Un ver qui produit du lait ? Voilà qui paraît étrange, c'est pourtant ce que font les Caenorhabditis elegans femelles pour assurer la survie de leur descendance avant de mourir.


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    Tous les êtres vivants vieillissent. L'effet du temps sur les organismes est inéluctable. Pour comprendre les mécanismes physiologiques qui sous-tendent le vieillissement, les scientifiques utilisent l'organisme modèle Caenorhabditis elegans, un petit nématode transparenttransparent d'un millimètre de long. Ces vers sont hermaphroditeshermaphrodites et se reproduisent par autofécondation puisqu'ils stockent à la fois des spermatozoïdesspermatozoïdes et des oocystesoocystes. Des individus uniquement mâles peuvent naître, mais ils sont rares.

    Au cours de leur vie d'adulte, qui dure une vingtaine de jours, les C. elegans s'autofécondent successivement jusqu'à épuiser leur stock de spermesperme. À ce moment-là, les scientifiques de l'University College de Londres ont observé un comportement fascinant. Les vieilles femelles se sacrifient pour assurer la survie de leur descendance. Elles produisent une substance nutritive, du « lait » dont se nourrissent les jeunes larves.

    Du « lait » de ver 

    « C'est à la fois une forme de lactation primitive, que seuls quelques autres invertébrés ont faite, et une forme de suicide reproductif, les mères vers se sacrifiant pour subvenir aux besoins de la génération suivante », explique le directeur de ces recherches à L'University College de Londres, David Gems. Les vers qui ne peuvent plus s'autoféconder accumulent dans leur corps des œufs non fertilisés et un fluide que les scientifiques comparent à du lait. 

    Le lait de ver est le résultat de la fontefonte des propres tissus du nématode, l'opération lui est donc fatale. Avant de mourir, la femelle pond ses ultimes œufs, qui contiennent aussi du lait. Les scientifiques ont alors observé que les jeunes larves qui mangent ces œufs grandissent plus vite que ceux qui n'y ont pas accès. Auparavant, ils pensaient de ce phénomène était dû à une maladie à cause de l'âge avancé des nématodes.

    « L'existence du lait de ver révèle une nouvelle façon dont C. elegans maximise sa capacité évolutive : lorsqu'une femelle ne peut plus se reproduire parce qu'elle n'a plus de sperme, elle fait fondre ses propres tissus afin de transférer des ressources à sa progéniture », conclut Carina Kern, première autrice de l'étude.

     

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