Partager un morceau de sa vie avec un chien, c’est beaucoup de bonheur. Mais pas que… Des chercheurs soulignent une fois de plus l’importance de prendre conscience des responsabilités que cela implique avant de s’engager.


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    Avez-vous déjà échangé avec un humain qui partage sa vie avec un chien ? En général, il ne tarit pas d'éloges sur son animal. Et dresse, des instants passés à ses côtés, un portrait idyllique. Certaines études relayées par les médias ont aussi tendance à faire penser que pour vivre plus heureux et en meilleure santé, il faut vivre avec un chien. Mais des chercheurs de la Eötvös Loránd University (Hongrie), une université reconnue pour les travaux qui y sont menés depuis des années sur nos amis à quatre pattes, tiennent aujourd'hui à nuancer ce propos. Pour le bien des chiens, comme de celui des humains qui les accompagnent.

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    Car prendre soin d'un chien peut être coûteux. Aussi bien en argentargent qu'en temps. Mais également sur le plan émotionnel. Un chien peut avoir des problèmes de comportement qu'il faut gérer. Aboyer de manière intempestive ou détruire tout à la maison lorsqu'il est laissé seul. Un chien peut aussi souffrir d'une maladie chronique. Un souffle au cœur qui demande de l'attention et des soins. Et tout ça peut susciter de l'inquiétude, de la tristesse ou de la culpabilité chez l'humain qui l'accompagne. À long terme, ces sentiments négatifs peuvent même se transformer en stressstress chronique ou en dépression.

    Avoir un chien à la maison entre avantages et inconvénients

    Pour mieux comprendre ce que partager la vie d'un chien signifie aux yeuxyeux des humains, les chercheurs du département d'éthologie de cette université (Elte) ont interrogé des personnes accompagnées de chiens. Dans la revue Scientific Reports, ils précisent comment ils leur ont demandé de classer comme inconvénient - en attribuant une note allant jusqu'à -3 - ou avantage - à l'aide d'une note allant jusqu'à +3 -, une liste d'affirmations concernant les chiens de compagnie. Pour exemple, « les chiens doivent être dressés et éduqués », « les chiens peuvent apporter du désordre et de la saleté dans la maison », « les chiens peuvent tenir compagnie aux enfants ».

    Résultat, la croyance selon laquelle les chiens égayent notre vie s'est avérée être l'élément le plus positivement noté de la liste, avec un score de 2,78 en moyenne. La relative courte durée de vie des chiens a, quant à elle, été évaluée le plus négativement, avec une note de -1,67 en moyenne. Mais finalement, les chercheurs montrent que les affirmations positives sont, en moyenne, beaucoup plus élevées (avec une note de 2,06) que les affirmations négatives - dont la note moyenne est de -0,66. Ainsi la balance avantage/inconvénient semble-t-elle basculer du côté positif.

    Les engagements et responsabilités liés à la possession d’un chien se sont révélés à la fois une joie et un fardeau, soulignant l’importance de faire un choix d’adoption conscient. © Enikő Kubinyi, <em>Elte Eötvös Loránd University</em>
    Les engagements et responsabilités liés à la possession d’un chien se sont révélés à la fois une joie et un fardeau, soulignant l’importance de faire un choix d’adoption conscient. © Enikő Kubinyi, Elte Eötvös Loránd University

    À chacun sa façon d’envisager sa relation avec son chien

    Mais ce qui ressort surtout de ces travaux, c'est que l'expérience de partager sa vie avec un chien ne peut pas être décrite en termes de coûts et d'avantages universels qui s'appliqueraient à tous les humains. L'engagement et les responsabilités qui vont avec - par exemple, le temps à consacrer aux soins quotidiens et à l'éducation du chien, ainsi que l'influence du chien sur la routine et la qualité du sommeilsommeil de son humain -, notamment, peuvent être perçus très différemment d'une personne à une autre. Comme bénéfiques pour les uns. Comme un véritable fardeau émotionnel et pratique pour les autres.

    Les spécialistes de la Eötvös Loránd University soulignent par ailleurs qu'il peut être difficile de parler des difficultés que l'on rencontre avec son chien. De peur d'être jugé. Ou étiqueté comme un « mauvais meilleur ami ». Ce phénomène doit rester à l'esprit de ceux qui voudraient surinterpréter leurs résultats. Et il encourage les chercheurs à souligner l'importance d'aborder publiquement non seulement les effets positifs des chiens de compagnie, mais aussi les nombreux défis liés à une tranche de vie partagée avec un chien. Une manière de réduire l'écart entre les attentes et la réalité, et d'améliorer ainsi aussi bien la vie des humains que celle des chiens.