Ils avaient cinq mois pour réunir les fonds nécessaires à l'achat d'un zoo en Bretagne. L'ONG Rewild l'a fait en trois jours ! Grâce à cette collecte, ils vont pouvoir lancer leur projet et transformer ce zoo en un centre de réhabilitation pour animaux sauvés.


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    Lancée depuis seulement trois jours, la campagne de financement participatif pour racheter un zoo en Bretagne est un immense succès. L'objectif de 600.000 euros a dores et déjà été dépassé ! Il faut dire que l'ONG Rewild, à l'origine du projet, a reçu un joli coup de pouce de Marc Simoncini. Le fondateur de Meetic a participé à hauteur de 250.000 euros à la récolte de fonds. Ajouté aux 400.000 euros offerts par les 23.000 (plus) petits donateurs, cela a permis de dépasser le plafond.

    Cet argentargent va permettre à Rewild de « réaménager les lieux pour que les animaux aient de meilleures conditions », mais aussi de « mener un check-up de santé de tous les animaux », d'après la coprésidente Lamya Essemlali. Par ailleurs, la cagnotte va rester ouverte afin d'obtenir les fonds nécessaires au fonctionnement du zoo, le temps de mettre en place le projet économique prévu.

    Si les animaux en captivité n'ont pas été trop imprégnés par l'humain, ils pourront retourner à la vie sauvage. © Cranach, Adobe Stock
    Si les animaux en captivité n'ont pas été trop imprégnés par l'humain, ils pourront retourner à la vie sauvage. © Cranach, Adobe Stock

    Une nouvelle vie

    Comme l'expliquait Lorane Mouzon à Futura samedi dernier (voir ci-dessous), l'idée est de créer une économie plus vertueuse autour de ce lieu. Pour cela, des visites en réalité virtuelleréalité virtuelle seront développées. Elles permettront d'observer les animaux dans leur milieu naturel, sans les imprégner de l'humain. Un centre de formation sera également mis en place, ainsi qu'un restaurant.

    En attendant ces rentrées d'argent, l'ONG Rewild estime avoir besoin de 100.000 euros par an pour prendre soin des 561 animaux présents. Mais aussi des animaux récupérés lors du démantèlement de trafics

    À terme, le zoo breton sera transformé en centre de réhabilitation pour les animaux sauvés du trafic. Après avoir reçu les soins adéquats, si l'animal est capable de retourner à la vie sauvage, il sera renvoyé dans son milieu d'origine. Et cela pourrait faire une énorme différence, puisque le trafic et le commerce d'animaux sauvages sont la deuxième cause de leur disparition (après la destruction des habitats naturels).


    Ils rachètent un zoo pour sauver des animaux sauvages

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 21/12/2019

    « Achetons un zoo et libérons les animaux sauvages ! » C'est ainsi que s'intitule la campagne de financement participatif lancée ce mercredi par une coalition d'associations environnementales. De prime abord, cela semble relever de la pure folie. Lorane Mouzon, coprésidente de la coalition Rewild, nous précise le projet.

    En anglais, le terme « rewild » signifie « inverser le processus de domestication ou restaurer un habitat naturel en y faisant revenir les animaux sauvages qui y vivaient à l'origine ». Et c'est précisément l'ambition de la coalition éponyme -- créée par les sept associations suivantes : Sea Shepherd, Centre Athenas, Hisa, Le Biome, One Voice, Wildlife Angels et DarwinDarwin - qui vient d'annoncer le rachat d’un zoo.

    Voir aussi

    La boutique SOS Planète

    Futura : Comment vous est venue l'idée d'acheter un zoo ?

    Lorane Mouzon : Le trafic d’animaux sauvages est l'un des trafics les plus lucratifs -- après le trafic d'armes et de droguesdrogues -- et les moins risqués au monde. Les condamnations sont ridiculement faibles. Même les contrôles sont peu nombreux parce qu'ils n'existent que trop peu de lieux d'accueil pour les animaux qui pourraient être saisis. Un lieu d'accueil, c'est ce que nous recherchions. Et quoi de mieux qu'un zoo pour cela ?

    Futura : Pourquoi particulièrement le zoo de Pont-Scorff (Bretagne) ?

    Lorane Mouzon : Parce que depuis son rachat par Sauveur Ferrara il y a deux ans, ce zoo était en pleine restructuration. L'occasion ou jamais, selon nous, de faire une offre d'achat. Nous avons exposé notre projet à Sauveur Ferrara qui a totalement adhéré à notre idée.

    En avril dernier, le zoo de Pont-Scorff a fait l’objet d’une visite de l’Association française des parcs zoologiques. De nombreux points relevés ne correspondaient pas à l’éthique de l’Association et aux standards des parcs zoologiques modernes. La direction a été mise en demeure de se mettre en conformité pour des raisons de sécurité et de bien-être animal. © Julien1978, Wikipedia, CC by-sa 3.0
    En avril dernier, le zoo de Pont-Scorff a fait l’objet d’une visite de l’Association française des parcs zoologiques. De nombreux points relevés ne correspondaient pas à l’éthique de l’Association et aux standards des parcs zoologiques modernes. La direction a été mise en demeure de se mettre en conformité pour des raisons de sécurité et de bien-être animal. © Julien1978, Wikipedia, CC by-sa 3.0

    Futura : Que va-t-il se passer dans les semaines et les mois à venir ?

    Lorane Mouzon : Nous avons pris possession du zoo cette semaine. Et nous allons tout d'abord devoir mener un audit des installations. L'urgence, c'est d'améliorer les conditions de détention des 561 animaux présents dans le zoo. Ensuite, nous devrons procéder à un travail de longue haleine d'évaluation individuelle de chacun d'entre eux. Avec, pour objectif, de déterminer quels animaux peuvent être retournés à leur milieu d'origine.

    Le saviez-vous ?

    Plusieurs experts des animaux affirment que le projet de Rewild de réhabiliter les animaux du zoo de Pont-Scorff se heurtera vite au « mur de la réalité ».

    D’une part, car en pratique, réhabiliter des animaux de zoo apparait extrêmement périlleux. Périlleux et de longue, très longue haleine. L’opération se jouant généralement sur plusieurs années. Et coûtant cher. Bien plus, à en croire ces experts, que les 100.000 euros budgétés chaque année par Rewild.

    D’autre part, car la plupart des animaux pensionnaires du zoo sont en fait intégrés au programme d’élevage européen. Pour les en sortir, l’accord de nombreuses institutions sera nécessaire.

    Futura : Ces animaux sont, pour la grande majorité, nés en captivité. Difficile de parler de les retourner à leur milieu d'origine...

    Lorane Mouzon : Tant que nous n'avons pas fait l'état des lieux, nous n'en savons rien. Et ceux qui se révéleront inadaptés à une vie en pleine nature seront tout simplement basculés vers des sanctuaires situés dans leur région d'origine.

    Futura : Comment seront évalués ces animaux ?

    Ne jamais travailler dans la précipitation et toujours trouver la meilleure solution

    Lorane Mouzon : L'important, c'est que nous souhaitons ne jamais travailler dans la précipitation. Toujours prendre le temps de trouver la meilleure solution pour chaque animal. Il y aura d'abord un bilan général réalisé par un vétérinairevétérinaire. Puis, un bilan comportemental. Pour les prédateurs, il faudra par exemple déterminer s'ils sont capables de chasser. Il faudra aussi s'assurer que ces animaux, imprégnés de l'Homme, ne chercheront pas à s'en rapprocher une fois remis en liberté. Et il y a l'aspect génétiquegénétique. Nous ne pouvons pas réhabiliter des espèces hybrides qui risqueraient de mettre en péril les écosystèmes.

    Certaines personnes sont prêtes à payer plus de 60.000 euros pour un perroquet bleu du Brésil. © Julien1978, Wikipedia, CC by-sa 3.0
    Certaines personnes sont prêtes à payer plus de 60.000 euros pour un perroquet bleu du Brésil. © Julien1978, Wikipedia, CC by-sa 3.0

    Futura : Justement, où comptez-vous libérer les animaux du zoo de Pont-Scorff ?

    Lorane Mouzon : Nous avons déjà noué des partenariats avec des réserves. Pour réussir, nous devons travailler main dans la main avec les populations locales. Et nous attacher à ne pas avoir d'impact négatif sur les écosystèmes sauvages. De nombreuses espèces, végétales et animales, ont bénéficié de la réintroduction des loups dans le parc national de Yellowstone (États-Unis). La présence d'un prédateur naturel a permis de réguler les populations. Réussir ce type de coup de pouce à la biodiversitébiodiversité, c'est notre objectif.

    Futura : Revenons aux animaux issus du trafic. À partir de quand espérez-vous être en mesure d'en accueillir dans votre « centre de réhabilitation de la faunefaune sauvage » ?

    Lorane Mouzon : Deux cents perroquets vont arriver dès la semaine prochaine.

    Futura : À ce rythme, ne risquez-vous pas de vous retrouver débordés ou en sous-capacité ?

    Lorane Mouzon : Le Wild Rescue Center n'est pas destiné à être plus qu'un lieu de transittransit pour ces animaux. Nous ne les garderons pas longtemps avant de les rendre à la nature.

    Futura : Mais les animaux récupérés de trafics peuvent aussi avoir vécu tout ou partie de leur vie en captivité.

    Lorane Mouzon : Ils suivront le même protocoleprotocole que celui mis en place pour les animaux du zoo. Et repartiront lorsque nous aurons trouvé pour eux, la meilleure des solutions.

    Futura : Tout cela va sans doute coûter cher ?

    Lorane Mouzon : Pour racheter le zoo, nous avons besoin de 600.000 euros. Une campagne de financement participatif a été lancée - le 20/12 à 14:00, et en moins d'une semaine, elle avait déjà récolté plus de la moitié de la somme. Ensuite, nous tablons sur un budget de 100.000 euros par an. Nous allons également rouvrir le zoo, sous une autre forme, une forme virtuelle, très vraisemblablement.

    Ainsi, les visiteurs pourront observer les animaux dans leur milieu naturel, sans risque ni pour eux ni pour les animaux. En conclusion, nous comptons mettre en place autour de ce zoo, une nouvelle économie, beaucoup plus vertueuse.

    Pour vous engager, vous aussi, pour la cause des animaux, n'hésitez pas à faire un détour par la boutique virtuelle de Futura : SOS Planète. Vous y trouverez une collection de vêtements confort et une partie des bénéfices sera reversée à des associations de défense de l'environnement.