de mesures de conservation favorables à la protection de ce patrimoine historique et génétique. Seront-elles suffisantes pour sauver cette espèce ?