La datation de noyaux de pêche trouvés dans la vallée du fleuve Yangzi Jiang (ou Yang-Tsé) a permis d’en savoir plus sur l’histoire du fruit : les pêchers auraient été domestiqués en Chine il y a 7 500 ans. Il aura ensuite fallu beaucoup de temps pour obtenir les fruits que nous connaissons aujourd'hui.


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    Noyaux de pêches domestiques (par exemple le 6) et sauvages (par exemple le 1). © Zheng et al. 2014, Plos One, cc by 4.0

    Noyaux de pêches domestiques (par exemple le 6) et sauvages (par exemple le 1). © Zheng et al. 2014, Plos One, cc by 4.0

    Si la domestication de céréales comme le blé et le riz est bien connue, on en sait un peu moins sur l'histoire de certains arbres fruitiers, comme les pêchers. La majorité des sites archéologiques où des noyaux de pêche ont été retrouvés se situent dans la vallée du Yangzi Jiang : ce lieu a donc peut-être permis une sélection précoce. De plus, la pêche est présente dans la culture traditionnelle chinoise, puisqu'elle est un symbole d'immortalité dans la mythologie taoiste.

    Dans une étude parue dans Plos One, deux chercheurs chinois et un chercheur canadien présentent une analyse comparée de noyaux de pêches provenant de différents sites de la basse vallée du Yangzi Jiang. L'objectif était de comprendre les circonstances dans lesquelles les Hommes ont commencé à cultiver le pêcher Prunus persica. Un moment important car la domestication des arbres fruitiers a permis aux Hommes d'obtenir plus facilement des fruits comestibles.

    Les noyaux de pêche provenant des différents sites archéologiques de la vallée du Yangzi Jiang ont permis une comparaison de la taille et de la structure des noyaux sur une période de 5.000 ans. Les chercheurs ont ainsi observé que les pêches grossissaient de manière significative au cours du temps, ce qui montre que la domestication était en cours.

    Les sites archéologiques de l'étude, dans la région de Shanghai. © Zheng et al 2014, PLOS One, cc by 4.0
    Les sites archéologiques de l'étude, dans la région de Shanghai. © Zheng et al 2014, PLOS One, cc by 4.0

    3 000 ans de sélection pour une pêche proche des variétés actuelles

    D'après la datation au carbonecarbone des noyaux de pêche, le fruit domestique semble avoir divergé de ses ancêtres sauvages il y a 7 500 ans. Les noyaux de pêches les plus anciens proviennent de Kuahuqiao (il y a 8 000 à 7 000 ans) et Tianluoshan (il y a 7 000 à 6 500 ans). L'étude propose que la basse vallée du Yangzi Jiang a été une région de sélection des premières pêches et que le processus a commencé il y a 7 500 ans.

    Les premiers noyaux de pêche en Chine les plus similaires aux formes modernes cultivées proviennent de la culture de Liangzhu qui remonte à une période allant de 3 300 à 2 000 ans avant J.C. : les noyaux de pêche sont significativement plus gros et plus compressés que les noyaux plus anciens. Des noyaux de pêche similaires ont été trouvés au Japon. La pêche est apparue en Inde il y a 3 700 ans.

    Pour Gary Crawford de l'université de Toronto Mississauga, les Hommes auraient compris très tôt comment réaliser des greffesgreffes et obtenir une reproduction végétativereproduction végétative. Il aurait cependant fallu 3 000 ans pour que la pêche domestiquée ressemble au fruit que nous connaissons aujourd'hui. L'amélioration n'a pas porté uniquement sur le goût et la taille du fruit, mais aussi sur la duréedurée de la saisonsaison de production. Par conséquent, les gens de l'époque cherchaient déjà à maîtriser leur environnement : « la réalité est qu'ils étaient des Hommes modernes avec les capacités cérébrales et des talents que nous avons maintenant. Les gens ont changé leur environnement pour qu'il corresponde à leurs besoins ».