Un marché de 100 millions d'internautes, ça fait rêver, et ça peut pousser à accomplir certains sacrifices. C'est l'avis des fondateurs de Google, qui livrent cette semaine une version chinoise de leur célèbre moteur de recherche, et comptent ainsi gagner du terrain sur leurs principaux concurrents dans ce pays, Yahoo et Baidu.com. Pour entrer en Chine, Google a accepté de se plier aux règles de Pékin, et de ne pas mettre en ligne les contenus considérés comme «interdits», tels ceux relatifs au massacre de Tiananmen, à l'indépendance Taïwanaise ou aux droits de l'homme.

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    Pour entrer en Chine, Google n'a pas pu contourner sa Grande Muraille de l'Internet...

    Pour entrer en Chine, Google n'a pas pu contourner sa Grande Muraille de l'Internet...

    Reporters Sans Frontières a fermement condamné l'annonce de cette version censurée, et a déclaré que « le lancement de GoogleGoogle.cn marquera un jour noir pour la liberté d'expression en Chine ».

    Pour pénétrer le marché chinois, Google lance une version censurée de son célèbre moteur de recherche <br />(Crédits : Christophe Olry/Futura-Sciences)

    Pour pénétrer le marché chinois, Google lance une version censurée de son célèbre moteur de recherche
    (Crédits : Christophe Olry/Futura-Sciences)

    Pour entrer en Chine, Google accepte de se censurer

    « Afin de travailler à partir de la Chine, nous avons retiré certains contenus des résultats de recherches obtenus sur Google.cn, en applicationapplication de la législation et de la réglementation locales. ... Si le retrait de résultats de recherches est contraire à la mission de Google, ne pas fournir d'information ... est davantage contraire à notre mission ». C'est en ces termes que Google a justifié le 25 Janvier la sortie de la version « bridée » de son moteur de recherche.

    Jusqu'à aujourd'hui, alors que Yahoo et MicrosoftMicrosoft avaient déjà cédé aux sirènes du marché chinois et accepté de se plier aux règles de Pékin en matièrematière de censure, Google était le dernier grand moteur de recherche non censuré en Chine. Avec « google.cn », la firme américaine rentre ainsi dans le rang.

    La censure ? Bien sûr, elle gêne Larry PageLarry Page et Sergey BrinSergey Brin, co-fondateurs de Google, mais ils ne s'en formalisent pas outre mesure et restent optimistes quant à l'avenir. Ainsi, Andrex McLaughlin, leur conseiller stratégique, a déclaré : « Nous croyons fermement que, grâce à notre culture de l'innovation, Google pourra apporter une contribution positive et significative à la vitessevitesse de développement, déjà impressionnante, de la Chine. »

    Internet sous contrôle ? <br />(Crédits : RSF)

    Internet sous contrôle ?
    (Crédits : RSF)

    Reporters Sans Frontières se dit "écoeuré"

    Dans un récent communiqué, Reporters Sans Frontières s'est dit écoeuré par cette nouvelle qui, à ses yeuxyeux, menace la liberté d'expression en Chine (extrait du communiqué d'RSF) :

    "Le lancement de Google.cn marquera un jour noir pour la liberté d'expression en Chine. Alors que cette entreprise défend les droits des internautes américains face à la justice américaine, elle bafoue ceux de ses utilisateurs chinois. Les déclarations offusquées de Google sur le respect de la confidentialité des internautes apparaissent comme un comble d'hypocrisie, à la lumièrelumière de leur stratégie en Chine."

    "Comme ses concurrents, cette entreprise nous explique qu'elle n'a pas le choix, car elle doit se plier aux lois locales. Mais cet argument a fait long feufeu. La liberté d'expression n'est pas un principe accessoire, que l'on peut mettre de côté lorsqu'on opère dans une dictature. C'est une valeur reconnue par la Déclaration universelle des droits de l'homme et inscrite dans la constitution chinoise."

    "En matière de censure, les entreprises américaines se plient aujourd'hui aux mêmes règles que leurs concurrentes chinoises. Elles continuent pourtant de se justifier en invoquant l'effet bénéfique de leur activité sur le long terme. Mais une chose est sûre : l'Internet chinois s'isole de plus en plus du reste du monde, et la liberté d'expression y est de plus en plus réduite. Les prophéties de ces entreprises sur l'avenir d'un Réseau libre et sans frontières servent à dissimuler des fourvoiements éthiques inacceptables".

    Ainsi, même si Google assure que son moteur précisera sur ses pages si la recherche a fait l'objet d'une censure ou non, son implantation « timide » en Chine n'est pas du goût de tous. Il est vrai qu'à l'heure actuelle une page non référencée dans les grands moteurs est une page très peu consultée. Et qu'il s'agisse d'un témoignage sur les événements de Tiananmen ou d'un nouveau texte relatif aux droits l'homme...