Le lynx boréal a beau être le plus grand félin d'Europe, c'est un voisin discret. Au point que certains ne savent peut-être pas qu’il est présent en France, et qu’il y a toute sa place depuis longtemps. Saviez-vous qu'il apparaissait dans les bestiaires du Moyen-Âge ? Après son retour dans nos contrées, ce grand carnivore a dû faire face à plusieurs obstacles qui l'ont empêché de prospérer, et ses jours sont à présent en danger.


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    Malgré son statut d'animal protégé en France, le lynx est régulièrement victime de braconnage, comme la jeune femelle récemment secourue par le centre de soins aux animaux sauvages Athenas, dans le Jura. L'animal blessé avait été identifié grâce à un piège photographique, et un diagnosticdiagnostic vétérinairevétérinaire a révélé une blessure par balle... Rappelons à toutes fins utiles que le braconnage est puni par la loi, et que le lynx boréallynx boréal ne représente aucun danger pour l'Homme, et est facilement tenu à distance du bétail par les enclos électrifiés, ou les chiens gardiens de troupeaux.

    Une femelle lynx allaite ses petits, qu'elle élève seule. Les portées se composent d'un à quatre petits, qui seront matures à environ 10 mois. © <a href="https://www.flickr.com/people/14738242@N00" target="_blank">Jonas Bengtsson</a>, Londres, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0
    Une femelle lynx allaite ses petits, qu'elle élève seule. Les portées se composent d'un à quatre petits, qui seront matures à environ 10 mois. © Jonas Bengtsson, Londres, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Les lynx pourraient bien disparaître

    Le braconnage n'est pas la seule menace qui pèse sur la population de lynx boréals dans notre pays. Les collisions avec des véhicules sont aussi une cause de mortalité, mais ce qui met le plus en danger le félin vient peut-être d'autre part. Une étude récemment parue dans la revue Frontiers in Conservation Science et menée par Nathan Huvier et Gilles Moyne, du Centre Athenas, révèle que le plus grand ennemi du lynx résiderait... dans ses gènesgènes.

    Pour comprendre, il faut s'intéresser à l'histoire du lynx en France. Le plus grand félin d'Europe a disparu du territoire français au XXe siècle, avant le loup et l’ours car il est plus sensible à la réduction de son aire habitable et des effectifs de ses proies. Après sa réintroduction en Suisse dans les années 1970, il fait son retour timide en France et se trouve maintenant en majorité dans le massif du Jura. La population d'individus adultes s'élève en 2023 à seulement quelque 150 lynx, ce qui est relativement peu si on considère le temps écoulé. 

    Ce lynx a été percuté par un véhicule, en République Tchèque. L'implémentation d'une signalisation adaptée et de limites de vitesse dans les aires habitées par le lynx pourraient contribuer à sa protection. © Stanislav Němec, Hnutí Duha, <em>Wikimedia Commons,</em> Domaine public
    Ce lynx a été percuté par un véhicule, en République Tchèque. L'implémentation d'une signalisation adaptée et de limites de vitesse dans les aires habitées par le lynx pourraient contribuer à sa protection. © Stanislav Němec, Hnutí Duha, Wikimedia Commons, Domaine public

    Nos grands félins sont consanguins

    Les chercheurs ont donc utilisé des données obtenues grâce à des microsatellites et des échantillons d'ADNADN, et ont découvert une très faible diversité génétiquegénétique. En d'autres termes, les lynx sont fortement consanguins ! Cela s'explique par la façon dont ils sont revenus en France. La première réintroduction suisse a importé des individus provenant des Carpates, un massif d'Europe centrale, et depuis, il ne semble pas y avoir eu beaucoup de contacts entre la nouvelle population française et celles d'Allemagne ou de Suisse. 

    Il est urgent d'agir pour apporter du sang neuf dans notre population française, par exemple, en échangeant des lynx orphelins avec d'autres centres de soins. Si rien n'est fait, les auteurs de l'étude estiment que l'espèce du grand prédateur disparaitra de France d'ici 30 ans...