Les animaux à trois pattes, ça n’existe pas ! Ça n’a même jamais existé. Pourtant, à y regarder de plus près, trois pattes, ça pourrait présenter des avantages… Alors pourquoi la nature a-t-elle fait ce choix définitif ? Un chercheur nous propose quelques éléments de réponse.


au sommaire


    « Franchement, ce film ne casse pas trois pattes à un canard ! » Une critique comme une mauvaise augure. Parce que les canards, bien sûr, ne marchent pas sur plus de deux pattes. Dommage pour le film en question qui ne fera probablement pas un carton au box-office. Mais pour revenir à nos moutons -- ou à nos canards --, vous êtes-vous seulement déjà demandé pourquoi il n'existe pas d'animaux à trois pattes ?

    Selon Tracy Thomson, chercheur à l'université de Californie à Davis (États-Unis) après « pourquoi ? », la deuxième question que devrait se poser tout bon scientifique, c'est « pourquoi pas ? ». Et c'est ainsi que le scientifique en est venu à se demander pourquoi la nature ne nous a pas offert d'animaux circulant sur trois pattes.

    Il existe pourtant des exemples d'animaux qui recourent à un semblant de troisième patte. Les suricates en position de veille, par exemple, campent sur leurs deux pattes arrière... et sur leur queue. Les pics-verts, quant à eux, utilisent les plumes de leur queue pour prendre appui sur les troncs d'arbres. Une stratégie qui leur permet d'économiser de l’énergie. Là où se tenir debout sur deux pattes demandent à la fois des muscles forts et des pieds relativement imposants.

    Quelques exemples d’animaux s’appuyant sur une troisième patte factice. © Tracy Thomson, BioEssays, Université de Californie
    Quelques exemples d’animaux s’appuyant sur une troisième patte factice. © Tracy Thomson, BioEssays, Université de Californie

    Un nombre pair comme solution la plus efficace ?

    Il existe même des animaux qui optent pour des déplacements que l'on pourrait qualifier de tripodes. Les pattes des insectes -- qui en comptent six au total -- se déplacent par exemple par groupe de trois. Ainsi, le cafard avance deux pattes d'un côté et une de l'autre. Les spécialistes parlent de marche tripode en alternance. D'autres animaux utilisent leur queue -- ou leur bec, concernant le perroquet -- en plus de leurs membres pour se déplacer dans les arbres, par exemple.

    La symétrie bilatérale semble depuis longtemps inscrite dans notre ADN

    Pour Tracy Thomson, la raison de l'absence d'animaux présentant trois véritables pattes est à chercher très loin dans le passé. Au tout début même de l'évolution de la vie. Cette espèceespèce de plan de symétrie bilatérale que nous observons aujourd'hui a dû être inscrite dans notre ADNADN avant même que n'apparaissent les pattes, les ailes ou même les nageoires. Peut-être a-t-elle perduré parce que les solutions à membres pairs se sont avérées suffisamment performantes pour survivre et prospérer alors que celles à membres impairs ont eu plus de difficultés...

    Mais alors, pourquoi cinq ? Oui, pourquoi cinq doigts à chacune de nos mains ? Là encore, la réponse semble à chercher très loin dans l'histoire de la vie, il y a plus de 350 millions d'années. Et il paraît que ce serait en lien avec notre système de reproduction « à l'airair libre »...