Comme à Tchernobyl, une faune diversifiée et abondante s’épanouit au sein de la zone évacuée autour de la centrale nucléaire de Fukushima après la catastrophe. Malgré la forte radioactivité, les animaux semblent se porter à merveille en l’absence de présence humaine.


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    Suite à la catastrophe de Tchernobyl en 1986, les chercheurs avaient pu constater la présence d'une faune abondante dans des zones évacuées ayant pourtant de hauts niveaux de radiation. On y a retrouvé pour la première fois des ours bruns et des bisons, ainsi qu'une augmentation du nombre de loups et de chevaux de Przewalski. Il semblerait bien que la zone de Fukushima soit elle aussi devenue un refuge pour les animaux sauvages, révèle une étude parue le dans le Journal of Frontiers in Ecology and the Environment.

    Le saviez-vous ?

    Après l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, plus de 1.150 km2 ont été évacués, entraînant le déplacement de 81.000 personnes. Grâce aux travaux de décontamination, la quasi-totalité des terres abandonnées a aujourd’hui été déclarée suffisamment sûre pour un retour, mais dans les faits, à peine 23 % des anciens habitants sont retournés chez eux ou ont reconstruit un logement dans la région.

    Plus de 20 espèces d’animaux sauvages observées

    Une équipe de chercheurs de l'université de Georgie a placé 106 caméras dans trois régions : une zone où la présence humaine est strictement interdite en raison du risque élevé de contaminationcontamination, une seconde où la présence humaine est restreinte et une zone où la présence humaine est normale et présente un faible taux de radiation. Au terme de 120 jours d'observation, les chercheurs ont comptabilisé plus de 20 espèces d'animaux sauvages, majoritairement des sangliers, mais aussi des macaques, écureuils, faisans, renards, lièvres, ou tanukis (chien viverrin).
     

    Macaque, chien viverrin... plus de 20 espèces d’animaux sauvages prolifèrent à l’abri de la présence humaine à Fukushima. © Université de Georgie

    Une nouvelle niche écologique

    Et il s'avère que les animaux prospèrent tout particulièrement dans les zones évacuées : sur les 46.766 images de sangliers, plus de la moitié (56 %) ont été prises dans la zone inhabitée, 28 % dans la zone restreinte et à peine 15 % dans les zones occupées. Rien d'étonnant à voir les sangliers proliférer dans les zones délaissées : ces derniers sont particulièrement fertiles et connus comme espèce envahissante. « Mais l'abondance d'autres mammifèresmammifères non endémiquesendémiques et moins invasifsinvasifs, comme le chien viverrin ou le macaque, suggère que ces animaux ont pu trouver une niche écologique jusqu'ici inexistante en raison de la présence humaine », notent les auteurs.

    Des niveaux de radiation élevés qui ne semblent pas faire peur aux animaux

    Plus intéressant, les chercheurs ont pu étudier le comportement des animaux en l'absence de toute présence humaine, en analysant différentes variables telles que l'altitude, la distance aux routes, le type de végétation ou l'activité. La plupart des espèces ne semblent pas avoir changé leurs habitudes. « Les ratons laveursratons laveurs par exemple, qui sont des animaux nocturnesnocturnes, sont toujours plus actifs pendant la nuit, tandis que les faisans, des oiseaux diurnesdiurnes, sont toujours plus actifs la journée », indique l'étude. Les sangliers, en revanche, sont plutôt actifs durant le jour dans les zones vidées et sortent de préférence la nuit dans les zones habitées. Ce qui suggère que les animaux adaptent leur comportement en fonction de la présence humaine.

    Les chercheurs n'ont toutefois pas analysé les conséquences des radiations sur les animaux au niveau biologique. De précédents travaux ont ainsi noté des mutations délétères chez des sangliers, des papillons, des hirondelles ou des vers de terreterre, ainsi que des problèmes de reproduction chez des palombes. « Mais notre étude montre que ces conséquences au niveau individuel ne semblent pas se manifester sur les animaux pour ce qui est de l'abondance et du comportement », notent les auteurs.