« Le monde naturel est inondé de couleurs, mais nous ne voyons que la moitié de l'histoire, selon Sir David Attenborough. Si nous pouvions voir les choses comme le font les animaux, notre monde deviendrait incroyablement plus lumineux. Aujourd'hui, grâce aux nouvelles sciences et technologies, nous pouvons enfin ouvrir les yeux. »


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    Cet article de Martin Stevens a été publié en anglais sur le site du Projet New Big 5. Cette initiative internationale vise à créer un nouveau Big 5 de la photographiephotographie animalière, plutôt que de la chasse. Elle est soutenue par 150 photographes, défenseurs de l'environnement et organisations caritatives, dont le Dr Jane GoodallJane Goodall, Ami VitaleAmi Vitale, Steve Winter, Brent Stirton, Save The Elephants, Dian FosseyDian Fossey GorillaGorilla Fund, Polar Bears International, etc. 

    <em>Dendrobates leucomelas, </em>grenouille empoisonnée. © Donar Reiskoffer, <em>Wikimedia commons</em>, CC 1.2
    Dendrobates leucomelas, grenouille empoisonnée. © Donar Reiskoffer, Wikimedia commons, CC 1.2

    Il y a des millions d'années, les premiers animaux dotés d'yeuxyeux étaient incapables de distinguer les couleurs. Peu à peu, la vision en couleurcouleur a conféré aux animaux de nombreux avantages, les aidant à trouver de la nourriture, à attirer un partenaire ou à prévenir un ennemi, de la queue vibrante et grandiose du paon aux couleurs vives de la grenouille empoisonnée.

    Le mandrill (Mandrillus sphinx) est un primate de la famille des cercopithécidés

    Dans le monde naturel, la couleur est largement utilisée dans la compétition et pour l'intimidation. Les mandrills font partie des animaux qui le démontrent le mieux, un grand primate vivant en Afrique de l'Ouest. 

    Les mandrills sont inscrits sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. © Pedro Jarque Krebs, tous droits réservés 
    Les mandrills sont inscrits sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. © Pedro Jarque Krebs, tous droits réservés 

    Les mâles sont très impressionnants, environ deux fois plus grands que les femelles, pesant parfois plus de 30 kilogrammeskilogrammes. C'est leur face qui est leur caractéristique la plus frappante. Une bande rouge vif, flanquée de deux taches bleu électrique, s'étend des yeux au museau jusqu'au bout du neznez. Les mâles ne s'entendent pas toujours bien et doivent repousser la concurrence afin d'atteindre une position dominante. Mais se battre est risqué et peu de mandrills choisissent de se faire mordre par un concurrent aux dents énormes. Au lieu de cela, les conflits physiquesphysiques peuvent être évités par un étalage de couleurs, l'individu dominant arborant souvent des rouges et des bleus suffisamment vifs pour repousser la concurrence.

    Victime de la déforestation et du braconnage, le mandrill est menacé d'extinction. Leur viande, très prisée dans certains pays africains, le commerce illégal et la chasse les déciment en massemasse. Les babouins vivent en très grands groupes et il est très facile d'exterminer plusieurs individus ensemble. Ils se nourrissent beaucoup de fruits cultivés, ce qui génère des conflits avec les populations humaines locales.

    Le caméléon un œil tourné vers le passé et l'autre vers l'avenir !

    L'île de Madagascar est l'un des grands théâtres de l'évolution, riche d'une diversité d'espèces uniques. Certains des habitants les plus variés de l'île sont les caméléons qui occupent toute une série d'habitats, rampant parmi la végétation pour trouver de la nourriture et un abri. 

    Le caméléon, un animal fascinant. © NGarbutt, tous droits réservés
    Le caméléon, un animal fascinant. © NGarbutt, tous droits réservés

    Il est difficile de ne pas reconnaître un caméléon, avec ses mouvementsmouvements saccadés et ses yeux rotatifs qui peuvent s'articuler indépendamment l'un de l'autre. Il n'est cependant pas si facile d'en trouver un, car de nombreux caméléons se fondent extrêmement bien dans leur habitat. Mais le camouflage n'a pas été le moteur de l'évolution de leurs légendaires pouvoirs de changement de couleur. Au lieu de cela, cette capacité fonctionne principalement dans leurs interactions sociales.

    Caméléon panthère,<em> furcifer pardalis. © </em>Charles J. Sharp, wikimedia commons, CC 4.0
    Caméléon panthère, furcifer pardalis. © Charles J. Sharp, wikimedia commons, CC 4.0

    Les caméléons ne sont pas toujours ternes, mais au contraire, ils ont souvent des marques vives. Certaines espèces, comme le caméléon panthère, furcifer pardalis, peuvent prendre une gamme kaléidoscopique de couleurs, du bleu et du vert au jaune ou au rouge. Ils utilisent leurs couleurs pour choisir leur partenaire, mais aussi pour repousser leurs rivaux. Ainsi, lorsqu'un caméléon décide de se transformer, c'est généralement pour impressionner ou intimider les autres.

    Zygène de la Filipendule 

    Voltigeant au-dessus des prairies côtières du Royaume-Uni, un papillon de nuitpapillon de nuit de taille moyenne ne fait pas grand-chose pour éviter d'attirer l'attention. En fait, sa coloration a évolué pour faire exactement le contraire. La zygène de la Filipendule a un mélange de marques rouges brillantes dans un noir audacieux qui avertit les oiseaux potentiels que ce n'est pas un repas approprié. 

    La zygène de la Filipendule, une espèce de lépidoptères (papillons) qui apprécie les fleurs des champs. © Graeme Green, tous droits réservés
    La zygène de la Filipendule, une espèce de lépidoptères (papillons) qui apprécie les fleurs des champs. © Graeme Green, tous droits réservés

    Dans la nature, les signaux d'avertissement sont souvent constitués de rouges, d'oranges et de noirs frappants. Ces signaux sont là pour indiquer aux prédateurs que le porteur est protégé. Dans le cas de la zygène de la Filipendule, les produits chimiques provenant principalement de l'alimentation de la chenille contiennent un poison puissant : le cyanure. Un oiseau assez fou pour en prendre une bouchée ne referait pas facilement l'erreur.

    L'oiseau de paradis, un vrai séducteur 

    Certains des habitants les plus célèbres de l'immense île de Nouvelle-Guinée sont les spectaculaires oiseaux de paradis. Dans les forêts denses, des éclairséclairs de couleurs vives volent à travers la canopéecanopée, tandis qu'une cacophonie de bruits accompagne leur présence. 

    Paradisier de Nouvelle-Guinée (<em>Paradisaea raggiana</em>). © markaharper1, <em>Wikimedia Commons</em>
    Paradisier de Nouvelle-Guinée (Paradisaea raggiana). © markaharper1, Wikimedia Commons

    Comme c'est souvent le cas dans la nature, ce sont les mâles qui sont les plus vibrants, les femelles les inspectant de près et décidant avec qui s'accoupler. La plupart des espèces possèdent un plumage étonnant, comme le grand oiseau de paradis, avec son mélange de plumes vert intense, jaune vif et rouge-brun. Comme de nombreux oiseaux de paradis, les mâles s'exhibent devant les femelles dans des zones déterminées. Avant sa performance, le mâle répète ses mouvements avant de se rendre dans la cour centrale pour danser, déployer ses plumes et appeler les femelles qui le regardent. Il doit cependant être au top, car les partenaires potentielles sont très perspicaces.

    Le zèbre, une carte d'identité à rayures 

    Tout safari serait incomplet sans l'un des mammifèresmammifères les plus énigmatiques d'Afrique : le zèbre. La fonction de leurs immanquables rayures noires et blanches a longtemps été un mystère.

    Le zèbre, avec une carte d'identité à rayures. © Graeme Green, tous droits réservés
    Le zèbre, avec une carte d'identité à rayures. © Graeme Green, tous droits réservés

    Pendant des décennies, les naturalistes se sont demandé si ces marques permettaient au zèbre de se camoufler dans la savane, peut-être en cassant la silhouette de son corps pour les lionslions prédateurs, ou si elles servaient à communiquer, les motifs individuels des rayures permettant aux zèbres de se reconnaître entre eux. Des preuves scientifiques récentes suggèrent fortement une raison plus inattendue : les rayures semblent confondre les mouches piqueuses, comme la tsé-tsé, qui sont porteuses de maladies, empêchant en quelque sorte les mouches de se poser sur les zèbres et sauvant les créatures rayées de ces menaces volantes. 

    « Life in Colour » par Martin Stevens 

    Martin Stevens est professeur au Centre d'écologieécologie et de conservation de l'université d'Exeter, en Angleterre. Il a passé plus de 15 ans à étudier la coloration, le comportement et la vision des animaux. Ses recherches portent sur la manière dont les animaux utilisent la coloration pour se défendre contre les prédateurs, notamment chez les créatures marines, les oiseaux et les insectesinsectes. Il a récemment reçu la médaille de la science de la Zoological Society of London. 

    À voir :

    La série en deux parties de David Attenborough, « Life In Colour », est disponible sur BBC iPlayer au Royaume-Uni. Elle sera sur NetflixNetflix pour les téléspectateurs internationaux à partir du 22 avril.

    Pour en savoir plus sur l'écologie sensorielle, consultez le site Sensoryecology et suivez leur compte twitter.

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