Depuis plusieurs décennies maintenant, l’Arctique lance des signaux d’alerte écologiques. Certaines régions connaissent les changements climatiques les plus rapides et les plus extrêmes de la Planète.


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    Le réchauffement climatique anthropique est un phénomène global qui touche l'ensemble de notre Planète. Mais certaines régions sont plus impactées que d'autres. C'est le cas de l'Arctique. Ces quatre dernières décennies, il s'est réchauffé environ quatre fois plus vite que la moyenne. « Le réchauffement climatique a exercé une pressionpression considérable sur les écosystèmes de ces régions », remarque Jennifer WattsWatts, directrice du programme arctique du Woodwell Climate Research Center (États-Unis) et principale auteure d'une étude publiée aujourd'hui dans les Geophysical Research Letters. « Mais cette pression apparaît très différente d'un endroit à l'autre. Nous voulions quantifier ces différences. »

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    Comment le réchauffement rapide de l’Arctique menace la planète entière

    Son équipe s'est appuyée sur plus de 30 ans de données géospatiales et d'enregistrements de température pour évaluer les indicateurs de vulnérabilité des écosystèmes arctiques dans trois catégories : la température, l'humidité et la végétation. C'est la première fois qu'une étude examine ainsi plusieurs variables à la fois. Et cela a permis de créer une image plus complète et intégrée des changements climatiques et écosystémiques dans la région. Mais aussi, de mettre à jour des « points chauds » qui devraient concentrer les efforts de surveillance et d'adaptation.

    Sur cette carte, les zones qui ont subi un stress climatique écosystémique dans la région arctique boréale entre 1997 et 2020, telles que révélées par de multiples variables, notamment des données satellitaires et des relevés de température à long terme. © Christina Shintani, <em>Woodwell Climate Research Center</em>, Watts et <em>al.</em>, 2025, <em>Geophysical Research Letters</em>
    Sur cette carte, les zones qui ont subi un stress climatique écosystémique dans la région arctique boréale entre 1997 et 2020, telles que révélées par de multiples variables, notamment des données satellitaires et des relevés de température à long terme. © Christina Shintani, Woodwell Climate Research Center, Watts et al., 2025, Geophysical Research Letters

    Des régions de l’Arctique plus stressées que d’autres

    Les travaux des chercheurs nous apprennent qu'entre 1997 et 2020, le réchauffement des terres le plus important s'est produit dans la toundra de l'extrême est de la Sibérie et dans toute la Sibérie centrale. Environ 99 % de la région a connu un réchauffement important. Contre « seulement » 72 % des forêts boréalesforêts boréales eurasiennes. Alors que certains points chauds de Sibérie et des Territoires du Nord-Ouest du Canada sont devenus plus secs, les chercheurs ont détecté une augmentation des eaux de surface et des inondationsinondations dans certaines parties de l'Amérique du Nord. Probablement un signe de dégel du pergélisolpergélisol.

    Car, parmi les 20 endroits les plus vulnérables identifiés par les chercheurs, tous contenaient du pergélisol. « Les régions arctiques et boréales sont constituées d'écosystèmes divers, et cette étude révèle certaines des façons complexes dont ils réagissent au réchauffement climatique », souligne Sue Natali, responsable du projet PermafrostPermafrost Pathways au Woodwell Climate Research Center. « Cependant, le pergélisol était un dénominateur commun : les régions les plus stressées par le climatclimat contenaient toutes du pergélisol, qui est vulnérable au dégel lorsque les températures augmentent. C'est un signal vraiment inquiétant. »

    Ici, uniquement les points chauds du réchauffement climatique sur la région arctique entre 1997 et 2020. © Christina Shintani, <em>Woodwell Climate Research Center</em>, Watts et<em> al</em>., 2025, <em>Geophysical Research Letters</em>
    Ici, uniquement les points chauds du réchauffement climatique sur la région arctique entre 1997 et 2020. © Christina Shintani, Woodwell Climate Research Center, Watts et al., 2025, Geophysical Research Letters

    Des régions qui doivent concentrer nos efforts

    Une chose est certaine. Une telle cartographie des points chauds de l'Arctique sera plus utile aux décideurs et aux gestionnaires des terres que les moyennes régionales disponibles jusqu'ici. Ces données locales et la détection des tendances régionales peuvent en effet soutenir les approches de gestion et d'adaptation qui tiennent compte des conditions uniques et changeantes sur le terrain.

    Les chercheurs soulignent ainsi le signal d'alarme lancé par les régions occupées par la forêt boréale sibérienne. Ces régions contribuaient, jusqu'à aujourd'hui, à absorber et à stocker le dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2). Désormais, elles sont soumises à des stressstress climatiques majeurs. Résultat, le risque incendie grimpe en flèche. « Nous devons travailler en tant que communauté mondiale pour protéger ces écosystèmes boréaux importants et vulnérables, tout en limitant les émissionsémissions de combustiblescombustibles fossilesfossiles », concluent les chercheurs.