Lors d'une expédition, des scientifiques recherchaient des sédiments. Les ont-ils trouvés ? Peut-être. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont déniché des formes de vie jamais observées dans de telles conditions.


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    Quelque 900 mètres sous la glace de l'Antarctique, la vie se développe. Une révélation plus qu'inattendue, présentée dans Frontiers in Marine Science. « Cette découverte est l'un de ces heureux accidentsaccidents qui poussent les idées dans une direction différente, elle nous montre que la vie marine antarctique est incroyablement spéciale et étonnamment adaptée à un monde gelé », raconte Huw Griffiths, biologiste marin et coauteur de l'étude.

    Le hasard ayant conduit ces chercheurs à forer au travers d'un glacier, en quête de sédiments, avant de heurter un rocher en contrebas... et d'apercevoir, grâce à une séquence vidéo, de la vie sur cette roche. Jusqu'à présent, les scientifiques n'auraient pas parié sur l'existence d'animaux immobiles sous une telle couche de glace, dans un environnement aussi froid qu'obscur. Au fond de l'eau, les formes de vie décelées mais non reconnaissables se trouvent sous une plateforme de glaceplateforme de glace flottante. Des plateformes couvrant l'océan Austral sur 1,5 million de km2 ! Et grandement inexplorées.

    Sous cette glace, la lumièrelumière du soleilsoleil peine à filtrer, et peu de matièresmatières organiques s'écoulent depuis la surface. Dans ces conditions, les organismes immobiles - qui dépendent de ces retombées de nourriture - ont peu de chances de survivre. D'autant que les animaux dénichés sont situés a minima à 625 kilomètres de la dernière région photosynthétique - source de matières organiques -, dans le sens de l'écoulement de l'eau.

    L'Antarctique est l'un des seuls <em>inlandsis</em> – glacier recouvrant la terre ferme – pourvu de plateformes de glace. Représentées par différentes couleurs sur cette image, elles s'étendent sur plusieurs dizaines voire centaines de milliers de kilomètres carrés. Ces « barrières de glace » peuvent être épaisses de plusieurs centaines de mètres. Des icebergs se détachent parfois d'elles, avant de voguer dans l'océan Austral. © Dimitri Torterat, Adobe Stock
    L'Antarctique est l'un des seuls inlandsis – glacier recouvrant la terre ferme – pourvu de plateformes de glace. Représentées par différentes couleurs sur cette image, elles s'étendent sur plusieurs dizaines voire centaines de milliers de kilomètres carrés. Ces « barrières de glace » peuvent être épaisses de plusieurs centaines de mètres. Des icebergs se détachent parfois d'elles, avant de voguer dans l'océan Austral. © Dimitri Torterat, Adobe Stock

    La vie à 900 mètres sous la glace

    « Notre découverte soulève tellement plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Par exemple, comment sont-ils arrivés là ? Qu'est-ce qu'ils mangent ? Depuis combien de temps y sont-ils ? Quelle est la fréquence de ces rochers couverts ? S'agit-il des mêmes espèces que celles que nous voyons à l'extérieur des plateformes de glace, ou s'agit-il de nouvelles espèces ? Et qu'arriverait-il à ces communautés si les plateformes de glace s'effondraient ? », s'enquiert Huw Griffiths.

    Il n'existe qu'une méthode pour en avoir le cœur net : se rapprocher. Un défi de taille. Ces organismes, en plus de s'être abrités à 900 mètres sous la glace, sont « à 260 kilomètres des navires où se trouvent nos laboratoires », mesure Huw Griffiths. En équipe, ces chercheurs s'affairent à imaginer de nouveaux moyens pour atteindre et étudier ces créatures. Avant que le réchauffement climatique ne les emporte.