A l'époque des premières pyramides égyptiennes, un astéroïde ou une comète aurait touché la Terre du côté des îles Kerguelen, projetant partout sur la planète des matériaux incandescents et des restes d'organismes marins. C'est la thèse que soutient une géologue, Marie-Agnès Courty, après 15 ans de recherche, et que vient de présenter le magazine Ciel et Espace. Futura-Sciences reviendra sur cette découverte.

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    En 1990, Marie-Agnès Courty, une chercheuse du CNRS travaillant au Centre européen de recherches préhistoriques, à Tautavel (Pyrénées-Orientales), fouille un site archéologique en Syrie et tombe sur une couche de matériaux fondus. Datés de 4000 ans, ils ont dû subir une température de 1700 °C. Convaincue de l'origine météoritique de ce matériaumatériau, Marie-Agnès Courty a depuis étudié de nombreux échantillons provenant de multiples endroits, Amérique du sud, Europe, Asie, Indonésie, fond marin de l'océan Indien... Partout, elle retrouve des scories, toujours datées de 4000 ans. Leurs quantités respectives dans les échantillons désignent un point central : quelque part dans l'océan Indien, du côté des îles Kerguelen. Cette origine supposée colle bien avec la découverte la plus étonnante : la présence dans cette « couche 4000 », comme elle l'appelle, de fossiles marins reconnus sans ambiguïté comme ceux d'animaux vivant dans les mers australes.

    Les îles Kerguelen, au sud de l'océan Indien, ont-elles vu s'écraser il y a 4000 ans un gigantesque bolide, dont les restes se sont dispersés jusqu'aux antipodes ? Crédit : ESA

    Les îles Kerguelen, au sud de l'océan Indien, ont-elles vu s'écraser il y a 4000 ans un gigantesque bolide, dont les restes se sont dispersés jusqu'aux antipodes ? Crédit : ESA

    Pluie de critiques

    Sa théorie est fortement contestée par beaucoup de scientifiques, qui avancent plusieurs critiques. Dans la couche 4000 de la géologuegéologue française, il manque l'iridiumiridium et les spinelles nickélifères, considérés comme une caractéristique systématique des impacts météoritiques. Les matériaux éjectés par l'astéroïdeastéroïde tombé sur la Terre il y a 65 millions d'années et ayant causé une extinction massive, dont celle des dinosaures, n'ont pas parcouru plus de 2000 kilomètres. De plus, la nature de la couche 4000 indique qu'ils sont arrivés encore très chauds après leur périple. Aucun cratère connu ne correspond à cet impact. Or, il devrait être très grand, sauf si le corps a rasé la surface, ce qui semble incompatible avec le fait que des restes de fond océanique font partie des fragments retrouvés. Enfin, aucun quartz choquéquartz choqué, signature d'un impact puissant, ni matériau d'origine extraterrestre ne sont inclus dans la couche 4000.

    Mais ces arguments, même s'ils sont bons, peuvent tous être discutés. L'impact d'une comètecomète implique-t-elle nécessairement un pic d'iridium et de spinelles nickélifères ? Sait-on parfaitement modéliser l'impact d'un tel bolidebolide, en fonction de son angle d'impact et de sa composition ? En face, les faits sont têtus. Le plus dur à expliquer reste la présence d'une faunefaune antarctiqueantarctique au Moyen-Orient, en Europe et en Asie centrale. Quant à l'absence de matériau extraterrestre et de quartz choqué, la géologue annonce une surprise dans une prochaine publication.

    Si l'hypothèse se révèle exacte, elle obligera bien sûr à revisiter quelques grands mythes de l'humanité, comme l'Apocalypse ou le Déluge. Car les civilisations de époque, qui rassemblaient 30 millions de personnes, ont dû être frappés par cette pluie de matièrematière brûlante, probablement suivi d'un voile noir persistant durant des mois...