« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, nous allons nous intéresser à un insecte tout à fait commun : la mouche.


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    Les mouches. Généralement, elles nous agacent à tourner en rond dans nos cuisines ou dans nos salons. La tentation est alors grande de se saisir d'une tapette et d'en finir. Mais respirons un grand coup et prenons aujourd'hui le temps d'essayer de les comprendre. Parce que si elles adoptent ce qui nous apparaît comme une habitude des plus exaspérantes, c'est en réalité tout simplement... par amour ! En attendant qu'une femelle se sente concernée, un mâle peut en effet tourner en rond pendant des heures. Sa manière à lui de se rendre intéressant...

    Ça ressemble quand même un peu à une preuve de plus que les mouches ne sont pas très futées. Il faut bien dire qu'avec un cerveaucerveau de la taille d'une graine de pavot et pas plus de 100.000 neuronesneurones, elles ne sont pas aidées. Pourtant, les scientifiques sont formels : ces petits insectes sont capables de se souvenir et donc, d'apprendre. Les mouches peuvent, par exemple, distinguer les endroits dangereux des lieux sûrs.

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    Ce que cache le cerveau d’une mouche

    Leur cerveau, si petit soit-il, est par exemple capable de calculer leur direction de déplacement alors même que leur tête et leur corps ne pointent pas dans le même sens. Quoi ? Oui, quand vous marchez dans la rue tout en tournant la tête vers celui ou celle qui vous accompagne. C'est ce que fait votre cerveau, aussi. Les mouches ont très peu d'amies mais ça peut quand même leur arriver. Quand elles battent des ailes pour avancer, mais qu'un vent assez fort les fait reculer, par exemple.

    Les travaux sur le sens de l’orientation des mouches pourraient éclairer les neuroscientifiques qui travaillent sur des maladies qui perturbent la cognition spatiale chez les humains. Comme la maladie d’Alzheimer. © Hurca!, Adobe Stock
    Les travaux sur le sens de l’orientation des mouches pourraient éclairer les neuroscientifiques qui travaillent sur des maladies qui perturbent la cognition spatiale chez les humains. Comme la maladie d’Alzheimer. © Hurca!, Adobe Stock

    Les mouches et le calcul vectoriel

    Lorsque vous fermez les yeuxyeux, vous restez aussi capables de savoir à quel endroit d'une pièce vous vous trouvez et dans quelle direction vous « regardez », grâce aux cellules que les scientifiques appellent cellules de direction de la tête. Eh bien, c'est un peu pareil pour les mouches. Elles cachent dans leur petit cerveau, des cellules qui indiquent l'angle dans lequel pointe leur tête. Un peu comme l'aiguille d'une boussole indiquant le nord.

    Mais il s'y trouve aussi d'autres cellules qui indiquent, elles, dans quelle direction les mouches se déplacent. Indépendamment du sens dans lequel leur tête est tournée. Les chercheurs montrent même que, dans le cerveau des mouches, quatre classes de neurones sont sensibles au mouvementmouvement visuel. De quoi décomposer le déplacement de ces petits insectes selon les trois axes de l'espace. Et d'y ajouter une composante de vitessevitesse. Un peu comme un étudiant en physiquephysique décomposerait la trajectoire d'un objet d'étude.

    Ainsi le cerveau des mouches semble capable de calculs assez complexes. Des sortes d'opérations vectorielles. Grâce à des neurones qui traduisent les informations en vagues dont la hauteur, par exemple, serait l'analogue de la longueur d'un vecteur. Reste tout de même à élucider comment ces drôles d’insectes réussissent à garder une trace de leurs trajectoires passées. Comment leur cerveau intègre les signaux liés à la direction et à la vitesse de leurs déplacements au fil du temps pour former des souvenirs. Mais une chose est désormais certaine, les mouches... ne sont pas si bêtes !